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CHICAGO PIANO BLUES  |  STUDIO

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Willie DIXON - Songs Of Memphis Slim & Willie Dixon (1960)
Par LE KINGBEE le 22 Mai 2018          Consultée 1338 fois

Après avoir enregistré « Willies’s Blues » en décembre 1959, Willie DIXON et Memphis SLIM remettent aussitôt le couvert. Cette fois ci, les deux complices évoluent en duo dans une formule minimaliste. Les deux amis qui enregistreront ensemble plusieurs disques proposent ici dix titres, tous composés par l’aîné (Willie étant le plus âgé de deux mois).

C’est donc un répertoire personnel que nous offrent les deux musiciens. En ouverture, « Joggie Boogie » constitue une bonne mise en bouche avec un boogie instrumental bien rythmé, la contrebasse imprime le tempo et s’offre même un bon petit solo en milieu de morceau, mais les deux amis ne semblent avoir pour but que de mettre le partenaire au diapason. Le morceau sera repris dans une version chantée par les Dubs, un modeste groupe de doo-wop. Le duo tempère son ardeur avec « Stewball », titre inspiré par son homonyme composé par Ledbelly et petit succès du Golden Gate Jubilee Quartet. Si les deux hommes se donnent la réplique, les influences Folk de la version de départ sont gommées au profit d’une orientation religieuse, Stewball n’étant qu’une allégorie du cheval blanc cité dans la Bible. L’ambiance est ici nettement plus sombre, crépusculaire et sérieuse que dans les adaptations du poème de Paul Fort par BRASSENS et les FRERES JACQUES.

Après le cheval biblique, place au mythique avec John Henry, personnage récurrent du Folk et du Hillbilly à l’instar de Pecos Bill ou Paul Bunyan. Le Blues ne pouvait bien sur pas laisser une telle figure de côté. Si certains bluesmen pre-war composèrent différentes odes à la gloire de ce sauveur (Josh White, Ledbelly, Furry Lewis) nos deux larrons ne pouvaient rester en reste avec ce Folk Blues. Dixon et Slim nous proposent une visite guidée de Kansas City via un Piano Blues qui met en lumière certains de leurs vénérables collègues (Joe Turner, Frankie Jaxon, Lottie Beaman), un leitmotiv déjà abordé par Lonnie Johnson, le Memphis Jug Band ou Robert Nighthawk. Cette invitation au voyage prend une couleur et des rythmes différents, le titre se divisant sous formes de trois escales distinctes, mais la longueur du morceau presque 8 minutes finit par épuiser le voyageur le plus chevronné. Si vous êtes amateur de complainte monotone et « emmerdante » « Have You Ever Been To Nashville Pen ? » devrait faire l’affaire.

On ne compte plus le nombre de reprises et variantes de « Rollin’ & Tumblin’ », titre d’Hambone Willie Newbern, un guitariste originaire du Tennessee. Le titre a été tellement rabâché qu’on l’attribue souvent au Chicago Blues via les versions de Muddy WATERS et Johnny Shines. Si le titre a été repris à toutes les sauces (Blues, Country Blues, Folk, Hillbilly, Rock, Cow Punk) avouons qu’il existe des versions plus captivantes que celle de nos deux duettistes. On ne saurait trop conseiller les versions précitées ou bien celles de R.L. Burnside, Son House ou Mississippi Fred McDowell ou bien dans un registre plus novateur et énérgique celles de CREAM, DR. FEELGOOD, TEDESCHI TRUCKS BAND ou du duo CYNDI LAUPER/ANN PEEBLES. Là, le tempo flemmard de la contrebasse et du piano finit par ennuyer, d’autant plus que Willie Dixon n’a jamais été un chanteur d’exception.

Les chansons à boire ou le thème de la boisson font souvent d’habiles incursions dans le Blues. On aurait aimé que « Beer Drinking Woman » soit un peu plus … « titubante », le titre manque de folie d’autant plus qu’il est court. Signalons au passage que contrairement aux indications du disque, le morceau n’est pas de Willie Dixon mais de son compagnon, Memphis Slim (aka Peter Chatman) ayant gravé vingt ans avant le morceau pour la firme Bluebird.

Le duo rend hommage aux Rent House Parties, procédé qui aura permis à de nombreux musiciens de se produire dans des appartements ou maison privés, le propriétaire des lieux contribuant à apporter boisson et nourriture contre une modeste contribution permettant ainsi aux musiciens d’arrondir leur fin de mois. Le titre vaut surtout par le dialogue échangé par les deux amis sous couvert d’une contrebasse évocatrice du jazzman Slam STEWART. « 44 Blues » propose un bel exercice de Piano Blues mais avouons qu’il n’y a là rien de mirobolant. Le label accrédite encore par erreur le titre à Dixon alors que le morceau provient de Rooselvelt Sykes, le titre ayant germé dans l’esprit de Little Brother Montgomery. Pour l’anecdote, ce titre se rapporte aux 44 touches noires d’un piano, celles servant de demi-ton. Le disque se conclut sur « Unlucky », titre contant les déboires d’un homme malchanceux en amour », parfait prototype d’un dialogue basse piano.

Est-ce la formule minimaliste ou le répertoire bien trop sage, mais on a connu ces deux légendes du Blues bien plus inspirées. Ces deux virtuoses feront bientôt partie de la première tournée en Europe de l’AFBF, Memphis Slim s’installera ensuite en France épousant au passage une de nos compatriotes. Ce disque se situe un ton en dessous du précédent « Willie’s Blues », le feeling et la virtuosité des deux musiciens ne sont pas en cause, même si une certaine routine semble s’établir, mais on aurait aimé un répertoire plus nerveux dans le registre du titre d’ouverture, un boogie woogie furieux et plein de punch. Le disque sera réédité en 1968 via le Chant du Monde. Note réelle 2,5.

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   LE KINGBEE

 
  N/A



- Willie Dixon (chant, contrebasse)
- Memphis Slim (chant, piano)


1. Joggie Boogie.
2. Stewball.
3. John Henry.
4. Kansas City No 1,2 And 3.
5. Have You Ever Been To Nashville Pen?
6. Roll And Tumble.
7. Beer Drinking Woman.
8. Chicago House Rent Party.
9. 44 Blues.
10. Unlucky.



             



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