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LOMEPAL - Flip (2017)
Par PLAUDE le 21 Août 2017          Consultée 2992 fois

Tout commence par une chute.

La chute et le mouvement sont d'ailleurs deux concepts clés - pour ne pas dire deux leitmotivs - qui traversent chaque mesure de ce premier album de Lomepal.
Disons-le d'emblée sans jouer aux esprits timorés, ce disque époustouflant doit être considéré comme le chef- d'oeuvre tant attendu ou plutôt si prévisible du rappeur au visage blême.
Il y a un peu plus de cinq ans déjà, nous étions peu mais étions là, à savoir qu'il se passait quelque chose. Nous avions compris et réalisé que quelque part, derrière l'ouragan 1995 et la folie contagieuse des Rap Contenders se cachaient des artistes hybrides, ambitieux, uniques en leur genre prêts à bouleverser le visage et l'avenir du rap français, du rap tout court, prêts à jouir sans vergogne de l'exposition inédite dont quelques mc's firent l'objet entre 2011 et 2012, enfin prêts à rendre à cette poésie des caves si galvaudée ses lettres de noblesse : Fixpen Sill, Odezenne, L. BUKOWSKI, Lomepal parmi d'autres sont de ceux-là.

Au commencement, était la chute donc, indolore mais une chute tout de même. Le contexte est primordial puisque chez Lomepal on ne tombe jamais n'importe comment : on se renverse en skate, on se crashe en avion ou alors on agonise sur le sol. Dans tous les cas, une seule philosophie immuable et cohérente, il s'agit de rester en mouvement encore et toujours, de danser, de voler, de rouler, de conduire, mais de ne jamais rester immobile. Tout ce qui ne bouge pas, ne bouge plus meurt ou doit mourir. Le rap, genre-essence du disque pour ainsi dire s'en trouve lui aussi bouleversé, violenté. Ce que proposent Lomepal et ses beatmakers ici est touchant car puissant, brut, plus ou moins viril, on y retrouve la trivialité du rap qu'on aime tant et en même temps profondément délicat, romantique voire volontairement aseptisé.
Il est vrai que l'alliage depuis le phénomène PNL est en passe de devenir une espèce de norme musicale plus ou moins heureuse mais de fait, on a parfois le sentiment de tenir dans la main non pas l'album rap mais pop, voire variété française de l'année tant les arrangements et les ambiances oniriques des prods et autres chœurs semblent avoir été pensés avec la plus grande rigueur, la plus grande dévotion possible afin de donner à l’œuvre un enrobage pop hyper sophistiqué et, qu'on se le dise, assez formidable – cf la triplette « Yeux Disent », « 70 », « Bécane » véritables tubes en puissance.

La chute pour commencer donc, le verbe ensuite. Du monde tourmenté et si unique de Lomepal n'émergent que trois protagonistes, trois êtres instables : le « Je » si redondant du rappeur qui ne se lasse décidément jamais de parler de lui, puis deux femmes : une ex et sa mère. Le reste n'est que prétexte, silence. Il est assez amusant de remarquer la façon dont Antoine semble avoir essayé de simplifier son expression, sa volonté et sa faculté de dire et raconter son « Je ».
Ceux qui ont déjà posé une oreille sur le très touchant « 20 Mesures » sorti en 2011 auront compris que si les turpitudes, les doutes et la sensibilité restent intacts et cohérents avec les années, la façon dont ils sont exprimés diffère radicalement.

Ici, l'égotrip est assumé avec plus de dédain, plus de mépris voire plus de virilité.
Dans «  Flip », c'est Lomepal qui brise les rêves et les cœurs, c'est Lomepal qui est plus riche que toi avec seulement un billet, c'est Lomepal encore qui fait scander les dernières syllabes de son blaze à la foule en délire. Le temps passe, on est bien loin du timide Bien que j'lutte de 2011 qui faisait dire au rappeur à la fin de son morceau « Le Rap est vivant : il est sourd et n'veut rien savoir / J'le cache des pires amphis et foules quand j'retiens ma voix. »
Avec les années, la retenue et la pudeur se sont étiolées, on demande même sans rougir à sa copine « Bébé, serre-moi fort... » et c'est précisément là que l'artiste touche une nouvelle fois au sublime. Il y a chez ce rappeur quelque chose de profondément vulnérable, délicat pour ne pas dire tout bonnement simple. Lomepal est un gars simple, un gars banal qui a bossé dur mais surtout qui a bossé vrai et c'est ce qui le rend lui et son premier album si réussi et par conséquent si touchant. Dans l'expression, dans la technique, dans les doutes et les tourments, dans la musique, ici tout est vrai au sens d'épuré, d'authentique et c'est dans cette authenticité et cette banalité au fond tant assumées que le rappeur semble avoir trouvé son point d'équilibre le plus précieux, toujours en mouvement, évidemment.

« Parfois je m'invente une vie, j'ai peur de ne pas être si spécial […] »

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