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- Membre : The Beatles , Harry Nilsson , Rick Derringer

Ringo STARR - Beaucoups Of Blues (1970)
Par MARCO STIVELL le 18 Mai 2025          Consultée 372 fois

En voilà une surprise ! Autant l'année 1970 a plutôt mal démarré pour Ringo STARR, avec un premier album solo, Sentimental Journey, très jazz (la musique dont il jouait au moment de rencontrer les BEATLES), mal accueilli par la presse mais qui a tout de même grimpé aux 7ème et 22ème places des charts, respectivement en Grande-Bretagne et aux U.S.A. Plus tard dans l'année, au début de l'automne, son deuxième opus se voit publié et il s'agit, figurez-vous, de country.

Le jeu est bien mené, on avait presque fini par oublier que le brave Ringo, vite devenu fana de cette musique, était responsable de l'orientation des BEATLES en la matière, sur les morceaux concernés. Une fois le groupe séparé, alors que Mister Starkey est présent auprès de George Harrison durant l'enregistrement de son monolithique All Things Must Pass, il rencontre Pete Drake, grand musicien qui réside à Nashville, alias Guitar Town ou Temple de la Country, et qui a notamment travaillé avec Bob DYLAN pour l'album qui porte le nom de la ville et de ses gratte-ciels justement, un de ceux où le Zim chante le mieux/le plus proprement.

De leur amitié nouvelle ressort l'envie de faire un album célébrant leur passion commune pour la country music. Au début, Ringo veut enregistrer à Londres et envoyer le tout en production à Drake, mais celui-ci lui propose gentiment de venir prendre place à Nashville, en juin et de mettre le tout en boîte avec des musiciens hors-pair. Une aubaine qui réunit donc nos deux compères avec des noms bien connus du milieu, le pedal-steel guitariste Ben Keith (remarquable auprès de Neil YOUNG au même moment), le contrebassiste Roy Huskey, le multi-instrumentiste Charlie McCoy ainsi que le batteur Buddy Harman.

Batteur ? Oui, car croyez-le ou non, Ringo, qui se plait bien au chant et même à la guitare acoustique, ne joue pas un instant des baguettes ici, du moins sur l'édition basique de Beaucoups of Blues sortie en septembre 70, moins de trois mois après l'enregistrement. Il est donc remplacé par Harman mais aussi par un certain D. J. Fontana qui s'avère être le premier batteur réellement connu de Elvis PRESLEY, depuis 1955 quand son groupe s'appelait encore BLUE MOON BOYS, et pour treize années ensuite.

Ce n'est pas tout, en ce qui concerne l'entourage du King, les choeurs superbes des Jordanaires sont de la partie pour épauler Ringo sur la plupart des morceaux, et l'ingénieur du son ici n'est autre que Scotty Moore, fabuleux guitariste qui a aussi marqué l'histoire du rock'n'roll en étant au bon endroit, au bon moment. Pour l'anecdote, plus de trente années plus tard en 2001, lui et Fontana joueront une nouvelle version de "That's All Right, Mama" en compagnie d'un ex-BEATLES qui ne sera pas Ringo mais Paul McCARTNEY.

Voilà pour le background. Pour le contenu, maintenant, Beaucoups of Blues, album très connoté certes mais beaucoup mieux accueilli que son prédécesseur par les critiques, l'entourage même (John LENNON dira qu'il ne s'est pas senti autant embarrassé que pour Sentimental Journey et que c'est un beau travail !), hélas moins par le public qui n'y croit pas vraiment, même aux Etats-Unis. Une belle injustice, car non seulement le plaisir de Ringo à chanter de la country avec un si bon accompagnement est palpable, mais en plus il nous en donne, clairement. Sa voix s'affine, il a bien gagné en maturité, même si c'est pour des bluettes adolescentes saupoudrées de fiddle guilleret ou de pedal-steel miaulante. D'emblée, c'est un de ses meilleurs albums solo.

