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1970 Stone The Crows
Ode To John Law

STONE THE CROWS - Stone The Crows (1970)
Par LE KINGBEE le 1er Juin 2018          Consultée 1412 fois

Si Edimbourg est bien la capitale de l’Ecosse, c’est bien Glasgow qui fait figure de bastion économique et musical. Quand on aborde l’Ecosse, on pense en premier aux cornemuses, aux danses celtiques. Certains groupes locaux ont bien évidemment connu une carrière interplanétaire, on pense en premier lieu à SIMPLE MINDS, TEXAS. Mais quand on farfouille un peu plus, on s’aperçoit que si le pays a fourni des groupes de valeur, ces derniers ne durèrent jamais très longtemps. Cela est d’autant plus frappant si on fait le parallèle avec le voisin anglais.

STONE THE CROWS avait pas mal d’atouts pour s’imposer durablement dans l’industrie du disque, un accident stupide viendra hélas tout remettre en cause avec le décès de Leslie Harvey.
Maggie BELL, ancienne chanteuse du trio féminin The Trixons, se fait les dents dans les tavernes et les bases militaires de la ville depuis quatre ou cinq ans. Elle croise souvent au hasard de concerts Leslie Harvey, ancien membre de Blue Council et cadet d’Alex HARVEY. Blue Council n’a enregistré qu’un unique single, le groupe est dissous après un accident de car qui coûte la vie à deux membres du groupe. En 1968, Leslie intègre Cartoone, autre groupe écossais, mais la firme Atlantic décide de mettre fin à leur contrat avec pour conséquence un disque qui ne verra jamais le jour.
Leslie se retrouve encore en plan mais, suite à une énième rencontre avec la belle Maggie, le guitariste décide de monter son propre groupe The Power. Harvey recrute Jim Dewar (ex bassiste des Gleneagles et de la chanteuse Lulu), l’organiste John Mc Ginnis qui a côtoyé le précédent au sein de Sock’ Em JB et enfin le batteur Henry Wright.
Le groupe fait ses gammes à Glasgow et devient vite l’attraction locale. Il faut dire que la belle Maggie envoie du bois au micro. Le groupe attire l’attention du fantasque Peter Grant*. Ancien videur du 2I’s Coffee Bar à Soho, Grant a tenté sa chance dans le cinéma, est devenu roodie pour divers groupes, ce qui l’a naturellement amené à devenir producteur. Ancien producteur des YARDBIRDS, Grant est retombé sur ses pieds en lançant LED ZEPPELIN, l’homme a du poids.
Repéré lors d’un concert, The Power devient STONE THE CROWS, nom dû à une expression que le producteur n’arrête pas de sortir. Ce changement de nom pousse le batteur Henry Wright à quitter le groupe, remplacé par l’anglais Colin Allen (ex Zoot MONEY et John MAYALL), grand amateur de Jazz et de Soul. Cette arrivée n’est pas anodine et pousse le groupe vers une orientation encore plus bluesy par rapport aux premières prestations du groupe sur scène. Grant, devenu un personnage influent, leur décroche un bon contrat avec la firme Polydor.

Polydor ne lésine pas, envoie son nouveau poulain à Londres à l’Advision Studio. Nouvellement déménagé, l’endroit bénéficie des toutes nouvelles techniques d’enregistrement, l’époque où les YARDBIRDS et The MOVE vinrent y graver leurs premiers disques est révolue. Ce studio devient bientôt le lieu de prédilection des groupes de Prog. du pays.

Au moment de rentrer en studio, STONE THE CROWS est au point, cela fait trois mois qu’il peaufine son premier disque. Grant confie la production à son grand ami Mark London. Si London avait enregistré trois 45 tours qui ne connurent aucun succès, il excelle comme auteur compositeur. Il vient de se faire un nom avec « To Sir With Love », une ballade chantée par Lulu servant de bande son au film du même nom. Cerise sur le gâteau, cette soupe s’est classée Numéro Un chez les ricains. London a aussi d'autres autres cordes à son arc : il a déjà collaboré avec Cartoone, connait bien Leslie Harvey et demeure disponible à temps plein. Grant officiera cependant comme producteur exécutif.

