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Clarence EDWARDS - Swamps The World (1999)
Par LE KINGBEE le 26 Janvier 2017          Consultée 1082 fois

Clarence EDWARDS fait partie des grands oubliés du Swamp Blues, n’ayant enregistré que très tardivement. Clarence nait en 1933 à Lindsay, un bled paumé au nord de Baton Rouge. Issu d’une famille nombreuse (12 frères et une sœur), il maîtrise la guitare dès 12 ans, instrument qu’il apprend en autodidacte en écoutant des disques sur le Gramophone de ses grands parents. Durant les fifties, il se produit dans les bouges de Louisiane et du Mississippi avec son frère Cornelius. Il lâche très vite la guitare acoustique pour se mettre à l’électrique pour une raison très simple, on n’entend guère sa guitare dans les tavernes beuglantes où il se produit. C’est donc dans un environnement aussi rural que pauvre que Clarence fait ses gammes, intégrant avec son frère The Boogie Beats puis The Bluebird Kings.

Contrairement à ses grands voisins (Slim Harpo, Lightnin’ Slim, Silas Hogan, Lazy Lester), sa route ne semble jamais avoir croisé celle du producteur JD Miller, patron du label Excello et accessoirement sympathisant du Klan. En 1959, il enregistre pour la première fois une poignée de titres sous la houlette de l’ethno-musicologue Harry Oster en compagnie de Cornelius et du fiddler Butch Cage. Ces faces paraitront sur le disque « Country Negro Jam Session » publié en 1960 par Folk- Lyric. Durant les années 70, Clarence enregistre de nouveau une dizaine de faces qui seront disséminées dans diverses compilations Storyville, Arhoolie. La musique ne nourrissant pas son homme, Clarence travaille dans une casse automobile pendant près de trente ans le jour et joue le soir. A la fin des seventies, le guitariste pianiste Tabby Thomas décide d’ouvrir un Club à Baton Rouge, le Tabby Box Blues, lieu où viennent s’agglutiner tous les bluesmen de Louisiane. Après l’arrêt du label Excello, la vague Disco avait asséché tous les juke-joints de la région, ce nouveau haut lieu allait permettre à de nombreux bluesmen louisianais de pouvoir remonter sur les planches. Le Tabby Box Blues deviendra au fil des ans une escale incontournable des circuits touristiques, l’acteur Paul Newman et le Boss Bruce Springsteen en deviendront des habitués. C’est dans cette place forte du Swamp Blues que Clarence fait son grand retour. Le guitariste est alors redécouvert et, managé par un jeune producteur Stephen Coleridge, intègre peu à peu les affiches des grands festivals.

