Après un Vienna qui rivalisait de beauté et de quasi-perfection, ULTRAVOX assène un nouveau coup dans la musique avec Rage in Eden, sorti l'année suivante. Encore une fois, les maitres de la new-wave sortent donc un album de toute beauté, toujours aussi bien écrit et chanté. Encore que cette fois, le quatuor se permet quelques fausses notes.

Sur certains points, Rage in Eden est clairement supérieur à Vienna, cela ne fait pas le moindre doute. Le premier d'entre eux est la construction de l'album, et pour être plus précis l'ouverture. Si "Astradyne" est un grand morceau, cela paraissait peu intelligent, quelque part, de le placer comme tel. Mais ULTRAVOX a compris la leçon et sort le grand jeu avec "The Voice", un tube puissant et emphatique, une vraie merveille sur bien des plans. Le reste de l'album est bien sûr issu du même tonneau, surtout le reste de la face A. On se surprend à reprendre le refrain ("We Stand Alone", "I Remember") ou à rester abasourdi devant une froide mélancolie impressionnante ("Rage in Eden"). Il faut savoir être impuissant à décrire davantage certaines chansons tellement elles excellent, et c'est le cas de la face A de Rage in Eden.

En revanche, pour la face B, c'est un autre son de cloche. "The Thin Wall" annonce pourtant de belles choses, mais ça se gâte dès "Stranger Within". Ce n'est pas qu'elle soit vraiment mauvaise, mais elle dure trop longtemps et traine vers la fin. Un peu de rigueur et d'élagage n'auraient pas été de trop. "Accent of Youth" relève aisément le niveau, mais passe « juste » pour un bon morceau de new-wave, mais insatisfaisant si l'on compare aux grandes chansons du groupe. En revanche, "Your Name" montre de nouveau un ULTRAVOX au firmament de sa créativité, et constitue une belle conclusion, un peu sèche mais envoûtante.

Certes moins génial que Vienna, Rage in Eden n'en reste pas moins un album de haute volée. Quelques points faibles sillonnent le disque, surtout la face B, mais le désappointement n'est pas excessif, il est juste dommage de descendre quelque peu en qualité. Par contre, pour l'album suivant, ce sera la chute qui ne pardonne pas.