En 1987, Stevie Ray Vaughan est définitivement débarrassé de ses bêtes noires que sont l’alcool et la drogue. Dès sa sortie du centre de réhabilitation, le virtuose de chôme pas. En effet, cette même année il dérive vers la surf music l’espace d’un tube (une refonte de « Pipeline »), en collaboration avec Dick Dale. Subséquemment, il enchaîne avec une jam-session en compagnie notamment de B.B. King, Albert King, Eric Clapton et Phil Collins. En 1988, il continue sa tournée à travers les Etats-Unis, et ce jusqu’en 1989 où il s’attelle sérieusement à l’enregistrement de ce grand album qu’est « In Step ». Ce titre fait référence aux 12 étapes (steps) qu’il devait suivre lors de son traitement.

On reproche souvent à ce genre d’artiste de trop pomper les standards créés par les pères fondateurs du style, au détriment de leurs propres compositions. Or, Stevie Ray Vaughan est le parfait exemple de musicien qui, en plus d’être un compositeur hors-pair (« Riviera Paradise »), a su transformer les classiques en une version bien personnelle. Après 3 albums stupéfiants, Stevie Ray revient tel un phœnix qui renaît de ses cendres. Ce qui fait de lui un musicien exceptionnel c’est cette façon qu’il a de porter des morceaux tels que « Let Me Love You Babe »  à un autre niveau. Il transforme chacune des reprises en raz-de-marée musicaux (« Love Me Darlin’ ») sur lesquels des improvisations passionnées déferlent fougueusement. Ses propres compositions sont tout aussi flamboyantes et éloquentes. Par exemple, « Crossfire », dont le riff a été composé par Tommy Shannon, étonne une fois de plus par cet aspect très frontal et incontrôlable renforcé par la présence de quelques cuivres justement dosés (une première dans sa discographie). Quand l’heure est aux instrumentaux, Stevie Ray Vaughan répond présent et nous propose, comme à son accoutumé deux compositions magistrales. L’une fait office de blues shuffle (« Travis Walk ») comme l’était « Rude Mood », l’autre (« Riviera Paradise ») est au contraire beaucoup plus aérienne et conclut « In Step » sur quelques notes jazzy fortes appréciées.

Concluons cette chronique avec cette citation qui résume à elle-même la volonté qu’avait Stevie, de revenir à la charge avec encore plus de conviction :

« Quand j'ai vu Stevie pendant le Guitar Shop Tour en 89 ou 90, il était complètement sain, jouant mieux que jamais. J'étais tout simplement stupéfié ; il pouvait me faire redécouvrir le blues chaque soir. » - Jeff Beck