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- Style + Membre : Gabriel Keller

HEGOA - Rêve De Papier, Partie 1 - Rime à Rien (2018)
Par MARCO STIVELL le 22 Février 2018          Consultée 2850 fois

Décidément, entre HEGOA et la folk psychédélique d'ODESSEY & ORACLE, la scène lyonnaise est pleine de talents, dans un registre à la fois accessible et qui voit plus loin que le bout de son nez. Le genre d'artistes-enchanteurs pour lesquels on vise la "troisième étoile à gauche et tout droit jusqu'au matin", régulièrement avec une belle volonté.

Alors, on se met dans un canapé, après avoir allumé la chaîne hi-fi, on écoute le premier EP d'HEGOA, appelé Rêve de Papier, partie 1 – Rime à Rien, et on ressent un plaisir non dissimulé. Des bruits étranges et industriels se font alors entendre au début, et arrive une surprise de taille, la voix d'un certain Christian Décamps, chanteur du groupe ANGE ! Sa présence est due à un pur hasard, bienheureux il faut le dire.

"Je vous le dis par expérience. Toute cette humanité, de la racine des cheveux jusqu'à la pointe des ongles, succombe à des rêves de papier. Il n'y a rien qui ressemble tant à du papier que la vie réelle..." Le vieux sage franc-comtois a parlé, et ces paroles lui siéent fort bien. HEGOA est fin prêt pour nous conduire au-delà d'une réalité factice même si le combat personnel pour en sortir est un labyrinthe tortueux, y compris musicalement.

Les titres les plus touffus et impressionnants sont "Rime à Rien", et le dernier "Stranded Minds". Le groupe y révèle des accointances blues-heavy rock ; la lenteur occasionnelle fait qu'on n'est pas si loin du doom metal ! Aux guitares, Charlie Henry et Gabriel Keller déballent tout l'emballage gras dont ils sont capables, et avec Marine Poirier au chant, HEGOA possède un élément des plus remarquables. En français ou en anglais, sa voix est littéralement charmante, sensuelle, hypnotisante !

Le groupe multiplie les plaisirs en collant de près au concept de ces rêves de papier ou cette réalité surréaliste, décrite par les textes de Yann Frey. Une poésie prenante à sa façon, qui rejoint ANGE par bien des aspects justement, mais hélas pas toujours audible car le son noie légèrement trop la voix de la chanteuse (le moment court où le rythme ternaire est très saccadé, vers la fin de "Rime à Rien"). Cela n'enlève rien à la classe de Julien Giet dont les parties de batterie sont un régal et renforcent la densité d'ensemble.

La même production est fort délectable lors des instants les plus aériens, comme la partie évanescente de "Stranded Minds", avant que mademoiselle Poirier ne chante le titre en question en se dédoublant ("strannnded minnnnnnds"). Un effet d'une beauté à couper le souffle, quand on sait ce qui suit ! "Les Lilas Dérobés" gardent fièrement le secret des expérimentations spatiales du groupe dont PINK FLOYD demeure l'une des influences principales. L'un des deux guitaristes arrive même à placer un solo d'harmonica passionnant. Un bon point aussi pour "Le Chant du Cygne" qui sonne très rock progressif à l'ancienne, avec ses guitares 12 cordes.

Le plus surprenant arrive au milieu de sélection. Joli moment où la chanteuse marche avec ses talons dans une rue sous la pluie, pousse une porte... On entend des cuivres, on pense que ce n'est que pour l'ambiance, mais non ! À la basse, Jonathan Camara lance un rythme funk en slap et pour deux chansons, HEGOA se transforme en groupe au son plus proche de l'afrobeat, une chaleur communicative très "live" et remplie de cuivres à ras-bord. Cela rend très bien, même si l'on peut regretter que les solos de saxophone (sachant que le premier s'arrête très vite) ne soient pas plus nerveux. Ailleurs, les guitares ne se gênent pas, elles !

Le concept global permet aux Lyonnais de passer d'un registre à l'autre d'une manière fluide, et l'inspiration demeure au rendez-vous d'un bout à l'autre de l'EP. C'est une découverte très chic, et on n'attend qu'une chose : la deuxième partie !

https://www.facebook.com/hegoamusique/

Note : le groupe sera en concert le 16 mars à Domaize (63, village proche d'Ambert), dans le bar de notre kro-collègue Long John Silver, l'Or@nge Amer !

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   MARCO STIVELL

 
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- Yann Frey (textes)
- Marine Poirier (chant, guitare, accordéon)
- Charlie Henry (guitares, choeurs)
- Gabriel Keller (guitares, choeurs, harmonica)
- Jonathan Camara (basse, choeurs)
- Julien Giet (batterie, percussions, choeurs)
- Sos Section (cuivres, solos saxophone)
- Paola Rezze (violoncelle)


1. Prologue
2. Rime à Rien
3. Les Lilas Dérobés
4. La Fin Des Madones
5. Anitha
6. Le Chant Du Cygne
7. Stranded Minds



             



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