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1973 Sperrmüll

SPERRMüLL - Sperrmüll (1973)
Par WALTERSMOKE le 6 Décembre 2016          Consultée 1073 fois

Ah, le cas Sperrmüll. Sans parler d'injustice, voici sans-doute l'un des plus grands groupes de krautrock qui n'ont jamais été grands. En effet, les premiers aspects biographiques sont a priori éloquents : une existence s'étirant de 1971 à 1973 et un seul album studio sorti. En l'absence de précisions sur les membres de ce groupe au nom fort fleuri (qui veut globalement dire « déchet » en allemand), on voit très bien le genre de trajectoire : des potes qui ont décidé de former un groupe, signent avec une boîte pas trop exigeante, puis enregistrent un album tellement peu vendu qu'il pousse le groupe à disparaître. L'histoire de la musique, en somme.

Avec Sperrmüll, certaines données doivent cependant être changées. En fait de « boîte pas trop exigeante », le groupe parvient à signer chez Brain, soit the place to be pour un groupe de krautrock – avec Ohr aussi, certes. Alors oui, le nombre ahurissant de formations kraut pouvait laisser penser que Brain signait avec le premier venu, mais on parle ici d'une maison de disques spécialisée dans la découverte et l'exposition de formations underground, et qui exerçait à une époque où les labels accordaient plus de confiance aux artistes que de nos jours. Et puis, Brain en 1973, c'est déjà des albums cultes signés Cluster, Neu!, Guru Guru, Jane, Embryo et bientôt Klaus Schulze, on peut donc accorder une confiance quant à la capacité à dénicher le talent.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est réussi avec Sperrmüll. Le quatuor offre une musique neuve, intense et captivante sur son opus. Surtout, tout en restant dans les voies du rock, le groupe parvient à être suffisamment éclectique, au moins pour éviter la répétition lassante. On part ainsi sur du pop-rock à tendance folk ("Me and my Girlfriend") pour ensuite enchaîner sur trois compositions plus prog/kraut avant de finir sur deux pistes bien conventionnelles. Ce n'est pas la folie, la musique restant hétérogène, mais au moins Sperrmüll ne saurait être accusé de se répéter, surtout en l'espace d'un disque.

Sperrmüll, pour son premier album, sait donc se diversifier, mais surtout, sort une musique vraiment bonne, notamment pour un début de carrière. "Me and my Girlfriend" ouvre les hostilités avec une musique simple, répétitive mais suffisamment captivante pour ne pas laisser indifférent. Toujours dans un registre plus « pop-rock-friendly », "Land of the Rocking Sun" sonne plus krautrock, mais le refrain niais refroidit un engouement entre autres généré par le jeu flamboyant du guitariste Helmut Krieg. Enfin, "Pat Casey" voit Sperrmüll partir sur les routes du blues-rock, ce qui n'est pas pour me plaire à titre personnel, mais il faut admettre que ça reste de bonne tenue.

Pour les morceaux plus progressifs, Sperrmüll déploie son talent à proposer des morceaux relativement longs (7 minutes chacun) mais structurés de manière à ne pas ennuyer l'auditeur. Là encore, c'est la guitare de Krieg qui fait le café sur "Rising Up" et "Right Now", tandis que la section rythmique abat son travail tel un Paul Bunyan enthousiaste. Mais le vrai héros sur "No Freak Out", c'est le claviériste Peter Schneider, qui amplifie l'ambiance psychédélique sur les passages chantés, et s'empare du solo sur les passages instrumentaux avec une maestria que ne renierait pas Jon Lord, pour prendre une référence contemporaine de l'orgue.

Sperrmüll aurait donc pu commencer sur les chapeaux de roue avec un tel album. Bien entendu, ce n'est pas ici qu'on trouvera le meilleur (kraut)rock, mais pour un début, il y avait clairement du potentiel facilement décelable – malgré la qualité du son parfois pâteuse, sur No Freak Out en particulier. Mais des albums comme celui-là, le rock n'est composé que de ça (les formations cultes n'étant que des exceptions), et Sperrmüll, sans-doute pour les raisons habituelles, a raté le coche. Ce n'est donc pas une injustice ? Non, mais on a le droit de regretter une hypothétique suite des événements.

Note réelle : 3,5/5

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- Harald Kaiser (basse, chant)
- Helmut Krieg (guitares, mandoline, chant)
- Peter Schneider (claviers, synthés)
- Reinhold Breuer (batterie)


1. Me And My Girlfriend
2. No Freak Out
3. Rising Up
4. Right Now
5. Land Of The Rising Sun
6. Pat Casey



             



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