Recherche avancée       Liste groupes



      
POST MODERNE  |  B.O FILM/SERIE

L' auteur
Acheter Cet Album
 


B.O FILMS/SERIES

2001 The Very Best Of Michael Nyman...
 

- Style : Philip Glass , Steve Reich , Roger Eno
- Membre : Bande Originale De Film

Michael NYMAN - The Very Best Of Michael Nyman : Film Music 1980-2001 (2001)
Par AIGLE BLANC le 18 Décembre 2016          Consultée 2050 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Michael NYMAN est ni plus ni moins le compositeur contemporain britannique le plus réputé de sa génération. Il compte à son actif des Opéras, des Concertos et des Musiques de Chambre. Il cumule aussi d'autres charges comme celles de musicologue et s'inscrit dans le mouvement musical des Minimalistes aux côtés de ses confrères Philip GLASS et Steve REICH. C'est d'ailleurs à lui que l'on doit la paternité du terme 'minimaliste'.
Le cinéma est venu à lui en la personne de Peter Greenaway, réalisateur anglais iconoclaste, à la fois érudit, baroque et surréaliste, espiègle, amateur de chair humaine et de jeux non sensiques élaborés à base d'énigmes numéraires et alphabétiques. C'est avec le séminal Meurtre Dans Un Jardin Anglais (1982) que débute la collaboration entre le cinéaste et son compositeur attitré qui s'est poursuivie jusqu'aux abords des années 90.

Michael NYMAN n'a jamais ambitionné de devenir compositeur de musiques de films et Peter Greenaway ne l'a jamais traîté comme tel. Les contraintes de durée obligeant les compositeurs de B.O à segmenter leur musique en fonction des besoins de la scène, M. NYMAN n'en a cure et c'est tout à l'honneur de son ami P. Greenaway de lui avoir laissé une liberté totale de création. Il est même arrivé que le réalisateur anglais adapte la durée d'une scène à celle de la composition, chose complètement impensable à Hollywood où le compositeur n'est qu'un tacheron juste bon à aligner des kilomètres de musiques dans lesquels le réalisateur ensuite tranchera sous la direction de son monteur afin de gérer au mieux le rythme du long-métrage.
Cette liberté inhabituelle de création musicale dans l'économie du septième art a une incidence directe sur l'écoute des B.O de Michael NYMAN. Ce qui frappe d'emblée, c'est le caractère atypique d'une musique qui ne sonne pas comme une musique de film. Cela génère un confort d'écoute fort appréciable dans la mesure où il n'est pas nécessaire d'avoir vu le film pour la goûter pleinement. Combien de musiques de films perdent une part non négligeable de leur intérêt voire de leur efficacité quand elles sont écoutées chez soi sans l'appui des images ? Vous me rétorquerez que les mythiques B.O de John WILLIAMS pour la saga Star Wars sont fort adulées. Mais s'il se trouve autant de fans de John WILLIAMS, est-ce que ce ne sont pas avant tout des fans des films de George Lucas ? Quand ils écoutent les B.O de Star Wars, ne sont-ce pas les images de la saga qui défilent surtout dans leur mémoire attendrie? Comment alors dissocier la musique et les films ? Si Star Wars n'avait pas trouvé son public, la musique de John WILLIAMS jouirait-elle aujourd'hui d'une telle aura ? Vous comprenez maintenant l'abîme qui sépare les deux artistes : d'un côté un musicien rôdé et tout entier dévolu au pouvoir des images (WILLIAMS), de l'autre un compositeur irréductible qui développe avant tout sa musique et non l'univers intrinsèque d'un film (NYMAN).
Par conséquent, les B.O de Michael NYMAN s'écoutent pour le compositeur et non pour le film qu'elles accompagnent. Cela entraîne un inconvénient réel : indépendantes et irréductibles, ses musiques très personnelles, à force de s'affranchir des codes du film, en deviennent interchangeables. La musique de Wonderland n'aurait-elle pas pu servir aussi le film La Leçon de Piano, son plus gros succès public ?

La musique de M. NYMAN se prête idéalement à un Best Of. Cette compilation, comme l'indique son titre, couvre la période 1980-2001, soit la plus créative de son auteur. Comportant 39 titres répartis sur deux galettes, elle prend le temps d'exposer les compositions, n'hésitant pas si besoin est à accorder tout leur espace aux 12 minutes du "Memorial" (Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant) et aux 9 minutes du titre "The Burning" (film éponyme).
Le choix judicieux de l'ordre chronologique permet de mettre en évidence l'évolution du style, notamment de faire sentir la cassure entre la période Peter Greenaway et celle qui lui succède.

