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PROTO SLUDGE  |  STUDIO

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MELVINS - Six Songs (1986)
Par NOSFERATU le 12 Août 2017          Consultée 1910 fois

BLUE CHER, MOTORHEAD, VENOM, BIG BLACK. La formule trio est-elle suffisante pour faire du bon « bruit blanc » ? Les MELVINS pourraient certainement répondre à cette problématique de base.

Tout part de Montesano dans l’état de Washington, dans une atmosphère délétère. On est au début des années 80, un certain Roger Osborne ronge son ennui dans une ambiance de rednecks bas du front en mal de « délivrance ». Le jeune homme trouve un job dans un supermarché local. Il y vole pas mal de produits, surtout des disques de hard rock. Il y rencontre surtout un chef de rayon nommé Melvin, ce dernier se faisant foutre de sa gueule par tous les beaufs du coin. Melvin, Melvin ? Mais oui, le ridicule de ce nom pourrait faire un super nom de groupe. Il faut juste chercher les partenaires un peu chramés du bulbe. Parallèlement au lycée, le « buzz » (son surnom) fréquente des « headbangers » fascinés par le « classic rock » des années 70.

C’est ainsi que le projet se met en forme. Gratteux à ses heures, avec ses potes, Matt Lukin à la basse et Mike Dillard à la batterie, il forme donc les MELVINS, peut-être le groupe le plus révolutionnaire du métal contemporain, voire du rock tout court.
Pourtant, à l’origine, les trois compères s’essaient à des reprises des WHO, de RUSH, de …ahem SCORPIONS et même de HENDRIX, mais ils n’ont pas le niveau.

Autant s’attaquer à des trucs plus speed, plus faciles à jouer, alors ils s’intéressent à ce punk hardcore qui commence à apparaître aux States. Justement, dans la Californie voisine, les GERMS, les AVENGERS et autres DEAD KENNEDYS ont allumé la mèche et l’incendie se propage partout, touchant l’esprit des « white kids » des banlieues, condamnés à un « no fun » éternel.
Nos MELVINS sont sensibles à ces riffs à deux cents à l’heure et à cette attitude anarchiste. En même temps, ils ne crachent pas sur leurs influences premières, c’est-à-dire tout ce rock seventies qui les a biberonnés, surtout BLACK SABBATH et KISS.
Parmi les nouveaux groupes hardcore, deux les interpellent fortement. Il y a d’abord les membres de BLACK FLAG qui, eux aussi, puisent dans la bande à OZZY, surtout la face B lugubre et lourde de l’album « My war ». Contrairement aux autres compos du gang féroce à ROLLINS, cette dernère montre une facette plutôt « doom ». Un autre disque les étonne, c’est le «flipper generic » de FLIPPER, combo hardcore déjanté qui amène ce genre vers des contrées là aussi très lentes.

D’autre part, Buzz s’intéresse aussi à la scène thrash métal émergente (surtout celle du label Metal blade records) et aussi aux écrasants SWANS (no wave bruitiste new yorkaise).
Dillard part à cause des fameuses divergences musicales. C’est un certain Dale Crover qui arrive alors derrière les tambours. Le jeu de batterie impressionne les deux autres larrons par sa surpuissance.
Désormais, leurs « chansons » prennent une tournure proprement démoniaque. La recette des trois comparses se met dangereusement en place. On oublie les influences du rock académique des années 70, à part SABBATH pour la lourdeur des riffs et KISS pour les refrains racoleurs. On accentue ce côté lourd en rajoutant une pincée de distortion bien crade. C’est l’invention du Sludge qui est en train de s’écrire. Une nouvelle forme de heavy métal prend ainsi forme. Dans ce style, personne ne joue aussi lourd à l’époque, mis à part CANDLEMASS (avec un côté plus épique), l'école « sabbbatienne » (TROUBLE, SAINT VITUS) et évidemment les redoutables Suisses dénommés CELTIC FROST.

Crover emmène le reste de l’équipe chez ses parents à Aberdeen pour pouvoir répéter. Les voisins deviennent fous.
Mais un label, désireux de soutenir la scène locale, CZ record, les soutient et quatre de leurs titres apparaissent sur une compilation en mars 86 aux côtés de futurs cadors de la scène grunge (SOUNDGARDEN, U MEN, SKIN YARD, GREEN RIVER…). Les MELVINS se sentent bizarrement moins seuls dans leur exploration sonore, d’autres veulent réaliser aussi la jonction entre la sauvagerie des groupes “seventies” (MC5, BLUE CHEER…) et le punk rock des années 80 annonçant la prochaine révolution musicale du rock dur.

Toujours sur le mème label, sort l’EP “Six songs” durant cette riche période. Et les six chansons montrent les influences citées plus haut. Elles sont toutes enregistrées “en live” et il n’y a aucune fioriture. Les tempos sont en effet d’une lenteur abyssale, mis à part quelques accélérations hardcore ici et là, et le son de guitare est bien pâteux.
J’ai acheté une autre version en 91 intitulée “Ten songs”, à une époque où je m’intéressais de près à toute cette scène de Seattle et plus généralement de la côte nord-ouest des Etats-Unis. Plus tard, en 2003, le label dingue Ipecat mené par ce malade qu’est Mike Patton a republié le disque en rajoutant 16 autres “chansons”, d’où le titre “26 songs”.
Au fait qu’est devenu le Melvin du supermarché ?

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- Buzz Osborne : Chant, Guitare
- Matt Lukin : Basse
- Dale Crover : Batterie


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