PRIMUS n'est jamais là où l'attend. En 2014, la communauté des fans espérait ainsi logiquement que le groupe donne un successeur "conventionnel" (si tant est que ce terme soit applicable à PRIMUS) au très réussi Green Naugahyde (2011). Or voici que Les Claypool prends tout le monde de court en annonçant que le prochain album du groupe sera une réinterprétation de la B.O. de la toute première adaptation cinématographique du roman pour enfants "Charlie et la Chocolaterie" de Roald Dahl. Un film musical anglais complètement zinzin, sorti en 1971 et qui malgré ses maladresses, a vite acquis un statut de film culte. Il en va de même pour sa bande originale.

Il fallait toute la folie créatrice de Les Claypool pour oser entreprendre un tel projet, et pour l'occasion PRIMUS voit son effectif quelque peu chamboulé. Suite au départ du batteur Jay Lane en 2013, Tim Alexander effectue ainsi son grand retour au sein du groupe. Les musiciens additionnels Mike Dillon (marimba) et Sam Bass (violoncelle), réunis sous le nom "The Fungi Ensemble", complètent efficacement le line-up du groupe pour une entreprise très originale.

Une écoute comparative des morceaux originaux et de leurs reprises par PRIMUS suffit à s'en convaincre : les Américains ont définitivement pété les plombs. Car la musique qui nous est proposée ici n'a plus grand chose à voir avec la partition d'origine. D'une musique inspirée par Broadway et les comédies musicales américaines, PRIMUS en fait une œuvre expérimentale quasi bruitiste, progressive et inquiétante, riche en cordes frottées lourdes et en percussions malsaines. Et l'on comprend bien vite que si cet album n'est pas très respectueux du ton de l'œuvre première, il demeure en définitive totalement fidèle à l'univers psychédélique et déjanté de PRIMUS !

Surprenant comme le goût mystérieux d'une barre de chocolat estampillée Willy Wonka, Primus & The Chocolate Factory est peut être l'un des disques les plus personnels de Les Claypool, qui réalise ici l'un de ses vieux rêves d'enfance en reprenant cette bande originale qui l'a marqué durant sa jeunesse.
À défaut d'être l'un des albums les plus accessibles du groupe californien, il demeure peut être son opus le plus audacieux.

À savourer sans fin, en croquant une délicieuse tablette de chocolat au lait... en prenant bien garde à ne pas tomber dans les pièges de la Salle aux Noix ou du Chocolat Télévisé !

"Oompa Loompa, douba didou..."