Quarante années séparent l’enregistrement de la parution de ce concert enregistré au Calderone Concert Hall, Hempstead, New York, le 11 août 1978. Quasiment au moment où Dickey BETTS sort d’une retraite de presque quatre ans, (son dernier concert répertorié est du 24/08/2014), et annonce son retour sur scène avec une tournée US et en point d’orgue un passage au Peach Music Festival de Scranton en juillet 2018. Il convient de saluer ce retour quasi-inespéré de l’homme qui a façonné le son de l’ALLMAN BROTHER BAND. Ne nous y trompons pas, Duane ALLMAN bien sûr était un génie de la slide, Warren HAYNES et Derek TRUCKS ensemble ont donné des concerts somptueux au cours des dernières années de l’histoire du groupe, mais l’homme qui a écrit les plus grands titres du groupe, celui qui a insufflé de la country dans le blues, qui a su continuer et magnifier l’œuvre de Duane dans les seventies c’est Dickey.

Le grand regret est son éviction du groupe, en 2000, par Gregg ALLMAN et cette longue fâcherie qui a duré jusqu’au décès de ce dernier, Dickey étant le seul membre des anciens de l’ABB à ne pas avoir été invité sur la scène du Beacon Theatre en 2009 pour les quarante ans du groupe. Assez vite, Dickey a entamé une carrière solo avec son premier album, Highway Call qui sort en 1974, puis, après une première dissolution des ALLMAN BROTERS, sortent Dickey Betts & Great Southern en 1977 et Atlanta's Burning Down en 1978.

Ce concert est donc un mix de ses premières années ALLMAN et de ses compositions solos. Le groupe qui l’accompagne est costaud avec les frères Toler, David Goldflies, Michael Workman qui tous gravitent (et jouent) autour de l’ABB family. Deux batteurs, deux guitares, cela ne rappelle-t-il pas l’ABB ? Et c’est du très haut de gamme, avec les classiques immortels « In Memory Of Elizabeth Reed », « Jessica / Southbound / Jessica » mélangé, « Ramblin' Man », « Crazy Love »,. Blue Sky”, “High Falls” le “Long Time Gone” de CSN&Y mais aussi “Bougainvillea” la chanson co-écrite avec Don Johnson, « California Blues » les deux figurant sur le deuxième album solo.

Ce concert, parfaitement enregistré, est une merveille, la famille Toler fait plus que le job, et le groupe dans son ensemble est particulièrement performant. Les guitares s’envolent dans de longs chorus, de longues improvisations qui ont forgé la légende de l’ABB, et on les retrouve dans les échanges entre Dickey et Dan Toler. Un titre comme « Crazy Love » soutenu habilement par la voix de Mimi Hart est superbement interprété. A souligner aussi, que Dickey s’en sort remarquablement au chant, lui qui a toujours été éclipsé dans ce domaine par Gregg dans l’ABB. Les morceaux sont étirés, « High Fall » dure plus de vingt-six minutes, ce qui laisse le temps aux guitaristes de se lancer dans une longue introduction puis de continuer à échanger des solos et des chorus, ici encore les deux batteurs font des merveilles.

Le groupe est quasiment un ABB bis et c’est un véritable régal d’entendre les morceaux dans une interprétation de très haute volée.