1979-1980. FLEETWOOD MAC réalise une tournée triomphale, le groupe apparaît au top de sa forme (bien aidé par la cocaïne, certes), Stevie Nicks déclenche systématiquement l'hystérie du public... Quoi de mieux qu'un live double pour clôturer une période aussi faste que cette seconde moitié d'années 70, pour l'un des phénomènes musicaux les plus importants du moment ?

Comme toujours, le groupe met en valeur l'équilibre qui le caractérise en alternant différentes chansons écrites par chacun de ses trois compositeurs, tubes ou non, faisant logiquement la part belle aux trois derniers disques, ceux des grands succès et qui sont à l'origine de tous les excès. Ils laissent même de la place aux morceaux issus des carrières solo alors naissantes, notamment pour Stevie Nicks dont le premier album, Belladonna, est l'un des best-sellers de l'année 1980.

Cependant, et pour un bon tiers du temps, la singularité du FLEETWOOD MAC live est retransmise dans les moments où le groupe redevient masculin, sans le concours de Nicks et pendant lesquels Christine McVie joue du piano occasionnellement. Mick Fleetwood, John McVie et Lindsey Buckingham forment momentanément un trio rock d'une puissance et d'une énergie qui n'ont rien à envier aux groupes emblématiques de l'époque.

En tête de ces instants priviégiés, on trouve bien entendu «Oh Well» (première partie uniquement, bien sûr), le seul morceau rappelant au grand public que FLEETWOOD MAC a existé bien avant 1975. Buckingham, comme ses prédécesseurs, rend ainsi un hommage vibrant à Peter Green, jusque dans le chant, et bien sûr, par des riffs personnels, furieux. On retrouve cette empreinte sur le pourtant très répétitif «Not That Funny», extrait court de Tusk dont la durée est triplée au bas mot, fortement dynamisée. La rythmique McVie-Fleetwood s'en donne à coeur joie...

«I'm So Afraid», également allongé, reste l'un des clous de ce live, tout comme «Rhiannon», rendu incantatoire par un Fleetwood possédé et une Stevie Nicks métamorphosée (en sorcière !). À l'opposé total question ambiance, Buckingham, que l'on peut aisément apprécier en dehors des artifices de studio et en acoustique pour le coup, propose une variation fort émouvante de «Never Going Back Again». Toujours dans la douceur, «Sara» et «Over and Over» sont des petits bijoux à leur manière.

Certains tubes parmi lesquels «Say You Love Me», «Over My Head» et «Don't Stop» bénéficient de la chaleur live, avec ces harmonies dont on se délecte facilement, même si Stevie semble parfois légèrement «à côté», preuve d'authenticité. On les retrouve sur la reprise sympathique des Beach Boys, «The Farmer's Daughter», enregistrée en petit comité (proches et équipe technique), tout comme les morceaux solo où seul le «Fireflies» de Nicks se démarque vraiment.

La production est explosive et évidemment, on se rend à peine compte - même si c'est évident - que chaque morceau est prélevé sur différentes dates de ce tour mondial (Cleveland, Paris, Londres, Tokyo...). La compilation est généreuse, même si certains moments comme «Not That Funny» peuvent donner une légère impression d'alourdissement lors des premières écoutes. C'est pourtant un effort représentatif de la diversité et de la cohésion (musicale !) de FLEETWOOD MAC, alors au faîte de sa carrière, brillant autant en live qu'en studio.