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STROMAE - Racine Carrée (2013)
Par MOONDREAMER le 13 Septembre 2013          Consultée 6988 fois

Ça a fait la une de tous les journaux people de Belgique et de France : STROMAE, habituellement très propre sur lui et convenable, a été surpris ivre mort dans les rues de Bruxelles. Voilà bien la preuve que les jeunes ne savent pas gérer le succès ni leurs limites ! Le début de la déchéance du maestro ? Non, un coup de com’ exécuté avec maestria. Eh oui, comme le révéla la vidéo de « Formidable », sous-titrée « Ceci n’est pas une leçon », Paul VAN HAVER ne faisait que jouer avec un réalisme impressionnant un rôle qu’il s’était lui-même imposé, celui de l’amant abandonné qui se réfugie dans l’alcoolisme pour atténuer sa souffrance.

STROMAE est véritablement un artiste unique. Alors que l’électro-pop standard reste habituellement confinée au domaine des morceaux joyeux et entraînants, le jeune belge a su créer une niche tout à fait surprenante : mettre une instrumentation électro répétitive et somme toute assez basique au service d’une plume cynique, sombre et désabusée. Son premier album, Cheese, était déjà caractéristique de cette marque très distinctive. Si son écriture et sa façon de rouler les «r» attirent inlassablement la comparaison avec BREL, « Alors on danse » avait convaincu bien au-delà du champ de la francophonie, propulsant le Maestro dépressif devant une célébrité plutôt inattendue.

Alors, soyons clair, le mélange ne prend pas à tous les coups. Prenez « Humain à l’eau » par exemple : si le texte, où l’on suit le réquisitoire écologique d’un aborigène contre la modernité et la civilisation, est plutôt bien écrit et convaincant, l’instrumentation lourde et vulgaire plombent le morceau, en faisant un des rares titres insupportables de l’album. À l’autre extrême du prisme, des arrangements et une mélodie agréables ne sauvent pas « Moules Frites » de la pauvreté de son texte. L’assimilation «Moules=Vagin=MST=Mort» sombre dans un mauvais goût auquel VAN HAVER ne nous avait pourtant pas accoutumé.


Mais il arrive que texte, mélodie et instrumentation parviennent à atteindre un équilibre remarquable. On se trouve alors face à des morceaux puissants et intelligents qui prennent aux tripes tout en faisant réfléchir. « Formidable » est à ce titre l’aboutissement le plus impressionnant de Racine Carrée : ode cathartique à l’individu fragile qui sommeille derrière chaque relation, exposé cru et sans concession de la façon dont la chute peut être brutale et rapide, dont l’homme « Formidable » peut devenir « Fort minable »... Ajoutez à cela une instrumentation minimale au piano du couplet, la voix tremblante mais tranchante du belge et un refrain simple mais puissant et voilà que l’on touche l’instant de grâce. Une réussite à tous les égards, STROMAE aurait même pleuré en écrivant le morceau.

L’album atteint rarement de tels sommets mais le niveau général est néanmoins impressionnant. Il serait impossible de ne pas mentionner l’hymne festif à l’enfance perdue qu’est « Papaoutai » et ses arrangements à tomber par terre, tout comme je me trouve contraint (un peu contre toutes mes attentes) à reconnaître que la collaboration avec MAITRE GIMS et ORELSAN sur « Avf » (« Allez vous faire... ! ») est vraiment efficace et bien menée. Mais j’aimerais donner une mention spéciale à « Quand c’est », surprenant dès les premières lignes par son évocation inattendue du cancer qui se meut ensuite en une contemplation tristement rêveuse avec les « Cancer, cancer, dis-moi quand c’est ?» (qui me rappellent de façon persistante les « Miroir, miroir, dis-moi qui est la plus belle ?» de la Marâtre de Blanche-Neige).

En somme, Racine Carrée marque un progrès indubitable face à Cheese. D’abord parce que les arrangements sont plus élaborés et diversifiés : on sent des influences hispaniques sur « Ave Cesaria », une forte touche World Music dans « Papaoutai », « Carmen » parodie élégamment l’opéra de Bizet et « Merci », l’instrumental de l’album, prouve que VAN HAVER peut faire voyager même sans sa voix. Du côté des textes aussi, le progrès est notable. STROMAE a gagné en maturité et ses textes se font plus incisifs et pertinents que jamais, ce qui est vraiment un compliment, sachant que Cheese mettait déjà la barre haute. On trouvera peut-être de quoi chipoter sur quelques morceaux, notamment « Humain à l’eau » et « Moules Frites », mais l’impression finale qui persiste de cet album reste excellente.

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- Paul Van Haver/stromae (voix, synthétiseurs, piano)
- Aron Ottignon (piano)
- Antonio Santos (piano, choeurs)
- Mauricio Delgados (choeurs)
- Schérazade (choeurs)
- Shameboy (guitare, basse)
- Papa Dizzi (guitare)
- Mauricio Delgados (guitare)
- Thomas Azier (basse)
- Noumoucounda Cissoko (kora)
- Vincent Peirani (accordéon)
- Bart Maris (trompette)


1. Ta Fête
2. Papaoutai
3. Bâtard
4. Ave Cesaria
5. Tous Les Mêmes
6. Formidable
7. Moules Frites
8. Carmen
9. Humain à L’eau
10. Quand C’est ?
11. Sommeil
12. Merci
13. Avf (feat. Maitre Gims & Orelsan)



             



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