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- Style : The Smiths

The HOUSE OF LOVE - (the Butterfly Album Ou Fontana) (1990)
Par SEIJITSU le 3 Décembre 2016          Consultée 3035 fois

Des albums. Des tas d’albums. Et de grands albums, qui plus est. Le début des années 1990 fut la promesse d’un avenir musical radieux grâce à la kyrielle de grandes sorties atterrissant chaque mois dans les bacs des disquaires. Cela entraîna toutefois un effet pervers : les disques seulement excellents finissaient oubliés et certains chefs-d’œuvre passaient même à la trappe !

A vrai dire, cet événement a surtout bénéficié aux Américains qui proposaient à cette période le grunge, le hip-hop et le metal. Les Anglais étant obligés de se faire tout petits à cause de la puissance de feu Yankee qui déboulait d’un seul coup.
C’est triste à dire, mais le rock britannique a loupé le coche. Dans les discothèques idéales, c’est toujours les mêmes noms qu’on voit défiler (Violator, Loveless, Blue Lines, Screamadelica…) et ils sont en minorité comparés aux natifs du pays de l’oncle Sam. Une situation injuste car les Britons n’avaient rien à leur envier, ils ne jouaient tout simplement pas sur le même terrain. Plus subtils, plus profonds et plus romantiques aussi, THE HOUSE OF LOVE représente bien l’attitude et le son que pouvait avoir la musique pop rock de l’autre côté de l’Atlantique. Et l’ouverture de leur "Sophomore album" pourrait être leur manifeste. En plus d’être un de leurs sommets.

"Hannah" est absolument magnifique. Un rêve éveillé démontrant une nouvelle fois que Guy Chadwick et ses compères furent touchés par cette même grâce qui contaminait la production discographique d’un paquet de groupes de cette époque. Sur un arpège psychédélique, éthéré et obsédant du génial Terry Bickers, Chadwick chante des paroles mystérieuses dans une ambiance qui l’est tout autant… Jusqu’à ce que la batterie et la basse s’emballent brusquement pour envoyer le morceau dans les cieux. Ce passage est peut-être bien celui où l’influence post-punk de la bande se fait le plus flagrant. Au point qu’on croirait entendre les CHAMELEONS à l’instant où Bickers dégaine sa guitare aux sonorités cristallines.

On aurait pu craindre que la migration de la Maison de l’Amour vers une major après leur départ de Creation altère leur créativité. Cela serait oublier que l’on est dans une ère où le rock alternatif atteint son premier climax, à la fois artistique et commercial, et que les Anglais ont su très bien en bénéficier. Surtout que commencer son nouvel opus avec une chanson lente et planante alors que le précédent s’ouvrait avec un hymne définitif, ça reste couillu.

Ce qui est encore plus jouissif, c’est que "Shine On" débarque d'emblée après et s’avère être également un tube immortel comme l’était "Christine". Que ce soit ses paroles poétiques, la guitare de Bickers (dont le solo est stupéfiant) et son refrain aussi terrassant que mémorable, "Shine On" a tout de la chanson pop parfaite. Sachant qu’il ne s’agit néanmoins que d’un réenregistrement d’un de leurs anciens titres, la crainte d’avoir du remplissage sur le reste de cet album au papillon (son surnom donné par les fans) est vivace. Pourtant, Fontana (les fans adorent les surnoms) s’avère tout autant remarquable que leur premier fait d’arme.
Entre une pop particulièrement accrocheuse ("I Don't Know Why I Love You", "Never", aussi bonne que "Shine On"), des folk songs d’une beauté envoûtante ("Beatles and the Stones", "Blind" ou "Somebody's Got to Love You" qui rend obsolète la majorité du travail de Leonard COHEN) et du rock teinté de psychédélisme ("Shake and Crawl", "32nd Floor" et son riff d’intro planant, les montagnes russes de « Se Dest »)… Les autres 4 garçons dans le vent (oups !) ont vraiment rendu une belle copie pour leurs examens de début de décennie.

Pour ne rien gâcher, la production est au poil. Très différente de leurs débuts puisqu’ils ont su bien profiter des moyens accordés par leur maison de disques. On perd la dimension légèrement noisy pour gagner une facette plus aérienne, même si on reste toujours dans le domaine du psychédélisme grâce au formidable boulot accompli par Terry Bickers. Un vrai guitar hero à l’image de Johnny Marr (rien que le rageur « In a Room » en est la preuve).

Toujours est-il que nous n’avons jamais failli avoir ce skeud tant sa conception fut l’objet de tumultes. Conflit sur le choix des producteurs, abus de drogue et d’alcool, problème d’égo. Bickers n’avait déjà pas apprécié de rejoindre une major, il vécut donc mal tous ces soucis qui le poussèrent finalement vers la porte de sortie après que le disque fut mis en boîte. Préférant s’envoler vers d’autres aventures plutôt que de subir des incompatibilités d’humeur avec Guy Chadwick et la pression des labels.

Forcément, on ne peut pas prendre cette grande réussite comme n’importe quelle autre. THE HOUSE OF LOVE avait sacrifié un de ses membres les plus importants pour réussir le difficile passage du second album ("Shine On" sera d’ailleurs leur single le plus vendu et le plus connu) et surtout, continuer sa carrière.
La suite ne pouvait que décevoir, car moins riche en anecdotes dignes de Voici. Parce que si le quatuor s’était séparé au sommet, il est évident qu’il serait reconnu comme une des plus grandes formations de la jangle pop et que sa place n’aurait pas été quelque peu oubliée dans les dictionnaires du rock.

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   SEIJITSU

 
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- Guy Chadwick (chant, guitare)
- Terry Bickers (guitare, chœurs)
- Chris Groothuizen (basse)
- Pete Evans (batterie)


1. Hannah
2. Shine On
3. Beatles And The Stones
4. Shake And Crawl
5. Hedonist
6. I Don't Know Why I Love You
7. Never
8. Someone's Got To Love You
9. In A Room
10. Blind
11. 32nd Floor
12. Se Dest



             



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