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MOON MULLICAN - I'll Sail My Ship Alone (1966)
Par LE KINGBEE le 1er Février 2018          Consultée 1354 fois

Moon MULLICAN est à ranger parmi les maillons prédominants de la Country Music. Peu connu dans notre petit pays, peu propice à la Country et à ses dérivés, ce pianiste a influencé bon nombre de futures vedettes de la musique américaine. Etudions brièvement son parcours. Aubrey Wilson Mullican voit le jour en 1909 à Corrigan, un bled paumé situé à 150 bornes de Houston (Texas). Il se lance dès huit ans dans l’apprentissage de la guitare par l’entremise de Joe Jones, un métayer noir qui lui enseigne les accords du Blues. Il délaisse vite l’instrument pour se consacrer au piano, débutant sur le petit orgue paternel. Très vite, il joue au sein de la paroisse locale puis se lance dans le boogie. Gamin, il se produit dans les juke-joints des environs, remplaçant parfois les pianistes noirs du terroir (Cow-boy Washington, Buster Pickens ou Joe Jones) lorsque ceux-ci sont indisponibles.

A seize ans, il quitte le giron familial rejoignant Houston bien décidé à vivre de sa musique. Il se produit alors la nuit dans tous les beuglants de la ville, ce qui lui vaut le sobriquet de Moon (la lune). Le gamin se retrouve alors au cœur du Western Swing, mais son apprentissage lui permet aussi d’intégrer à son répertoire du Blues, du Folk, du Spiritual mais aussi des airs issus des folklores écossais et irlandais. A la fin des années vingt, il devient l’un des pionniers du Hillbilly-Boogie, registre issu de la fusion entre le Boogie-woogie des noirs et le Hillbilly des blancs.

Au début des années trente, il intègre les Blue Ridge Playboys avant de passer en 1936 dans les rangs des Texas Wanderers du fiddler Cliff Bruner. En 1940, il apparait brièvement dans la comédie « Village Barn Dance » du réalisateur Frank Mc Donald. En 1943, il participe à la tournée servant de campagne électorale à Jimmie Davis (futur Gouverneur de la Louisiane). Il enchaine dans divers orchestres (les Showboys, nouveau groupe de Cliff Bruner, Buddy Jones, Sunshine Boys, Modern Mountainers), mais c’est en 1946, qu’il est embauché par King Records, le label de Cincinnati fondé par Syd Nathan, enregistrant ainsi pour la première fois sous son nom. L’année suivante il grave « New Jole Blon », une adaptation du « Jole Blonde » du cajun Harry Choates, un single qui devient disque d’or et permet au label King de s’implanter durablement.

Entre 1949 et 1955, le pianiste devient l’une des vedettes du Grand Ole Opry, tourne avec Hank WILLIAMS. En janvier 1956, il met en boite deux classiques du Rockabilly « Honolulu Rock A Roll-A » et « Seven Nights To Rock » en compagnie de Boyd Bennett and His Rockets avant de rejoindre Decca deux ans plus tard. Il enchaînera ensuite Chez Starday, label chez qui il connaîtra son dernier hit avec « Ragged But Right » gravé en novembre 1960. Durant les sixties, victime de problèmes de santé, il limite ses productions tout en déplorant l’édulcoration de la Country et plus particulièrement l’hégémonie du Nashville Sound. Moon Mullican décède d’une crise cardiaque le 1er janvier 1967, son éloge funèbre étant prononcé par l’ancien gouverneur et countryman Jimmie Davis.

Après avoir mis en boite quelques titres pour le label Kapp au milieu des sixties, Moon Mullican, libre de tout contrat, est contacté au début de l’année 1966 par William Beasley pour une session d’enregistrements. Ancien producteur pour les labels Republic et Tennessee Records, Beasley a fondé Sterling et Spar Records, deux petites maisons de disques qui n’ont pas fait d’étincelles. Le contact entre les deux hommes est excellent, le producteur rappelle au pianiste qu’il bossait comme jeune assistant lors du tournage de son unique film, 25 ans plus tôt. Au milieu de l’année, Mullican signe un contrat avec Beasley afin de publier deux albums. Contre toute attente, le petit label propose une solide line-up pour épauler le pianiste : le bassiste Ernie Newton (un ancien accompagnateur de Bill Monroe, Hank Williams, Hank Snow, Kitty Wells ou Webb Pierce), le batteur Steve Bess membre des Cherokee Cowboys et deux jeunes guitaristes Jimmy Wilkerson (ex Christine Kittrell et Boots Randolph) et Mac Gayden (futur Area Code 615, et patron du label Wild Child Records). Au niveau du répertoire, Beasley n’impose rien et laisse carte blanche au pianiste.

