A l'écoute de cet album, pas de longues tergiversations possibles. On a vraiment la sensation d'avoir affaire à un clone presque parfait de DAFT PUNK tellement le son y ressemble parfois jusqu'à s'y méprendre (la fameuse "French Touch" que tout le monde s'arrachait pendant un temps, jusqu'à l'opportuniste MADONNA). Une confusion est d'ailleurs demeurée s'agissant de la réalité du groupe JUSTICE qu'on disait être composé des membres de DAFT PUNK. Toutefois, si JUSTICE joue sur les mêmes sonorités, nous sommes en l'occurrence en présence d'un DAFT PUNK-like gavé aux anabolisants et en cela la différence est perceptible.

Mais la question que je me pose à l'écoute de tout ceci est de savoir quelle est la valeur ajoutée apportée ici par JUSTICE ? Fan des films de Dario Argento et des BO -parfois kitschs je le concède- des GOBLINS (les compositeurs Italiens des BO de la plupart des films de Dario Argento notamment, mais aussi de George Romero et de son fameux "Zombi") je n'ai pu en effet qu'assister au pillage du titre phare de la BO de "Ténèbres", célèbre giallo (sorti en 1982) du cinéaste Italien Argento, repris dans son thème principal sur "Phantom" et "Phantom part II". Soit près de huit minutes trente déjà assurées sans trop se casser la tête, dans lesquelles il s'agit de reprendre, sous diverses formes, le thème principal partiellement amputé de la musique de "Ténèbres", d'y ajouter quelques effets électroniques divers et de mélanger le tout avec un son electro à la DAFT PUNK (je simplifie un peu pour ceux qui n'ont jamais écouté un titre de JUSTICE). JUSTICE amoureux de Dario Argento ? Sans doute, puisque quelques notes au piano reprises, semble-t-il, de la BO de son film "Inferno" (composée par Keith Emerson) sont perceptibles sur la fin du titre "Genesis". Même problématique avec la mélodie du titre à succès "D.A.N.C.E", très funky, qui provient en partie de "Me Against the Music" de BRITNEY SPEARS - feat. MADONNA (d'ailleurs JUSTICE a remixé ce titre qui s'appelle "Me Against The Music (Justice Extended Mix)" sur l'album de cover B In The Mix - The Remixes). Soit quatre minutes supplémentaires dans la poche.

J'arrête ici la liste des emprunts à divers autres artistes. Si la plupart des auditeurs ne verront même pas toutes ces références, que ce soit par méconnaissance ou tout simplement par flemme, voire désintérêt d'aller creuser un peu, il faut dire que la vision de tout ceci a pour fâcheuse conséquence d'écorner quelque peu la portée créative de JUSTICE. Et de diminuer corrélativement notre enthousiasme (et de lui enlever un demi-point question notation) même si les emprunts sont monnaie courante dans l'electro et que ce reproche aurait aussi pu être, dans une moindre mesure, reproché à DAFT PUNK.

Toutefois, ne boudons pas notre plaisir il s'agit là d'un bon album. Car le groupe JUSTICE a quand même un talent indéniable de compositeur (que ce soit "Genesis", "Let There Be Light" ou l'angoissant "Stress" par exemple) et a le don, à l'instar de DAFT PUNK, de parfaitement remixer et d'intégrer les parties musicales (samples) dont il s'inspire. On ne boudera pas notre plaisir lorsque l'on sait que les groupes Français capables de balancer du gros son bien jouissif en concert et de bien s'exporter sont relativement rares.

Note réelle : 3.5/5.