En cette année 2017, BRIGITTE reviennent avec un nouvel album en délaissant leur look de jumelles, celui qu'elles arboraient au moment de la période À Bouche Que Veux-Tu ? il y a deux ans. Nues nous les montre pourtant bien habillées, mais avec moins de strass et de paillettes, pour un disque apparemment plus "vrai".

Une exception notable, et qui pourrait passer facilement pour une chute de 2015, c'est "Paris", variation par les deux amies Sylvie et Aurélie de romance sur fond de capitale française. Rien d'original au niveau des textes, quelque chose de très traditionnel au contraire, et les élans funk du morceau s'accordent avec les lumières et la légèreté d'une soirée entre amoureux à travers Paname. Juste après, on trouve avec "Insomniaque" une tentative de bossa-nova saupoudrée des mêmes mots qui s'agrémentent de caviar.

Parmi les autres titres proposés, il y a "Sauver Ma Peau" et le single numéro 1 choisi, "Palladium" qui ont eux aussi une couleur vintage et fin des années 70, en évoquant tour à tour les chansons de Michel BERGER avec France GALL ou alors celles de Véronique SANSON. La voix de Sylvie Hoarau, plus grave, s'en rapproche souvent.

Peut-être que cela arrive un peu tard en sachant que la nouvelle vague de chanteuses, plus jeune et actuelle, reprend déjà cet univers à son compte, mais on reconnaît la qualité d'ensemble. L'argot se mêle aux paroles suaves, la complexité des relations à la sensualité, et ce début d'album reste tout à fait honorable. On apprécie l'intro folk de "Palladium" comme le solo de synthétiseur sur "Sauver Ma Peau", preuve que les demoiselles de BRIGITTE sont toujours aussi bien entourées.

Nues propose également des titres plus calmes, voire carrément plus sombres comme "Mon Intime Etranger", placé juste après "Le Goût du Sel de Tes Larmes", et si l'on apprécie la finesse des arrangements, à base de piano et d'esprit jazz, le talent du tandem s'essouffle légèrement, peut-être tout simplement car cela lui correspond moins. La voix la plus grave et solennelle des deux a aussi cette empreinte moins belle que la plus aiguë, mixée à l'arrière-plan et toujours splendide.

Les chœurs le sont aussi, et pour cela il y a un bel effort en particulier. On le reconnaît sur "La Morsure", un des deux ou trois excellents morceaux de l'ensemble. L'ambiance médiévale ou orientale de ce titre ensorceleur fait mouche et les voix d'enfants avec leurs "Ah ha ! Hey !" forment un beau mélange avec la trompette, le violon et bien sûr les chants des deux sirènes. Un bon point aussi pour "La Baby Doll de Mon Idole", titre soul et sexy garni de rares saxos et cuivres (qui gagneraient à être réutilisés donc), ainsi qu'un bon texte plein de sensualité et de métaphores musicales.

Toujours dans l'esprit "black", on peut encore citer le jazzy "Tomboy Manqué", et dans un registre plus rock cette fois, l'amusant "Zelda", ses "nanana", ses cloches tubulaires, ses claviers vintage et tout simplement son caractère qu'on espère retrouver lui aussi plus souvent sur un album de BRIGITTE. Allez Mesdames, faites-nous un disque nerveux pour une prochaine fois, vous en avez largement les épaules ! Pour l'heure, à défaut d'être leur meilleure création, Nues offre de bonnes idées et ce n'est déjà pas mal, même si sa diversité semble moins bien gérée que l'uniformité du disque précédent.