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1972 Bamboozle
1973 Rocking At The Tweed Mill

LIVIN' BLUES - Rocking At The Tweed Mill (1973)
Par LE KINGBEE le 4 Mai 2017          Consultée 1471 fois

1972 reste comme l’année du changement pour LIVIN’ BLUES. Philips décide qu’il est temps pour les Hollandais de franchir un cap, en l’occurrence de traverser la Manche pour aller enregistrer en Angleterre. Fin octobre, le quintet de La Haye est expédié au Chipping Norton Recording Studio, au nord ouest d’Oxford et confié au producteur Mike Vernon. Si le studio sert de base au label Blue Horizon, il bénéficie d’une solide réputation, c’est là que Gerry Rafferty enregistrera « Baker Street » et les Quo « In The Army Now ». Patron du label Blue Horizon, bien connu des amateurs de Blues, Vernon dispose d’un curriculum hors du commun. Outre ses activités pour son label, il a produit John Mayall, Fleetwood Mac, Ten Years After, Chicken Shack, mais aussi plusieurs pointures du Blues : Eddie Boyd, Johnny Shines, Otis Spann, Champion Jack Dupree, Sunnyland Slim Lightnin’ Slim pour ne citer que les principaux. Bref, le Top du Top !
De son côté, LIVIN’ BLUES a lui aussi opéré un changement, le batteur Jonny Le Jeune joue maintenant au sein du Schick Band et vient d’être remplacé par Arjen Kamminga, exit donc de Japp Eggermont producteur des trois premiers albums. Mike Vernon, producteur en vogue, a le vent en poupe et le mors aux dents. Il vient d’acquérir une nouvelle console en provenance du Trident Studio et c’est nos Hollandais qui ont l’honneur d’inaugurer ce nouveau matériel. La décontraction est donc de mise, tout semble réuni pour sortir un bon disque, d’autant plus que la session va durer dix jours. Vernon reçoit le groupe le 30 octobre et décide d’adjoindre le pianiste organiste Pete Wingfield. L’Anglais n’est pas un inconnu, il a collaboré avec Nazareth, Jellybread et Keef Hardley et accompagne sur scène toutes les vedettes américaines qui viennent se produire (BB King, Lightnin’ Slim, Memphis Slim). Le renfort de cette pièce rapportée est bien accueilli par le quintet. On l’a dit, tout est réuni pour sortir un bon disque et le groupe paraît relaxe, il suffit de regarder la pochette du disque pour s’en rendre compte : elle provient d’une photo prise par l’épouse de Ted Oberg devant le Bliss Tweed Mill, un ancien moulin transformé en manufacture de tweed, monument devant lequel les cinq musiciens ont l’air vraiment heureux. Un beau clin d’œil pour les natifs du pays des moulins et des tulipes.

Malgré ce que pourrait laisser suggérer son titre (une orientation vers le Rock), ce quatrième opus suinte carrément le Blues. Le groupe n’est pas venu les mains vides, les Hollandais ont apporté une dizaine de nouvelles compositions. Lors de la session, Mike Vernon et son frère Richard décident de ne retenir que cinq compositions du groupe. Les membres tiennent à reprendre quelques titres triés sur le volet et qu’ils ont répétés en vue de la session. Vernon n’est pas opposé au choix des titres et leur suggère simplement de rajouter un morceau de Fats Domino de manière à casser une ligne trop linéaire. « Rocking At The Tweed Mill » s’ouvre sur « Shady Girl, Shady Girl », titre coécrit par les membres du band et Mike Vernon, avec une belle intro à l’harmonica. Si le début annonce un passage assez sombre, l’harmonica de John Lagrand évoque une sonorité à la Little Walter. Le rythme s’accélère peu à peu pour en devenir presque festif. Un titre dans la lignée de Canned Heat. « Tongue’ N’ Groove » est la preuve que la session s’est déroulée dans de remarquables conditions. Ce titre coécrit par l’harmoniciste batave et l’hôte anglais est exécuté en trio, un duel sympathique entre le piano et l’harmonica tout en finesse dans lequel Nicko Christiansen vient juste placer quelques coups de guimbardes, bongos et tambourin. Mais le groupe sait rester respectueux des schémas traditionnels, comme en atteste « You’re A Stranger » un formidable blues lent chicagoan dans lequel Ted Oberg place un solide solo de guitare.
Second témoignage de la bonne entente qui règne dans le studio avec « Sweet Suzanne », un instrumental interprété à la guitare acoustique et au piano de Wingfield qui marque aussi une seconde coupure dans la tonalité d’ensemble avec un refrain rappelant certains passages du « Locomotive Breath » de Jethro Tull. Avec « Eye To Eye », dernière compo du groupe, la formation nous renvoie vers les tavernes enfumées du West Side de Chicago, l’harmonica et la guitare fiévreuse endossant les premiers rôles.

