Quand la morne saison approche, rien de tel qu’un bon disque de PAYSAGE D’HIVER entre une tartiflette et un gobelet de vin bouillant !

Des albums n’arrivant d’ailleurs pas à choisir entre démos ou réelles créations de studio assumées, tant et si bien que ce n’est pas à nous d’en déterminer la nature profonde, simplement profiter de ces offrandes à l’ombre des grands sapins. En cela, ils ressemblent à ces milliers de Noëls vécus et à venir : une farouche impression d’entendre toujours la même note et de lire les sempiternels mots cependant toujours déclinés sous une forme légèrement différente. Neige, silence, forêt, froid, nuit, roi. Mais en version germanique évidemment.

Des intitulés mis au service d’une musique grésillante et grognante, parfaitement inaccessible pour votre adorable copine, bien qu’elle dise le contraire par amour ou aveuglement, allant jusqu’à écouter le pavé "Der Weg" – sans doute le meilleur titre de la formation – jusqu’à son terme même si vous ne saurez jamais véritablement si c’était vrai ou pas. Confiance… et compromis ! De maîtres mots pour une relation équilibrée, tout comme la musique de PAYSAGE D’HIVER ayant acquis sa substance via d’innombrables balades montagneuses stimulantes !

Car oui, l’ami WINTHERR, âme torturée se cachant derrière le projet, aime aussi l’ambient des donjons conservés au froid tant et si bien qu’on peut s’en payer une généreuse tranche entre le saumon et le foie gras sans faire fuir l’ensemble des convives dans des hurlements d’effroi qui seraient ma foi fort compréhensibles. Tu écoutes ce genre de musique, toi ? Bah ouais, c’est mieux que le dernier COLDPLAY. Des sourires vaguement figés ou gênés, des questions légitimes. Mais pourquoi hurle-t-il si fort ? Aurait-il oublié de mettre ses chaussures avant de fouler la neige fraîche de ses pas ? Cependant, rien de tout cela ne se produit sur Die Festung, les recherches sonores menées par WINTHERR s’octroyant une accalmie momentanée.

L’ambient de PAYSAGE est enveloppant, allant chercher des influences dans la musique électronique labellisée Berlin School telle que Klaus SCHULZE pouvait en fournir une version, la meilleure preuve en est ce "Eishalle" se déployant sur un quart d’heure. L’ambient de PAYSAGE est éclatant telle cette neige éternelle servant la réfraction du soleil où la sublime mais anonyme reine des neiges foule son pied si délicat. L’ambient de PAYSAGE est confortable mais dangereux comme cette sieste à laquelle il ne faut pas se laisser aller en haute altitude sous peine de ne plus s’en réveiller.

Le brouillard recouvre le château. La nuit tombe. Le chemin s’évade. Ce soir, les infinités étoilées seront à mon chevet, uniques couvertures pour mes paupières givrées, ultimes chuchotements éventuels alimentant un délire glacé où des couleurs inconnues viendraient me chercher pour m’extraire d’une mort lente et inéluctable.

Je suis le vénérable du sommet et j’attends.

3.5/5