Les dieux existent, je les ai entendu. Leurs noms: Brendan Perry et Lisa Gerrard.

Difficile d'expliquer ce que l'on peut ressentir à l'écoute de Within the Realm of a Dying Sun, troisième album du combo britanico-australien. Ce couple à la scène (et à la ville, du moins à cette époque) développe une new-wave habitée par les plus belles influences gothiques médiévales. Ici, tout n'est que beauté. En moins de 40 minutes et seulement 8 morceaux, DEAD CAN DANCE nous fait voyager dans un univers fait de brumes, de forèts hantées et de chapelles envoutées. Le chant de Perry fait mouche, surtout sur l'exceptionnel "Xavier" sombre et grave. Et quelle intro, messeigneurs !

Si la première partie du disque est davantage en retenue (sauf "Xavier"), la puissance lyrique se décuple sur les 4 derniers morceaux, avec une Lisa Gerrard touchée par la Grâce (puisque je vous dis que c'est une déesse !). Avec cette capacité de changer de voie selon les titres; aiguë et orientalisante sur "Cantara", plus grave sur le début de "Persephone", et absolument bouleversante sur "Summoning of the Muse", d'une intensité dramatique hors du commun avec ces cloches en boucle, comme le tocsin d'un monde en perdition. Et que chante-t-elle ? Rien de précis en fait, Gerrard s'exprime dans une langue qui n'existe pas, mais qui nous parait si réelle tant elle y met du coeur.

Merveille de sensibilité, bande son idéale dans une vaste cathédrale, en "invoquant les Muses", DEAD CAN DANCE nous fait frisonner dans tout notre corps. Nous sommes en pleine béatitude, le regard vers les grandes verrières multicolores, au son d'une musique tout en écho, les larmes viennent, nous sommes ailleurs. On aurait presque envie de croire en un Au-Delà.

Amen.