Les reprises judicieusement choisies font la part belle à des inusités. Nicko Christiansen et Ted Oberg ont absolument voulu s’attaquer à « Fool On You », un titre Blues Prog figurant sur le premier disque de Wet Willie. Le groupe se réapproprie carrément le morceau en l’orientant vers un Heavy Blues bien collant dans lequel on remarque un bon solo de batterie. La formation s’offre une remarquable ballade aussi sombre que bluesy avec « Ain’t No Us Crying » avec le sax de Christiansen. Le groupe et le pianiste anglais sont en symbiose. Alors maintenant, si ce titre issu d’un traditionnel vous est familier, c’est parce que les Stones l’ont placé dans l’album « Tattoo You » avec des paroles totalement différentes. Mais la mélodie ne laisse quasiment aucun doute, nos vieux rockers anglais ont entendu la version antérieure des Hollandais, n’oubliant pas au passage de s’accréditer les paroles. Ce n’est pas le premier emprunt des Stones, mais la ressemblance entre les deux mélodies pose question. Autre reprise avec « Diving Duck Blues », une obscurité de Fred et Annie Mae McDowell. Là les effluves du Delta s’effacent vite au profit d’un Blues énergique coloré de psyché. Un morceau long de 7 minutes gorgé de nuances et de groove avec un chorus lorgnant sur le classique « Rollin’ & Tumblin’ » de Muddy Waters. « Please Don’t Leave Me » a fait l’objet de plusieurs chansons, pensez donc avec un tel thème. Livin’ Blues s’attaque en fait à la chanson de Fats Domino gravée en 1953 pour Imperial, une petite merveille de R&B Roll comme en distillait le pianiste de la Nouvelle Orleans. Le côté festif de la version originale ne disparait pas, les musiciens et leur hôte anglais semblent s’en payer une bonne tranche, avec claquement de mains et tout le toutim.

Au final, ce quatrième disque issu d’une collaboration anglo-batave peut être considéré comme le meilleur disque du groupe. Si le schéma et la structure restent proches de « Bamboozle », « Rockin’ At The Tweed Mill » distille beaucoup plus de nuances et un éclectisme plus enthousiasmant. Preuve que les Hollandais pouvaient diversifier leur répertoire dans maintes directions. Curieusement, ce disque ne connaît qu’un succès commercial assez limité lors de sa sortie au début de l’année 1973. Lorsqu’on examine certains blogs dédiés au Blues et au groupe, c’est généralement « Bamboozle » qui revient au premier plan. Ce disque ne marque pas, malgré son échec commercial, la fin de la collaboration entre Mike Vernon et nos Hollandais. Un 3,5 ramené à 3 nous paraît justifié.

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   LE KINGBEE

 
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- Nicko Christiansen (chant, bongos, tambourin, saxophone)
- Ted Oberg (guitare)
- Ruud Van Buuren (basse)
- Arjen Kamminga (batterie)
- John Lagrand (harmonica)
- Pete Wingfield (piano 3-5-6-8-9)
- Mike Vernon (chant 1-2)


1. Shady Girl, Shady Girl.
2. Fool On You.
3. Tongue'n'groove.
4. You're A Stranger.
5. Sweet Suzanne.
6. Ain't No Use Crying.
7. Diving Duck Blues.
8. Eye To Eye.
9. Please Don't Leave Me.



             



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