Recherche avancée       Liste groupes



      
DOO-WOP JAZZ BALADS  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


The FLAMINGOS - Flamingo Serenade (1959)
Par LE KINGBEE le 16 Décembre 2017          Consultée 1007 fois

Le début des années 50 voit l’éclosion d’un genre nouveau : le Doo-Wop. Si, historiquement, ce chant basé sur les harmonies vocales n’est pas nouveau, les Fisk Jubilee Singers s’étaient produits en Europe dès 1873 et auraient fait pleurer la reine Victoria, l’explosion de petits labels indépendants permet d’intensifier le mouvement. Forgés au son du R&B et à l’école du Gospel, de nombreux groupes voient le jour, se produisant dans les rues, les cages d’escaliers, au bas des ghettos ou devant les salons de coiffure ou autres commerces, là où les gens sont susceptibles de leur donner la pièce. On estime que près de 15 000 ensembles se créèrent durant les fifties.

Parmi les nombreux précurseurs figurent des groupes de légende : les Ink Spots, le Golden Gate Quartet, The Mills Brothers ou les Orioles. L’animateur radio Alan Freed est l’un des premiers à programmer ces groupes sur les ondes américaines, une alternative à la vague Rockabilly qui déferle au même moment. L’Industrie du disque s’aperçoit rapidement qu’il y a là matière à se remplir les poches et des groupes blancs beaucoup plus lisses eux aussi se multiplient : The CREW-CUTS, un quartet canadien, DION & The BZLMONTS ou bien encore les FOUR SEASONS de Frankie VALLI. A la fin des fifties, le Doo-Wop devient même un instrument d’intégration pour une poignée de chanteurs noirs, The DELL-VIKINGS, un ensemble de Pittsburgh compte parmi les premiers à oser composer un groupe mixte.

A l’orée des sixties, la tradition du Doo-Wop retombe comme un flan, les modes et les mentalités changent d’un coup avec l’apparition de la Soul, registre plus proche de la préoccupation du public noir.
Autre détail amusant, au milieu des fifties, alors que le Doo-Wop est à son apogée, le registre voit apparaître de nouveaux groupes prenant des noms d’oiseaux : Les Ravens (corbeaux), les Crows (corneilles), les Robins (rouges-gorges), les Orioles (loriots), les Larks (les alouettes), les Falcons (faucons), les Penguins (les pingouins), les Cardinals (cardinaux) et enfin les Flamingos (les flamants).

Formé à Chicago dès 1952, les FLAMINGOS évoluent préalablement sous le nom des Swallows (les hirondelles) puis des Five Flamingos avant d’opter pour les Flamingos, plus simple. Sous la houlette de Jake Carey (voix de basse) et du cousin Zeke Carey (second ténor), tous deux issus de la chorale religieuse Church of God and Saints of Christ, le duo se transforme en quintet avec les arrivées de John Carter (1er ténor), Earl Lewis (voix de tête) et Judah Byrd (baryton) bientôt remplacé par Paul Wilson. Dès 1953, l’ensemble enregistre six singles pour le label Chance Records d’Art Sheridan. La troupe enchaîne alors chez Parrot Records et chez Checker (filiale de Chess) firme pour laquelle elle grave six autres singles. Entre 1957 et 58, les Flamingos sont les auteurs de trois singles pour Decca, mais le géant, ne s’étant jamais intéressé au groupe, rompt leur contrat. En fin d’année, nos oiseaux sont embauchés par George Goldner, patron du label End Records pour qui le groupe enregistre une vingtaine de 45 tours jusqu’en 1963. Goldner n’est pas le premier venu, il est à l’origine de la montée dans les charts des Chantels et de Little Anthony & the Imperials.

Depuis leurs débuts, les Flamingos jouent dans les plus grandes salles, participent à de nombreuses émissions télé et au film « Rock, Rock, Rock » de Will Price, interprétant « Would I Be Crying », titre édité en single par CHECKER un an plus tard. C’est en avril 59 que sort « Flamingo Serenade » le premier 33 tours des Flamingos. Depuis sa création, il ne reste plus que les cousins Carey et Paul Wilson de la formation d’origine qui a vu les arrivées en 1954 de Nate Nelson (1er ténor et cousin de Sonny Til des Orioles), Charles « Tommy » Hunt et Terry « Buzzy » Johnson en 56, le groupe se transformant en sextet. Le groupe est à son apogée. Quelques semaines après la sortie de ce premier disque, nos flamants sont de retour au cinéma où ils tournent dans le film « Go Johnny Go » aux côtés de Jimmy CLANTON, Chuck BERRY, Eddie COCHRAN et Ritchie VALENS dont ce sera l’unique participation hollywoodienne.

