Vingt-septième album studio, voire une trentaine... Même Buzz Osborne, le leader de ce trio révolutionnaire du sludge/doom/noise/Grunge ou tout ce que vous voudrez, qui a donc changé la face des musiques dures, n’arrive plus à les compter.
Une production boulimique certes, mais toujours une intégrité et une soif de composer hallucinante. Buzz, à l’inspiration prolifique, ne connaît pas la page blanche musicale, n’arrêtant pas de 'rechercher des riffs qui détruisent', voire d’innover, perpétuellement accompagné d’un humour absurde faisant bien défaut à certains.
Toujours sur le label Ipecac, dirigé par l’autre fou de Mike Patton (qui a collaboré avec nos MELVINS dans le projet frappadingue FANTOMAS). L’artwork, comme dans la plupard des productions Ipecac, est très réussi.
Des mercenaires viennent se joindre à l’ossature initiale dans cette dernière entreprise : le guitariste Gary Chester de WE ARE THE ASTEROID, groupe de vétérans du noise rock texans constitué de 'freaks' issus de BUTTHOLE SURFERS, ED HALL et PAIN TEENS, Roy Mayorga ancien tambour major de MINISTRY mais aussi d’AMEBIX, de NAUSEA (ça fait baver tous ces cv destroy). C’est durant une tournée dantesque avec les rois de l’ 'indus métal' du ministère de sa majesté AL jougensen que Buzz et Roy se rencontrent réellement et s’entendent comme deux larrons assoiffés de ziques extrêmes et aventureuses.
Tout est parti de jams entre les membres du groupe et les mercenaires en question. Le résultat de ce disque est d’une pertinence folle et d’une bizarrerie hors-normes. D’autant plus qu’en amont, rien n’était préparé, toutes les chansons, aussi bigarrées les unes que les autres, auraient été réalisées en studio.

Le disque commence par le très long "Pain Equals Funny" qui, à la base, devait être trois morceaux séparés et sur lequel le guitariste additionnel, Gary Chester, au singulier jeu psychédélique, aurait lourdement mis sa patte. Environ vingt minutes de 'slow punk' se tranformant en 'kraut–metal'. En gros, NEU jouant au heavy metal, doublé d’un climat de science-fiction lorgnant des passages soniques explorés auparavant par HAWKWIND ou CHROME, finissant par du 'space sludge' d’une redoutable efficacité. Impressionnante pièce cosmique (à environ cinq minutes on se croirait dans une jam de 'space warriors' sous acide dansant sur Dune) qui devrait interpeller autant les amis Aigle blanc que K-Zen.
Suit "Working Ditch", du 'doom indus' terrible. La patte de Roy Mayorga doit certainement y être pour quelque chose. La chanson bizarroide "She’s Got Weird Arms", parait–il inspirée par la série La quatrième dimension, est marquée par des guitares désorientées quasiment no wave, après un roulement redoutable de la batterie. L’ensemble, fort mélodique, fait même penser aux premiers disques de DEVO, démontrant encore que nos MELVINS sont loin d’être des clones punk de BLACK SABBATH.
"Allergic Food", d’une redoutable efficience, fait dans le noise psyché métal. La rythmique de "Smiler" bastonne avec des délires là aussi psychédélique noisy, du MELVINS expérimental pur jus comme on aime.
Une heureuse surprise.