Enregistré en deux jours en février 1990, « Swamps The Words » paraît initialement sur le label Sidetrack de Stephen Coleridge la même année. Malgré une qualité indéniable, le disque reste bien sûr ignoré du grand public, mais trouve un retentissement auprès du cercle fermé des amateurs de Swamp Blues, registre tombé en désuétude suite aux décès de ses principales vedettes. Pas (ou mal) distribué en Europe, le disque est vite épuisé mais connaît une seconde vie par le biais d’une réédition anglaise via le label Red Lightnin’. En 1999, le label Blues Factory réédite l’album, agrandissant sa série « Road To The Blues ».
« Swamps The Word » propose une immersion brutale dans le monde du Swamp Blues. Le répertoire se rapproche de Lightnin’ Slim avec une tonalité rurale cependant beaucoup plus moderne, n’oublions pas que ces sessions ont été enregistrées pratiquement vingt ans après les derniers enregistrements du Grand Maître. Epaulé par un excellent petit combo rompu aux scènes louisianaises, le chant de Clarence Edwards se fait souvent grondant, déclamatoire et vient napper par son épaisseur le phrasé de guitare minimaliste mais capable de tranchant et de redoutables fulgurances. La section rythmique s’avère souple mais néanmoins puissante quand le besoin s’en fait sentir. D'emblée, les rondeurs de la basse de A.G. Hardesty (futur James Cotton, Fenton Robinson, Charlie Musselwhite) et les baguettes de Lester « Pick » Delmore (ex Raful Neal, Rudi Richard et futur Larry Garner) posent de solides fondations pouvant faire face à tout type d’ouragan.
Les esprits grincheux trouveront probablement que le faible nombre d’originaux (3) nuit à l’album. Mais après avoir attendu pendant près de trente ans pour enfin pouvoir graver un disque, le guitariste pouvait tout de même se faire plaisir. Parmi ces compo « I Want Somebody » nous entraîne vers un virevoltant Rockin’ Swamp, bien emmené par l’harmonica et les touches de piano d’Henry Gray. A contrario, « I’m Your Slave » et « Lonesome Bedroom Blues », plus sombres, renvoient au répertoire torturé de Lonesome Sundown et à la ruralité de Lightnin’ Slim.
Parmi les 15 reprises, on compte un bon nombre d’inusités issus du terroir des bayous : « Stop Down Baby », « Rocky Mountains » dans lequel le violon de Michael Ward (futur Wynton Marsalis, Buddy Guy ou Clarence « Gatemouth » Brown) conforte une coloration nostalgique. L’humoristique « Chewing Gum » est un prétexte à un Swamp Rock débridé mais bien groovy.
Edwards rend un hommage appuyé à Eddie Jones alias Guitar Slim à trois reprises : deux versions acoustiques « Driving Wheel » dans une approche à la Silas Hogan et « Done Got Over It » dans lequel il est simplement secondé par le violon. Enfin « Things I Used To Do » qui donne les meilleurs rôles au piano et à l’harmonica dans une version où tous les arômes de la Nouvelle Orleans disparaissent au profit d’un fumet digne des meilleurs gumbos.
Au rayon des reprises échappant au répertoire de la Louisiane et de ses marécages, nous retrouvons « Let Me Love You » enregistré par Buddy Guy pour Chess (en réalité, une compo de Willie Dixon), le célèbre « Walking The Dog » succès de Rufus Thomas dans lequel l’harmonica et la guitare enlèvent toute velléité staxienne. Le guitariste nous offre une escapade sur les bords du Delta avec l’émouvant « Still A Fool », hit de Muddy Waters, Edwards se permettant une escale avec une première partie de morceau exécutée en acoustique et une seconde en électrique. Parmi les autres réussites, citons « Born With The Blues » (Buster Benton) dans lequel le chant traînant typique des bayous se démarque de l’original, « Coal Black Mare » (Arthur « Big Boy » Crudup) porté par le piano d’Henry Gray et enfin « Hoochie Coochie Man » œuvre de Willie Dixon popularisée par Muddy Waters nous expédiant dans le Chicago Blues mid fifties.

Clarence Edwards n’a que peu et trop tardivement enregistré, mais « Swamps The Word », une métaphore visant les bayous, demeure un album sincère, enregistré sans fioriture, proposant un répertoire varié alliant la nonchalance sudiste et la puissance parfois ténébreuse d’un guitariste. L’un des derniers disques de Swamp Blues.

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- Clarence Edwards (chant, guitare)
- Anthony 'big G' Hardesty (basse)
- Lester 'pick' Delmore (batterie)
- Harmonica Red (harmonica)
- Michael Ward (violon)
- Henry Gray (piano)
- Bill Guess (piano 11)
- Bruce Lamb (percussions)
- Mike Shepherd (percussions)
- Stephen Coleridge (percussions)
- Ronnie Houston (frottoir 17)


1. Stoop Down Baby.
2. Rocky Mountains.
3. Chewing Gum.
4. I'm Your Slave.
5. Driving Wheel.
6. Walking The Dog.
7. Still A Fool.
8. Lonesome Bedroom Blues.
9. Done Got Over It.
10. Let Me Love You.
11. I'm The One.
12. I Want Somebody.
13. Born With The Blues.
14. Coal Black Mare.
15. Things I Used To Do.
16. Hi Heel Sneakers.
17. Hoochie Coochie Man.



             



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