Le vétéran va alors piocher entre d’anciens titres qu’il a envie de rejouer avec de nouveaux arrangements et incorporer de nouvelles chansons. Mais c’est bel et bien l’éclectisme du répertoire qui frappe avant tout. Le pianiste pouvait tout jouer, se montrant dans son élément aussi bien dans le Western Swing, le Hillbilly, le Honky Tonk, le Blues et le R&B. On retrouve ici d’anciens titres qui font figure de chevaux de bataille. Le disque s’ouvre avec un de ses plus gros succès, numéro 1 des charts Country en 1950, « I’ll Sail My Ship Alone »* un Honky Tonk piano qui sera repris de nombreuses fois (Jerry Lee Lewis, Red Sovine, Ray Price jusqu’à Tom Jones). Mais c’est bien le jeu de piano qui fait toute la différence par rapport aux diverses covers. Autre succès gravé à la même époque, « You Don’t Have To Be A Baby To Cry » connaîtra lui aussi de multiples reprises (Ernest Tubb, Ernie Tennessee Ford, Julie London). Petite anecdote amusante, c’est le duo d’anglaises les Caravelles qui feront connaitre le morceau en Europe en 1963. Chez nous, la starlette Claudine Longet, ancienne épouse d’Andy Williams aussi connue pour une sombre affaire d’homicide par négligence en délivra une version pas piquée des hannetons. Pas mal pour une chanteuse qui n’avait pas de voix. On préfèrera cependant la version du single King avec sa partie de piano en Hillbilly Tonk.

Ses influences Blues sont bien palpables sur « Columbus Stockade Blues » œuvre du duo Darby & Tarlton. Mais on ne peut s’empêcher de penser que la version de Mullican contribuera à populariser le titre tombé depuis dans l’escarcelle de nombreux groupe de Bluegrass. Repris par The Browns, Doc Watson, le titre figure au répertoire de BLACKBERRY SMOKE. Il reprend « Old Pipeliner (Pipeliner Blues) », une ode aux foreurs de puits de pétrole, une petite pépite de Western Swing. Il avait gravé le morceau dès 1940 sous l’intitulé « Pipe Liner’s Blues » au sein des Sunshine Boys dans une version avec fiddle. Moon Mullican reprend également de gros standards : « Sweet Gergia Brown » délivré ici dans une veine Hillbilly Rag pleine de verve. Autre emprunt qu’il s’accrédite avec « Corinna Corinna », proche variante du « Corrine Corrina » de Bo Carter. Si ce titre a connu divers variantes sous divers intitulés, le morceau avait connu dès les années 30 des versions Western Swing (Texas Wanderers, Bob Wills, Milton Brown) dont s’inspire le pianiste.

Les nouveaux titres proposent un éventail dans lequel viennent se greffer toutes les influences de Mullican. On retrouve des pièces de Blues avec « Moon’s Blues », une réponse à son « Moon’s Rock » gravé en 58, du Hillbilly « Mr. Teardrop » et « Gamblin’ Blackie » qui se rapproche du répertoire de Johnny Horton, du Honky Tonk « Love Don’t Have A Guarantee », de la balade nashvilienne « Lucky Me », du Hillbilly Boogie « You Can’t
Take It With You ».Si le piano demeure l’instrument prédominant du disque, il faut signaler l’absence de fiddle et la propension de la guitare de Jimmy Wilkerson estampillée d’un cachet nettement plus black par rapport aux productions Country du moment.

Ce pionnier du Western Swing et du Honky Tonk Piano, chanteur plein d’humour à la voix nasillarde, semble nous saluer à travers sa pochette. En réalité c’est presqu’un adieu qui agite le bras du pianiste. Avant dernier disque capté de son vivant.

*Le label Proper a publié en 2002 une compilation sous forme de double CD comportant le même titre que ce vinyle.

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   LE KINGBEE

 
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- Moon Mullican (chant, piano)
- Jimmy Wilkerson (guitare)
- Mac Gayden (guitare, lap steel)
- Ernie Newton (basse)
- Steve Besse (batterie)


1. I'll Sail My Ship Alone.
2. Swwet Georgia Brown.
3. Moon's Blues.
4. Corinna Corinna.
5. You Don't Have To Be A Baby To Cry.
6. Mr. Teardrop.
7. Love Don't Have A Guarantee.
8. Columbus Stockade Blues.
9. Lucky Me.
10. You Can't Take It With You.
11. Gamblin' Blackie.
12. Old Pipeliner (pipeliner Blues).



             



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