Si la réputation du premier album du VELVET UNDERGROUND (le fameux disque à la banane) n’est plus à faire, il est dommage que son successeur reste encore et toujours dans l’ombre de ce dernier.
Car White Light/White Heat (le mal nommé) le surpasse sans problème avec son rock intellectuel et dégueulasse.

Encore plus crade, noir et violent. Il risque d’effrayer beaucoup de monde et d’en laisser plus d’un sur le carreau. Même NICO a préféré déguerpir et sans sa présence, on perd énormément de douceur dans ce monde de brutes mais qu’importe : White Light est un disque pour ceux qui aiment se faire mal.

Entre la pop déglinguée du morceau titre et l’histoire sordide et lancinante de « The Gift » (Lou REED et ses copains s’amusent même à trafiquer les possibilités de la stéréo pour rendre ce titre encore plus douloureux), il y a de quoi se sentir mal. « Lady Godiva's Operation » se décompose au fur et à mesure pour finir dans la folie pure avec cette sombre histoire de chirurgie mutilatrice.

Mais la première face n’est qu’un avant goût du cauchemar. « I Heard Her Call My Name » déboule sans prévenir avec son solo crispant à souhait et ses chœurs ironiques. Mais le point d’orgue c’est évidemment les 17 minutes de « Sister Ray », LA pièce maîtresse du disque (et du groupe). Plus d’un quart d’heure d’un rock bruitiste à rendre fou. La guitare de Lou se transforme en scie sauteuse et l’orgue de John CALE essaie tant bien que mal de se faire une place dans cette cacophonie. Un morceau extrême certes, mais qui ne tombe à aucun moment dans le bruitisme imbécile… Et qui influencera au hasard SONIC YOUTH ou comment faire de la musique différemment (on laisse de côté les mélodies et on se concentre sur la recherche sonore).

Bienvenue dans le monde merveilleux de Lou REED. Un monde où le bruit se transforme en musique. Et où la douleur devient source de plaisir.