Les FLAMINGOS ont donc le vent en poupe durant le printemps 56. Conscient que les modes changent, George Goldner invite les oiseaux à sortir de leur cage. Si l’album comprend cinq titres sortis en singles, le producteur oriente le sextet vers un répertoire axé sur la ballade et la variété Pop en droite ligne avec les PLATTERS et Nat King COLE. Finies les onomatopées si caractéristiques du registre, finis les « Doo-Wop », les « Cu-Bop », les « Poppa-Duppa », les « Chick-A-Boom », les « Ba-Boom » et les « Ooom-Ooom », toutes ces petites interjections, ces cris et ces bruitages qui faisaient la force du registre. Désormais nos Flamants font dans la romance et la guimauve. Certes, les harmonies vocales reposent toujours sur une rythmique portée par la voix de basse, renforcée par un second ténor et un baryton mais toutes originalité et touche pittoresque sont ici gommées au profit de chansons douceâtres piochées dans le répertoire de la « variétoche noire ».

Pas de compositions alors que les cousins Carey et Nate Nelson savaient surprendre les auditeurs avec leur fantaisie. En ouverture et fermeture, deux reprises du couple GERSHWIN avec « Love Walked In » et « But Not For Me (They’re Writing Songs Of Love) ». Si le premier a été repris en plusieurs occasions (Louis ARMSTRONG, Johnny MATHIS ou Nat King COLE), cette guimauve sucrée n’a pas de quoi faire sauter l’applaudimètre. L’instrumental de Dave BRUBECK paraît largement plus enjoué que cette soupe sirupeuse. Impression encore plus prononcée avec le second, morceau typique du Jazz Vocal livré ici comme si nos Flamants étaient tombés en complète léthargie. Les versions instrumentales de Joe PASS, Ruby Braff ou du Modern Jazz Quartet semblent péter le feu par rapport à cette malheureuse tentative.
On pouvait espérer que « Music Maestro, Please » apporte un peu de peps, mais c’est encore raté, à tel point que la version de Love Unlimited Orchestra avec Barry WHITE s’avère un vrai Rock n Roll par rapport à cette interprétation de limace, bien loin de valoir celle de Billy WARD & his Dominoes. On continue d’espérer qu’une chanson nous sorte de notre sommeil et on se dit que « Begin The Beguine », standard de Cole Porter, arrive au bon moment, mais nenni ! On préfère revenir à la version des ANDREW SISTERS pleine de punch mais on peut aussi se persuader que c’est tout de même mieux que « Une Chanson Qui Revient », adaptation de Julio IGLESIAS.

On continue stoïquement de garder une once d’espoir avec « The Breeze And I », mais cette fois encore, la reprise fait pâle figure à côté de celle du saxophoniste Coleman Hawkins. Ouf ! Nous sommes enfin récompensés avec « I Only Have Eyes For You », un vieux classique d’Henry Warren, non pas que le rythme s’annonce dévastateur, c’est toujours aussi lent, mais l’orchestration et le tempo bien groovy nous plongent dans une langueur torride. Le morceau connaît par la suite des reprises connues (Art GARFUNKEL, Billy PAUL et plus près de nous Jamie CULLUM). Décidemment, on a bien fait de garder notre foi intacte, nos oiseaux parviennent encore à faire illusion sur « As Time Goes By », un vieux standard Jazz des années trente connu chez nous via une reprise de Petula CLARKE et un instrumental de Dexter GORDON. Bon OK, c’est bien tendre mais les FLAMINGOS nous démontrent ici qu’Arielle DOMBASLE a du pain sur la blanche. On note que CHRISTOPHE a adapté le titre sous l’intitulé « Privé d’Amour », adaptation peu réussie en l’occurrence. On n’évoque pas ici les autres titres, aussi lymphatiques que peu captivants.

Alors pour résumer, George Goldner semble s’être fourvoyé en orientant le groupe vers un répertoire old time et mollasson. Le producteur a tenté le coup mais confondre six beaux flamants noirs avec Jimmy DORSEY, Bing CROSBY et autres crooners blancs pre-war sur des tempos d’une lenteur sirupeuse pouvait s’avérer discutable en 1959. Soixante ans après sa sortie, ce disque demeure vieillot et pénible à l’écoute, pourtant les harmonies vocales de ces six chanteurs méritaient mieux. C’est tout ce qui reste de ce disque. Autre difficulté, où le classer ? En variété internationale ? Pour plus de cohérence, cet album est répertorié dans la case Soul. Mais il est vrai qu’avec un tel titre « Flamingo Serenade » annonçait plus ou moins la donne : de la Sérénade (pas toujours bien arrangée). Deux titres corrects sur douze. Cela nous amène à une note réelle de 1, 5.

A lire aussi en SOUL par LE KINGBEE :


Candi STATON
Candi Staton (2004)
Un must de la soul sudiste




Danny WHITE
Natural Soul Brother (2007)
Chanteur méconnu entre new orleans et memphis soul


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Nate Nelson (chant)
- Zeke Carey (chant)
- Jake Carey (chant)
- Paul Wilson (chant)
- Tommy Hunt (chant)
- Terry'buzzy' Johnson (chant, guitare)


1. Love Walked In.
2. Music, Maestro, Please.
3. Begin The Beguine.
4. The Breeze And I.
5. Time Was.
6. Goodnight, Sweetheart.
7. I Only Have Eyes For You.
8. I'm In The Mood For Love.
9. As Time Goes By.
10. Where Or When.
11. Yours.
12. But Not For Me (they're Writing Songs Of Love).



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod