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- Membre : Arena

FROST* - Falling Satellites (2016)
Par BAKER le 20 Novembre 2018          Consultée 1803 fois

Quand je pense que les habitants du Gers ne pourront pas lire cette mirifique chronique... Pauvres Gersois. Tous décédés dans l'apocalypse du 11 août 1999 après l'écrasement de la station Mir... Il est culotté Jem Godfrey, d'intituler ainsi le troisième album de Frost*, sans prendre en considération l'hécatombe de millions de Gersois... de centaines de milliers... de dizaines... bon d'accord, de trois vaches. Mais au-delà du titre, ce qu'on remarque dans ces satellites en chute libre, c'est la pochette. Elle est blanche.

Et ça pourrait donner un sérieux indice tant ce qui plombait l'album précédent était, avant même d'enfourner le CD, la couleur noire, pas juste ébène, non, trou noir, vortex des émotions, vortex des idées, vortex de la créativité de Godfrey tentant tel JOHNNY de hurler à la face du monde que noir, c'était noir, il n'y avait plus d'espouââââr. Alors ne tentons pas la surenchère d'un suspens mal placé : oui, si la pochette de FROST* opus III est blanche, c'est en partie parce que la musique est redevenue comme on l'aimait : dynamique, haletante, passionnante et furieusement optimiste. L'intro ambiant "First Day" pourrait brouiller les cartes, mais la première minute de "Numbers" redonnera le sourire : on retrouve le tempo volontaire, les choeurs hypermélodiques, la joie de vivre, la folie, bref "Numbers" est une chanson de bienvenue impeccable, fédératrice, au son énorme. Un peu trop énorme : plus encore qu'avant, ce disque est victime d'un brickwall immonde.

Mais comme une chanson d'ouverture ça ne fait pas tout, je vais vous rassurer tout de suite : oui, la majeure partie de ce Falling Satellites, si elle n'a pas la perfection de Milliontown, s'en approche cependant à bien des égards. Il sera plus rapide, et plus facile (comme pour faire un gâteau), de dire ce qui ne va pas sur ce disque : une triple fin un peu lénifiante, dont un pénultième titre en forme de valse lente trop proche de la morosité pompante du second album, et un titre hyperprog en plein milieu, "The Raging (against machin truc 7/8)", terriblement bordélique et inutilement complexe, un peu comme.... euh ben le second album, tiens. Comme c'est bizarre. Ce milieu plombant et cette fin qui ne démarre pas (je sais, c'est le but en général) ont tendance à noircir le tableau...

...car non, le projet de Jem Godfrey n'est pas mort, il a même totalement sa place en 2016 au travers d'emprunts curieux, mais réussis, à des styles musicaux peu usités en prog : la seconde partie rock alternatif de "Signs" (la première étant du pur LONELY ROBOT), la dream pop ouatée avec duo féminin de "Lights Out", le shoegaze de "Hypoventilate" (oui, hypo !), et surtout le dubstep technique et impressionnant de "Towerblock" (dont le titre se réfère sûrement au brickwall qui gâche tout). Des oasis de fraîcheur qui montrent que le projet n'a pas perdu, comme on aurait pu le craindre, la flamme créative. Après tout, ce troisième opus arrive pas moins de 8 ans après le trop vite expédié Experiments, ça compte.

Et puis vous avez les éléments purement FROSTiens qui donnent la banane pour toute la journée, des tubes en puissance, et en parlant de puissance, les séquenceurs de Monseigneur Godfrey n'ont pas perdu de leur volubilité : outre "Numbers", vous avez un "Heartstrings" déjà connu en live et qui surpoutre, avec une parfaite complicité entre les voix de Jem et John ; un "Closer to the Sun" curieux mais superbe, où après une longue partie liminaire en solo introspective, la guitare de Joe SATRIANI (et mon dieu qu'on le reconnait vite !) vient taquiner la muse avant de laisser la place au synthé dans un élan de joie, sublimé par le doublement de tempo : encore un grand moment. Enfin, "Nice Day for It" est un semi-instrumental qui se rapproche d' "Hyperventilate" (le tout premier titre du groupe), dans la qualité, dans le style, dans les harmonies très FROSTiennes sans faire tout à fait copier/coller : des barres de bonheur.

A ce stade, on pourrait penser que définitivement, on peut classer les chansons de FROST* en deux catégories : les rapides, simples et joyeuses qui sont bonnes, les lentes et introspectives ou techniques qui sont ratées. "British Wintertime", en guise de clôture à suspens, laisse planer le doute, avec une longue fin très racée, très classieuse, se rapprochant beaucoup de BIG BIG TRAIN avec succès. Très attendu mais avec circonspection, le second album impair de FROST* n'est pas si évident à appréhender, mais une fois la structure comprise et acceptée, les meilleurs moments n'en ressortent que plus. Moderne, puissant et motivant : il faut l'admettre, c'est une jolie réussite. On a un peu moins peur pour un hypothétique quatrième album.

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- Jem Godfrey (chant, claviers, prog, guitare, chapman stick, lap)
- John Mitchell (guitare, chant, choeurs)
- Joe Satriani (guitare)
- Mark Knight (violon)
- Tori Beaumont (chant)
- Craig Blundell (batterie)
- Nathan King (basse)


1. First Day
2. Numbers
3. Towerblock
4. Signs
5. Lights Out
6. Heartstrings
7. Closer To The Sun
8. The Raging Against The Dying Of The Light Blues In
9. Nice Day For It
10. Hypoventilate
11. Last Day
12. Lantern
13. British Wintertime



             



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