La discographie de Pink Floyd relève majoritairement du divin, beaucoup en conviendront, mais la qualité irrégulière des chansons à l'intérieur même des albums me frustrera toujours. Meddle sans sa face A aurait été parfait, tout comme Wish you were here sans Have a cigar. Atom Heart Mother et the Dark Side of the Moon sont tous les deux d'une grande qualité et sans réels mauvais morceaux, mais le premier est encore un peu immature, tandis que le second semble trop lisse sous certains aspects.
Reste Animals. Certes, Dogs est moi époustouflant qu'Echoes, mais la guitare implacable et lancinante qui l'introduit a peu à envier à la première note de son rival. Ses solos rageurs sont autant de présents inestimables à la culture rock, et ne valent pourtant même pas celui qui achève la jouissive litanie de Pigs. Quant à Sheep, sa conclusion est tout aussi apocalyptique, et sa latence tout au long du morceau ne rend son arrivée finale que plus extatique. Les claviers de Wright ne sont pas en reste, en particulier dans l'introduction de ce morceau, ni les fûts de Mason, qu'il ne semble jamais aussi bien maîtriser que sur cet album.
L'ensemble revêt une ambiance très sombre, et semble en fait parachever l'évolution du Floyd depuis the Dark Side. Brain Damage avait fait la transition entre l'empathie de Breathe et l'élégie de Shine on, qui lui-même mena à un extraversion radicale et au déversement d'une critique acerbe de la société sur Animals. The Wall montrera un Waters beaucoup plus nombriliste, et ce ne sera hélas pas toujours pour le meilleur.
Mon album préféré, définitivement.