En 1998, il y eut le matraquage Louise Attaque, la découverte Matmatah et l'ovni MANAU. Malgré la différence des styles musicaux, ces trois groupes apportent alors à la fin des années 90 une véritable bouffée d'oxygène sur la scène musicale française. Il est par ailleurs amusant de noter que les trois ont eu une carrière faite d'un succès immédiat puis d'une longue descente, s'achevant sur une séparation confidentielle.

MANAU est sans doute le moins fédérateur des trois groupes, puisqu'il propose une base rap par définition clivante. Néanmoins, avec juste ce qu'il faut d'accroche et de mélodies universelles pour attirer les oreilles curieuses ("La tribu de Dana", "Mais qui est la belette"), et surtout en utilisant à foison des instruments traditionnellement folk (guitare acoustique, mandoline, accordéon), le trio parvient à fédérer et à séduire sans réserves.

Au delà du mélange original entre folk et rap, il y a surtout ce soin apporté aux textes, qui s'ils sont parfois déclamés de manière approximative, constituent de véritables pépites à mille lieues des clichés habituellement véhiculés par le style. On reste particulièrement admiratif face à "L'avenir est un long passé", qui aurait pu s'appeler "Petite histoire du fascisme à travers les âges", ou encore à l'écoute des excellents "Le chien du forgeron" et "Panique Celtique".

Les éléments plus marqués rap ou r'n'b (les choeurs de "La confession", le refrain irritant de "Faut pas tiser en Bretagne") ont tendance à rebuter naturellement. Reste que pour un "one shot", Panique Celtique est un grand album, finalement très innovant et osé. La recette, néanmoins, était vouée à s'épuiser rapidement.