Il y a des artistes qu'on aimerait voir sortir des œuvres plus souvent, même si chez eux la qualité n'est pas fonction linéaire de la quantité. Prenons par exemple Rose Elinor Dougall. L'ex-membre du groupe The Pipettes s'est lancée en solo en 2010, avec un premier album pas mauvais, et si l'on exclut les EP sortis en 2012 et 2013, il aura fallu attendre 7 ans pour qu'elle sorte un nouvel opus. Une longue attente d'autant plus dommageable que son nouveau disque, Stellular, est un album de grande qualité. Mieux, on pourrait même dire qu'il s'agit de l'un des meilleurs opus sortis au premier trimestre 2017. La recette est pourtant des plus classiques : une voix relativement agréable à l'oreille, une orientation pop calibrée pour plaire (mais sans racoler), une production plus que correcte... Rien de bien folichon et surtout d'original a priori. Mais faire simple ET bon n'est pas à la portée de tous, et la musique contient suffisamment de cas d'école pour le prouver. Et Dougall, elle, sait comment ne pas faire partie de tous ces artistes ayant complètement raté le coche.

Stellular (joli titre d'album au passage), c'est avant tout un déluge de chansons d'une efficacité redoutable. Rose Elinor Dougall se permet notamment de balancer dès la première piste la meilleure chanson de l'album, "Colour of Water". Pour accompagner une voix des plus belles, une musique pop-rock aux accents éthérés débarque, et s'impose sans provoquer une once de sentiments négatifs. La chanson tire un peu en longueur toutefois, elle aurait gagné à être un poil rabotée, mais le simple fait qu'il s'agisse du seul véritable défaut en dit long sur "Colour of Water". Mais après ça, ce n'est pas fini ! Le morceau-titre, déboulant pied au plancher, démarre comme n'importe quel morceau pop-rock, avant de dériver vers quelque chose de plus atmosphérique, avec l'arrivée du chant et des claviers. Et autant dire que c'est très beau à entendre, tout en restant énergique et dansant. Il n'est même pas étonnant que la chanson ait été choisie comme single promotionnel.

Ce qui est surtout remarquable avec Stellular, c'est sa diversité. En effet, si Colour of Water donne une impression d'un album entièrement dominé par l'indie pop, Dougall se permet tout de même quelques incartades. "Closer" tire en effet plus sur une pop plus « standard », et "All at once" va carrément sur les terres de l'électro pop avec aisance. Tous ces morceaux sont cependant liés par une seule et même constante, à savoir la voix de Rose Elinor Dougall. Quel que soit le registre, il apparaît que non seulement la chanteuse a une belle voix, mais aussi qu'elle sait en faire ce qu'elle veut, du moins dans le méta-genre pop. Quant à la musique, outre une production honnête, elle offre des compositions mettant en valeur le chant tout en étant de haute facture dans l'absolu – et variée, donc.

Stellular fait donc partie des albums à retenir en ce début d'année. Bien évidemment, c'est encore trop tôt pour l'envisager dans un top musical, sans compter que l'album comporte ses faiblesses : "Answer Me" est franchement banale, et en dehors de "Wanderer", le dernier tiers de l'album est de loin le plus oubliable, bien que réussi. Un défaut loin d'être mineur, mais tout aussi loin de grever la qualité globale de l'ensemble. En résumé, Stellular, c'est du presque tout bon.