C’est bien connu, c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes. Un adage qui sied à merveille pour caractériser la musique des Rebel Duck, jeune quatuor suisse de hard rock originaire du canton de Neuchâtel qui nous gratifie là de son tout premier album. Passés les préliminaires avec cette présentation en bonne et due forme, passons sans tarder à la vitesse supérieure en examinant d’un peu plus près le contenu de cette galette.

Tout d’abord, prenez un peu d’énergie brute à la AC/DC, saupoudrez-la de groove à la GUN'S N’ROSES/AEROSMITH avant d’y ajouter une bonne pincée de glam chère à MÖTLEY CRÜE ou encore POISON et vous aurez déjà une bonne idée de ce à quoi peut ressembler le son de ces Helvètes lookés façon cuir et Ray-Ban. Premier constat : la production sonore est très propre ; chacun des instruments étant très audible, y compris la basse (ce qui n’est pas toujours le cas dans ce style), contribuant ainsi à développer une section rythmique puissante et carrée sur laquelle les guitares viennent greffer des riffs entraînants qui donnent irrémédiablement envie de taper du pied et de chanter les « Woooohooohohoho » et autres nombreux chorus qui parsèment les dix titres de ce disque. Niveau composition, c’est plutôt bien troussé et punchy, avec un réel effort de travail sur les lignes vocales et le côté catchy des refrains, que l’on se surprend à fredonner dès les premières écoutes. Les paroles n’étant pas disponibles dans le livret, je ne pourrai vous faire une analyse très poussée des textes d’un point de vue sémantique mais je vous rassure, pas besoin d’être un expert de la langue de Shakespeare pour comprendre que les thèmes de prédilection tournent sans équivoque autour de la fête, des filles, du rock’n’roll way of life et tous les gimmicks que cela implique (On Stage Tonight ; Hard Rock City ; Bad Girl ; Candy Shop, etc.). On imagine sans peine les membres du groupe sur scène, luisants de sueur, jouant devant un public de groupies totalement hystériques.

Histoire de faire un parallèle cinématographique, j’aurais pour ma part totalement vu ce groupe faire une apparition dans le film Rock Of Ages (Rock Forever pour la traduction française), sorti en 2012, où Tom Cruise incarne à la perfection une rock star charismatique et débauchée. La musique proposée par nos amis suisses est d’ailleurs extrêmement proche des tubes qui figurent sur la bande originale et qui sont depuis longtemps entrés au panthéon du hard rock.

Autre détail d’importance à signaler pour un groupe évoluant dans ce style, se soumettre à l’exercice délicat de la “ballade” rock. Défi relevé avec l’excellente Snow White, où le piano en début de morceau allié à la lead guitare rappelle un peu ce que pouvait proposer le SAVATAGE des grandes heures, sans toutefois atteindre le niveau d’émotion et de sensibilité de la formation des frères Oliva. Sachons rester totalement objectif car on demeure ici bien plus proche de leurs compatriotes de Gotthard ou encore Shakra, qui excellent aussi tous deux dans cette épreuve.

En clair, le Canard Rebelle nous propose là un premier album prometteur, contenant tout ce que l’on attend d’un bon album de hard rock et qui plaira autant aux jeunes amateurs de riffs énergiques qu’aux vieux briscards nostalgiques des années 80, où les BON JOVI, SCORPIONS, DEF LEPPARD et autres MÖTLEY CRÜE rule(aient) the world. Un talent à suivre, tout simplement.