Si la pochette donne le beau à un épouvantail, ce sont les corbeaux qui attirent l’œil. Il n’y a là rien qui puisse renseigner sur le contenu. Le premier titre nous met dans le bain avec « The Touch Of Your Loving Hand » un long blues mélodique de 6 minutes dans lequel Jim Dewar et Maggie Bell se livrent à une démonstration pleine de feeling. Reste à savoir si les deux grains de timbres bien différents mais complémentaires n’ont pas été bouffés par les corneilles. Une excellente entrée en matière dans le genre slow blues. Le thème du cœur rempli de pluie, métaphore de la tristesse ou de l’amour perdu, a déjà été célébré via deux titres homonymes à succès « Raining In My Heart » par Buddy Holly et par Slim Harpo. Si ces titres, maintes fois repris, distillent généralement des ballades oscillant entre lenteur, spleen et mélancolie, « Raining In Your Heart », compo du tandem Harvey/Dewar, se révèle un blues up tempo. Là encore, les timbres de Dewar et de Maggie Bell se succèdent avec rage, tandis que la guitare semble avoir le mors aux dents. Un bon morceau de Blues aux confins du Rock Psyché.
Changement de ton avec « Blind Man », titre tiré du traditionnel mais œuvre probable de Josh White ou Blind Blake. Là, la guitare acoustique prend le relai dans une ambiance pleine de feeling, chevauchant entre les Appalaches et la Tamise. Cette face B s’achève avec un exercice difficile, une reprise des BEATLES. « The Fool On The Hill », l’un des titres phares de « Magical Mystery Tour », a connu plus d’une trentaine de versions entre l’originale des BEATLES et celle de nos Ecossais. Ces diverses reprises plus proches du massacre que du sublime auraient plutôt tendance à heurter l’oreille et sont parfois à la limite de l’insulte. A vrai dire, il n’existait pas une seule reprise acceptable ou écoutable jusqu’à cette dernière. Le piano et la guitare bluesy se contentent de placer la mélodie avec une légère touche de psyché et de mettre au diapason le chant de Maggie Bell qui ne force jamais trop alors qu’elle pourrait faire monter l’adrénaline. Une reprise réussie.
La face B ne comporte qu’un unique titre avec le long « I Saw America », titre dépassant les 17 minutes. Ce long canevas coécrit par le trident Allen/Harvey /London voit sa genèse dans la tournée américaine de Cartoone à travers les Etats-Unis. Le groupe délivre une sorte d’esquisse brossant les divers ressentis musicaux perçus et collectés lors de cette expédition. Si l’idée s’annonçait judicieuse et créatrice, la longueur du titre passant entre Blues, Ballade, Rock Psyché finit par perdre l’auditeur.

Alors qu’on peut le considérer comme un groupe de scène par excellence, via une chanteuse qui envoyait du lourd et rappelait par certains côtés Janis JOPLIN, STONE THE CROWS nous dévoilait ici son premier et meilleur album studio. Un album pouvant largement rivaliser avec le meilleur de production Heavy Blues Rock Psyché issue des States. Note réelle un 3,5, la face B enlevant au disque un demi point. Pour maintenir une certaine cohérence, nous classons ce disque dans le tiroir Rock Psy, mais celui du Blues aurait néanmoins pu convenir.


*Peter Grant est au générique de plusieurs séries TV britanniques, on le voit aussi dans « Les Canons De Navarone » et « Cleopatra ». Il restera comme l’instigateur du succès de LED ZEPPELIN, groupe auquel il se vouera corps et âme. A la mort de John Bonham, il s’occupera de son fils Jason et contribuera à le lancer dans le grand bain. Il est également à l’origine de la création du label Swan Song Records, maison de disques indépendante qui enregistrera entre autre BAD COMPANY, Dave EDMUNDS, PRETTY THINGS, Maggie BELL et bien sûr LED ZEP. Grant est décédé en 1995, victime d’une crise cardiaque.

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- Maggie Bell (chant)
- Leslie Harvey (guitare)
- Jim Dewar (basse, chant)
- Colin Allen (batterie)
- John Mcginnis (claviers)


1. The Touch Of Your Loving Hand.
2. Raining In Your Heart.
3. Blind Man.
4. The Fool On The Hill.
5. I Saw America.



             



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