Le morceau éponyme est un trois temps typique en ballade, et d'ailleurs la reprise de "Let the Rest of the World Go By", dernier titre de Sentimental Journey, avait annoncé cette couleur. Rimshot, dobro, fiddle, harmonica de McCoy et choeurs des Jordanaires, tout est pesé et a de quoi convaincre. À noter, différence fondamentale avec la galette précédente là encore, que c'est une composition créée récemment et intégrée à un catalogue nashvillois de divers auteurs dans lequel a puisé Pete Drake, comme pour toutes celles de l'album.

Naturellement, la ballade est prédominante, tour à tour nostalgique ("Love Don't Last Long"), crépusculaire ("Without Her", fantastique avec sa petite insistance lacrymale de fin, "I Wouldn't Have You Any Other Way") ou alors avec de l'allant comme "Woman of the Night" où fiddle et harmonica font joliment corps. Au chant, Ringo joue la carte du falsetto sur "I'd Be Talking All the Time", du crooner léger sur "Love Don't Last Long", du duo équilibré avec la chanteuse Jeannie Kendall (du duo The KENDALLS qu'elle tient avec son père Royce, très en vue à l'époque), et c'est vraiment très chouette.

Ceux que la country énerve ou rend sceptiques devraient peut-être offrir une paire d'oreilles à ce disque, car ce n'est pas celui d'un ténor du genre, mais de quelqu'un qui se prête bien à l'exercice, avec une voix, une modestie et un dosage appropriés. Ouf, STARR parvient à éviter le démon du doublage de piste chantée à l'unisson pour contrer un manque d'assurance que l'on voit déjà beaucoup moins ; seule la fin de "Coochy Coochy", premier morceau bonus (en 1995) par ailleurs plus fiévreux, excellent, est concernée. Il se réessaie même un peu au scat, toujours bref mais beaucoup plus convaincant ici sur la fin de "$15 Draw", où refluent des souvenirs d'enfance.

Par rapport à un "Fastest Growing Heartache in the West" très 'easy-listening' dans la country, on se laisse conquérir sans trop de mal par "Loser's Lounge", country-rock au bon riff de dobro couplé à la guitare électrique claire. Et il y a deux-trois ambiances plus riches et très sympa comme sur "$15 Draw" et surtout "Silent Homecoming", avec sa rythmique retenue, Ringo dans ses notes graves les plus élégantes. Un des meilleurs titres ici, tout comme, même s'il s'agit du second bonus, l'instrumental "Nashville Jam" qui tranche un peu dans le ton (ce pattern en boucle, ce violon qui s'incruste crème, etc). Ringo STARR n'est pas toujours là pour faire rire ou pitié, tant mieux !

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   MARCO STIVELL

 
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- Ringo Starr (chant, guitare acoustique)
- Chuck Howard, Charlie Daniels (guitares)
- Jerry Kennedy, Dave Kirby (guitares)
- Sorrells Pickard, Jerry Reed (guitares)
- Jerry Shook (guitares)
- Ben Keith, Pete Drake (pedal-steel guitare)
- Roy Huskey (contrebasse)
- Buddy Harman, D. J. Fontana (batterie)
- Jim Buchanan, George Richey (fiddle)
- Grover Lavender (fiddle)
- Charlie Mccoy (harmonica)
- The Jordanaires (choeurs)
- Jeannie Kendall (chant, choeurs)


1. Beaucoups Of Blues
2. Love Don't Last Long
3. Fastest Growing Heartache In The West
4. Without Her
5. Woman Of The Night
6. I'd Be Talking All The Time
7. $15 Draw
8. Wine Woman And Loud Happy Songs
9. I Wouldn't Have You Any Other Way
10. Loser's Lounge
11. Waiting
12. Silent Homecoming
- titres Bonus
13. Coochy Coochy
14. Nashville Jam



             



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