En 2003, les Australiens de JET, originaires de Melbourne, sortaient Get Born leur premier album. La seconde plage « Are You Gonna Be My Girl? » a fait un carton dans les charts un peu partout dans le monde, sauf en France, ce qui est bien normal puisqu'on parle de rock. La chanson a servi à des pubs pour Apple, des jeux video Bref, le groupe décrochait la timbale avec cette chanson absolument irrésistible. Le hic, parce qu'il y en a un, c'est que le morceau rappelle forcément un peu trop le « Lust For Life » d'Iggy POP pour s'apprécier pleinement sans arrière-pensées parasites et coupables. Cette ligne de basse, ce rythme entraînant à la batterie, ce riff, il n'y a pas photo, normalement en répèt, quand on fait tourner un truc comme ça tellement proche d'un classique pendant plus de cinq minutes, on s'arrête, on rigole et on passe à autre chose. On se dit qu'on ne peut décemment pas oser.

JET a osé. Et bien leur en a pris parce que le morceau s'émancipe ensuite suffisamment pour exister par lui-même. Pour sa défense moyennement convaincante, le chanteur prétextera que le groupe se serait davantage inspiré de tubes 60s de la Motown tels que « I'm Ready For Love » de MARTHA AND THE VANDELLAS et « You Can't Hurry Love » des SUPREMES que de la chanson de l'iguane. Interrogé par le groupe, Iggy aurait lui-même haussé les épaules en disant que c'est précisément à ces sources-là que lui et BOWIE se seraient abreuvés en composant « Lust For Life ». Allez, on ne va pas en faire un scandale diplomatique, le morceau est killer et même un vieux routard comme Alice COOPER le citait il y a quelques années dans son top 10 des meilleures chansons de tous les temps. Et puis fuck, tout le monde pompe tout le monde, c'est bien connu.

Non, le vrai souci, c'est que JET a trop osé en jouant à ce petit jeu-là sur tous les titres de l'album et forcément, ça devient un peu suspect à la longue. Invitez quelques amis à dîner et passez le skeud en fond sonore (après avoir fait semblant de baisser le volume deux fois comme il se doit pour répondre aux injonctions de la maîtresse de maison) et attendez les réactions, c'est un jeu assez rigolo. « Ah, dis donc, ça fait très BEATLES ton truc, là », « Hé, les mecs, elle vous fait pas penser à Wild Horses des STONES celle-là ? ». « C'est pas une reprise des KINKS, là ? », « C'est quoi le titre ? « Cold Hard Bitch » ? C'est genre la meilleure chanson qu'ait jamais écrite AC/DC après Back in Black, non ? Avec Keith Moon à la batterie ». Même les plus jeunes peuvent jouer : « C'est moi ou c'est déjà la deuxième qui sonne comme du OASIS pur jus ? », « J'ai l'impression que l'album de The VERVE a aussi été distribué en Australie ». Et ainsi de suite. Je vous jure, ça vaut une partie de Time's Up.

Oh, ça n'est pas déplaisant pour deux sous, il y a de très jolies choses, les mecs sont doués et animés d'une belle fougue (pondez-moi une dizaine de tueries comme « Cold Hard Bitch » et je serai votre plus grand fan, promis) mais ça fait tellement « Anthologie du rock pour les nuls » qu'on cherche encore la réelle identité du groupe. JET a de plus eu le malheur d'arriver après toute une vague de rétro-rockers commençant par « The », The STROKES, The WHITE STRIPES, The VINES, The HIVES et j'en oublie trois douzaines. La coupe était pleine. L'ironie, c'est que dans l'efficace « Rollover DJ », le narrateur de la chanson se plaint que le Disc Jockey tire la couverture à lui en jouant les morceaux des autres. Sérieux, les gars ? Il y a un potentiel évident mais il faudrait vraiment nous montrer votre vrai visage la prochaine fois.