Wow. Z’ont pas perdu de temps, les trois pieds nickelés. Le premier album des MUTE GODS est sorti il y a moins d’un an ; venu de nulle part, il était lumineux, pop, et bon. Le second est sombre, technique... et bon. Plus ardu à appréhender, mais très bon. Autant le premier disque débutait par une longue mélopée pop assez tubesque, autant ici le trio a opté pour le court instrumental orchestral sombre et cinématographique. Roger King oblige, il y a des effluves de Steve HACKETT dans cette intro, mais un HACKETT mûri, et un poil moins cliché que votre intro-à-la-ZIMMER lambda. Puis déboule "Animal Army", et si c’est loin d’être la meilleure chanson, au moins a-t-elle le mérite de remettre le facteur sur le vélo : si vous ne vous souveniez pas qui était le batteur du groupe, Marco Minnemann va vous mettre KO debout. Jouant plus de notes dans ce simple titre que dans l’intégralité du premier album, il fracasse tout sur un riff largement plus sombre, metal et technique que tout ce que MUTE GODS avait proposé jusque là. Il va falloir vous y faire : le copain Ricky Wilde n’est pas de la partie, et il n’y a quasi-pas d’invités ; ce disque a été conçu par les trois lascars tous seuls dans leur coin, et ils sont furibards. Parce que la Terre va mal, parce que Monsanto, parce que Trump, enfin vous connaissez le tralala habituel hein : paconten, paconten, paconten !

Il faudra donc s’y faire, le ton est largement plus hard. Mais la qualité d’écriture est restée intacte (et je vous parle même pas d’exécution, qui est nickel chrome). On retrouve parfois le côté pop du premier opus, sur "Can’t Carry On", sur un "Stranger Than Fiction" léger qui offre un peu d’optimisme après une heure de charbon, et surtout, sur le morceau-titre qui est un tube. Cherchez pas à discuter, c’est un tube pop, point barre. Disque donc furieux et nihiliste, mais qui surtout voit le groupe surprendre sur deux plans. D’abord, c’est bourrin mais donc technique, vraiment TRES technique. Sur le fracassant "The Dumbing", mélange de pop et de metal mais pas pop-metal, le solo est Paul GILBERTesque. Je rappelle qu’aucun des trois n’est censé être guitariste. Sur "Window", le guitariste justement est Marco, sans doute possible : ce son...... eh coco, t’aurais pas été batteur de Joe SATRIANI par hasard ? (NdKirk Hammett : Euh et les leçons privées qu'il lui a données, elles étaient gratuites ?). Et si vous restez dans la technique et le contemporain, "The Andromeda Strain" est un pur exercice de style metal prog, vous savez, le "vrai".

Mais c’est sur un autre plan que l’on se rend compte à quel point le groupe a progressé : la délicatesse. "Early Warning" est d’une douceur GENESISienne, sans leur emprunter une note. Et, vraie star du disque, "The Singing Fish of Batticaola" (featuring les vrais poissons) est une glorieuse ballade up-tempo ultramélodique, terriblement universelle. GENESIS là aussi, plus précisément celui de "And Then..." dans ses meilleurs jours - car il y en a ! La barre est haute, mais la qualité du disque aussi. Parfait complément du premier opus, ce double 33 tours intense donne envie de connaître la suite, car les limites de ce groupe semblent désormais bien plus éloignées qu’on l’aurait prévu.