Ah tiens, c'est vrai ! Aucun membre en solo des BEATLES n'avait publié d'album de Noël jusqu'alors. Un beau matin de cette fin de siècle/millénaire, sous le sapin ou non, c'est sans doute ce que Ringo STARR a dû se dire et du coup, il a choisi d'en prendre l'initiative. Flanqué de ses musiciens désormais habituels, Mark Hudson en tête (co-producteur avec lui du projet), mais aussi Dean Grakal, Steve Dudas ainsi que du petit nouveau Scott Gordon venu seconder Jim Cox aux claviers, le voilà prêt à endosser le costume du Père Noël... ou pas.

I Wanna Be Santa Claus est le genre d'album 'ni fait, ni à faire'. Que Ringo retombe en enfance à la soixantaine proche, rien de mal à cela (c'est même naturel, passé un certain cap), mais même pour Noël – si, si – il y a de bonnes façons de le faire et cet opus n'en est pas une. À croire que mister Starkey est resté sur le petit nuage de Vertical Man (1998), quoique portant peu ses fruits en termes de ventes, et qu'il profite bien de sa parenthèse en or chez Mercury Records. Comble du hasard, celle-ci s'achève aussitôt après, sans aucune publicité ni performance commerciale notable, pour une fois justifiée.

Regardez cette pochette : comment y croire ? Puisqu'on parle des BEATLES, on sait que 'le plus grand groupe du monde', durant ses années d'existence, était en avance sur tout le monde – sauf les BEACH BOYS pendant un temps. Ici, Ringo a sans doute devancé de façon humble la folie des grandeurs d'un Elon Musk et sa vision idéale de la planète Mars. À l'époque, on pense encore – malgré ce qu'en a raconté Tim Burton - que ses habitants voisins de notre Terre sont des petits bonshommes verts qui font peur, mais de facto, eux aussi doivent avoir leur Père Noël, c'est vrai.

Au moins, il y a un mélange volontaire de standards et de compositions originales, mais, dans un cas comme l'autre, difficile de se raccrocher aux branches, surtout quand elles sont frêles. Un comble, surtout quand on voit encore le son massif de l'ensemble, la débauche de choristes employés (cette fois crédités seulement en 'various guests', pour faire rapide !). Pensé comme cool, toutes batterie-cowbell et partitions vocales 60's dehors, un "Winter Wonderland" ne parvient qu'à être ventripotent.

Ne parlons pas alors de "Rudolph the Red-Nosed Reindeer" trop rose bonbon, d'un "Blue Christmas" plus posé en ballade country mais anecdotique, sans oublier "White Christmas" dans une version reggae caribéenne (percussions locales à l'appui) parfaitement dispensable. Même Ringo ne semble pas tant y mettre du sien ; de plus, il permet à ses accompagnants masculins d'en ajouter niveau choeurs féminisants ridicules (n'est pas Elton JOHN qui veut), en particulier sur "Christmas Time (is Here Again)", reprise des BEATLES sur leurs albums fan-club dédiés à la Natalité. L'effet "La De Da" (hymne du disque précédent) sans doute, et d'autant plus regrettable que l'accordéon et l'orgue Hammond de Jim Cox y sont très sympas.

Du côté des compositions spéciales, passons vite sur ce "Come on Christmas, Christmas Come On" au shuffle massif et bourrin, partagé entre saxophone agressif et guitares saturées, de même que "Dear Santa" boîteux au possible, malgré ses montées de saxos à la "Lady Madonna". Quant à "I Wanna Be Santa Claus", elle est du genre traînante mais encore pas trop malaisante, contrairement à son clip spontané où Ringo, déguisé comme il faut (ou presque) et ami de tout le monde (espère-t-il), déambule dans un marché de Noël. Aucun passant adulte ne semble vouloir se tourner vers lui, et les enfants doivent avoir plus peur qu'autre chose : le Père Noël a un sourire figé, gesticule comme un pantin, porte de longs cheveux aussi noirs que son bouc simple et ses lunettes teintées.

Pour moindre mal, Ringo et sa bande n'ont heureusement pas raté "Little Drummer Boy", proposant une version intéressante, tribale et remplie de mini-breaks de batterie, quelque part entre les Indiens d'Amérique du Nord et l'Ecosse, puisque des cornemuses sont de la partie (idem d'ailleurs de "Christmas Time (is Here Again)". De même, "The Christmas Dance" se laisse apprécier pour son caractère New Orleans, clarinette et saxophones plus jazzy qu'ailleurs, même si l'on s'interroge sur le final pour quatuor à cordes valsé. Enfin, "Pax Um Biscum (Peace Be With You)" a la bonne idée de mélanger du latin dans la voix de Ringo et une ambiance indienne d'Inde vraiment cette fois. Si George HARRISON a pris la peine d'écouter ce disque, c'est un joli salut final (même si aucun ne le sait encore) de la part de son vieil ami.