La période Peter Greenaway (titres 2 à 10 de la galette 1) se caractérise par une osmose totale entre l'esprit obsessionnel des images et la musique. Alors que les films Meurtre Dans Un Jardin Anglais (1982), ZOO (1985), Drowning By Numbers (1988), Le Cuisinier, le Voleur, sa Femme et son Amant (1989) voient se télescoper l'Ancien et le Moderne dans une geste artistique d'une érudition moqueuse qui n'a d'égale que le délire baroque d'un cinéaste génialement ludique, la musique de Michael NYMAN joue avec une frénésie narquoise la carte du pastiche, empruntant tour à tour à HANDEL ("Chasing Sheep Is Best Left To Shepherds"), à BIBER et à MOZART("Time Lapse"), à PURCELL ("Memorial"), poussant le faux-semblant à un degré de folie proprement époustouflant. Ce n'est certes pas une musique tranquille comme on aurait pu l'attendre de ces nombreux emprunts classiques ; au contraire, le Michael Nyman Band, sous la direction de son chef, interprète ces compositions sur le fil du rasoir, dans un lâcher-prise permanent qui met chaque instrumentiste au bord de la rupture et du déséquillibre. Du souffle et de la dextérité, de l'inconscience aussi, il ne faut pas en manquer quand on joue "Angelfish Decay" où les violons frénétiques se donnent jusqu'au vertige. La musique de Michael NYMAN exige un investissement physique de chaque note, le principe de répétition d'un motif jusqu'à vriller les tympans rendant l'exercice encore plus ardu quand il faut assurer la transition inopinée autant que brutale d'une variation d'intensité ou d'octave, d'autant que ces mélodies qui filent comme une toupie sont exécutées en choeur.

La période post Peter Greenaway (titres 11 à 19 + toute la seconde galette) voit un changement radical d'humeur musicale. Que ce soit pour Patrice Leconte (Monsieur Hire et Le Mari de la Coiffeuse), pour Jane Campion (La Leçon de Piano), pour Volker Schlondorf (Le Roi des Aulnes), pour Michael Winterbottom (Wonderland et The Burning), pour Neil Jordan (La Fin d'Une Liaison), Michael NYMAN a enfin laissé libre court à un lyrisme étonnant que Peter Greenaway, avec ses films ultra cérébraux et référentiels, semblait avoir corseté et réduit à néant jusqu'à tuer toute once de sentimentalité.
Il y eut bien sûr la palme d'Or méritée de La Leçon de Piano, et le joli succès de sa B.O qui offrit au compositeur anglais sa première reconnaissance populaire. Et quelle musique ! Romantique, tourmentée, lyrique, désespérée, onirique : elle a rejoint depuis le palmarès des plus belles réussites aux côtés entre autres du célèbre Mission d'Ennio MORRICONE. Il était légitime que ce Best Of en proposât 4 extraits, tous magnifiques : "Here To There", "The Heart Asks For Pleasure First", "All Imperfect Things" (un des sommets de l'oeuvre nymanienne) et "Dreams Of a Journey".
Il est toutefois regrettable que ce succès ait fait de l'ombre aux travaux ultérieurs de leur auteur, notamment sa B.O de Wonderland au lyrisme et à la sensibilité exacerbés, l'une des plus fortes expériences émotionnelles qu'une musique de film ait provoquée en moi. Ici, le compilateur Declan Colgan ne s'y est pas trompé en en sélectionnant 4 titres, à égalité donc avec La Leçon...
Il était quasiment impossible de se procurer les B.O de Monsieur Hire et du Mari de la Coiffeuse, les deux superbes films de Patrice Leconte. Justice leur est donc rendue dans le présent recueil, à travers 3 compositions ("Peeking", "Abandoning" et "Skirting") où Michael NYMAN, loin du lyrisme échevelé de La leçon de Piano ou de Wonderland, déploie des trésors d'émotion retenue et effleure la beauté irradiante et mystérieuse du fameux "Quatuor pour Piano opus 45" de Gabriel FAURE. Ce qu'il a composé de plus délicat, de plus pudique... et peut-être de plus bouleversant.

Ce Very Best Of est un indispensable pour qui veut découvrir le grand Michael NYMAN.

A lire aussi en MUSIQUE CONTEMPORAINE par AIGLE BLANC :


Zbigniew PREISNER
La Double Vie De Veronique (1991)
Une B.O éblouissante




Ennio MORRICONE
Il Etait Une Fois Dans L'ouest (1969)
La b.o. iconique des westerns italiens


Marquez et partagez





 
   AIGLE BLANC

 
  N/A



- The Michael Nyman Orchestra (orchestre)


1. Bird List
2. Chasing Sheep Is Best Left To Shepherds
3. An Eye For Optical Theory
4. Homage To Maurice
5. Angelfish Decay
6. Time Lapse
7. Trysting Fields
8. Wheelbarrow Walk
9. Knowing The Ropes
10. Memorial
11. Skating
12. Peeking
13. Abandoning
14. Skirting
15. Miranda Previsited
16. Here To There
17. The Heart Asks For Pleasure First / The Promise
18. All Imperfect Things
19. Dreams Of A Journey

1. Escape
2. Fly Drive
3. The Infinite Complexities Of Christmas
4. If
5. Abel Carries Ephraim
6. Becoming Jérôme / God's Hands
7. The Morrow
8. The Other Side
9. The Departure
10. Convening The Coven
11. Stranger At The Window
12. Cannibalfantasy
13. Molly
14. Eddie
15. Dan
16. Eileen
17. Sarah Dies
18. The End Of The Affair
19. The Shoot-out
20. The Burning



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod