Le troisième et dernier album solo de Christine McVIE à ce jour paraît quelques années après son départ de FLEETWOOD MAC et à la soi-disant retraite. Peut-on toutefois parler d'âge canonique quand on voit pareille photo ? Jamais Christine, d'une beauté certes pas éclatante, mais dont on a pu voir des images tout à fait à son avantage, n'a paru aussi sexy, croqueuse de vie. Ruse de photographe ? Retouchage ? Restons dans le doute, et puis quelle importance ?

Elle vient juste de divorcer d'Eddy Quintela avec qui elle était depuis 1983. C'est telle une jeune femme à qui tout semble sourire qu'elle nous présente In the Meantime, en cette année 2004. Un disque réalisé en famille néanmoins car son neveu Dan aide Christine pour l'écriture de presque chaque morceau et pour l'enregistrement : il fait le mix et joue, entre autres, de la guitare.

La six-cordes est l'un des meilleurs faire-valoir de cette nouvelle fournée, quoique différente de ce que l'on a connu et notamment avec une forte personnalité comme Lindsey Buckingham. Il n'y a pas de solo, mais des arpèges, des canons de guitares et des choses sympathiques, pourtant très simples qui donnent une autre couleur aux chansons de la Dame. Pas davantage de membres de FLEETWOOD MAC invités, c'est une première. En revanche, on rencontre à la basse George Hawkins, ami fidèle de la bande et ancien membre du ZOO de Mick Fleetwood, ainsi que Steve Ferrone qui tout comme Hawkins avait participé à l'album de 1984.

Si on retrouve ici la même fraîcheur que dans ce dernier, c'est celle d'un fruit mûr, avec une production beaucoup moins luxueuse et plus intime. Tout comme les chansons, moins pop et rock que... funk ! Les rythmes syncopés et groovy sont une marque de fabrique de In the Meantime, de même que l'emploi du clavinet par-ci par-là et dès le premier morceau, "Friend". On parlait d'aspect sexy, c'est également le cas du chant de la Dame, bien caractériel, plus qu'auparavant. Sur "Anything Is Possible", il est délicieusement maniéré. Un autre point positif !

"You Are" est la seule composition de McVIE seule, et cela s'entend. C'est tout simplement la plus proche du son FLEETWOOD MAC, jusque dans le jeu de batterie de Steve Ferrone ! La 12 cordes est agréable ; au début, dans la progression d'accords, on croit même entendre un écho au lointain "Gypsy", la chanson de Stevie NICKS. Quant à "Calumny", titre de Dan Perfect seul à son tour, c'est une ballade pop-folk des années 90 avec un refrain plus faible au niveau des paroles, trop linéaire.

C'est hélas une autre caractéristique de cet album. Dame Christine semble avoir voulu employer un matériau plus petit que d'ordinaire, et cela donne des chansons qui, dans d'autres cas, tournent un peu à vide, bien qu'étant tout sauf désagréables. Quelques couleurs sont apportées, blues pour "Easy Come, Easy Go", latino pour "So Sincere", calypso sur "Sweet Revenge". Enfin, "Givin' It Back" conclut l'ensemble telle une brise marine, à travers un folk aérien de toute beauté co-écrit avec... Billy Burnette ! Si si, le guitariste du FLEETWOOD MAC millésimé 90-95 !

In the Meantime est joli, doux, sucré, mais il manque de consistance. Pour servir idéalement le chant de Dame Christine et un nouveau souffle d'inspiration bienvenu, il aurait peut-être mieux valu d'autres arrangements. Par exemple, sur "Forgiveness", de vrais cuivres plutôt que des synthés imitateurs, et ailleurs, des choses qui auraient pu aérer le tout, trop confiné de fait. Christine McVIE dira de ce disque qu'il contient de bonnes chansons mais, avec le recul, elle n'y était pas du tout.