Suite à l'immense succès rencontré par le second album du groupe, Human Clay (plus de 10 millions de galettes écoulées tout de même), CREED revient deux ans plus tard pour nous proposer son ultime album (oui l'auteur de ces lignes se refuse à compter Full Circle). Avec ce nouveau disque, CREED n'est plus que trois. Le bassiste Marshall, devenu trop instable des suites d'un alcoolisme sévère, a été relégué sur la touche par ses comparses. Mark Tremonti se charge de remplacer son comparse à la basse, pour un résultat assez convaincant. Weathered reprend là où le précédent album s'est arrêté. La production est toujours confiée à John Kurzweg, ce qui donne une sensation immédiate de se sentir 'comme à la maison' dès les premières notes de "Weathered".

L'album nous accueille avec "Bullets", un titre surprenant qui commence par une montée atmosphérique avant d'exploser dans un concert de guitares déchaînées. Scott Stapp prend le micro et commence une prestation parfaite du début à la fin du disque.
"Freedom Fighters" est l'archétype du morceau post-grunge, court, sans fioritures et terriblement énergique. Puis vient l'ovni "Who's Got My Back" qui débute de façon étrange par un chant indien. Chaque fois, il m'est impossible de ne pas m'imaginer Scott Stapp danser en studio avec son bâton de pluie autour d'un tepee. Ce qui a le don de couper l'immersion dans ce morceau pour autant fantastique, proposant une montée en puissance de plus de huit minutes, ce qui est plutôt rare au début d'un disque de Post-grunge, et encore plus surprenant de la part de CREED.
"Signs" est sympathique mais ne sert réellement qu'à tromper l'attente avant l'arrivée du monstrueux premier single de l'album "One Last Breath". Le talent indomptable de Tremonti nous emporte dans un tourbillon de mélodies incroyables tandis que Scott Stapp fait valoir sa signature vocale pour nous conquérir définitivement. Human Clay tenait son single phare en "With Arms Wide Open", "Weathered" a le sien avec "One Last Breath".

Alors que l'on retient son souffle après cette première baffe, CREED prévoit le retour sur l'autre joue avec "My Sacrifice". Encore une mélodie renversante de Tremonti, encore une interprétation parfaite de Stapp, encore un tube tout simplement. "Stand Here With Me" est là pour nous faire redescendre de notre nuage avec un morceau qui se laisse écouter sans grande prétention. Le titre éponyme suivant est à vrai dire l'un des morceaux préférés de votre serviteur. "Weathered", parfaitement bien dosé entre post-grunge mélodique et rock puissant, figure avec les autres singles comme une tête d'affiche évidente. "Hide" est une ballade assez moyenne, un mix entre "My Sacrifice" et "Don't Stop Dancing" qui n'est pas trop convaincant mais fait le job. "Don't Stop Dancing" demeure la ballade de l'album immédiatement accessible aux fans débutants ayant soif de post-grunge rose bonbon. Enfin "Lullaby" clôture cet album de façon décevante. Ce morceau acoustique en fait des caisses sans convaincre. Clairement dispensable, il aurait été plus judicieux de s'arrêter au morceau précédent.

Weathered fait un véritable carton. CREED reste huit semaines dans le top BillBoard tandis que l'album se voit certifié six fois disque de platine. Le virage pop rock fm du groupe a été une véritable réussite commerciale et artistique. Dernier bon album du groupe, le trio se sépare deux ans plus tard. Cette fois-ci, c'est Scott Stapp qui donne des signes d'addiction à l'alcool et aux médicaments anti-douleurs. Le groupe annonce sa séparation en 2004, date à laquelle sort un album Best Of (bien vu, messieurs les producteurs) pour clôturer l'aventure comme il se doit. Scott Stapp commence ensuite une carrière solo assez sympathique tandis que les différents membres du groupe s'éparpillent dans d'autres formations comme ALTER BRIDGE pour Tremonti et Scott PHILLIPS.

Quoiqu'il en soit, Weathered signe l'aboutissement de CREED qui marque encore aujourd'hui le post-grunge de son empreinte de géant.