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1970 Stone The Crows
Ode To John Law

STONE THE CROWS - Ode To John Law (1970)
Par LE KINGBEE le 22 Juin 2018          Consultée 1018 fois

STONE THE CROWS vient d’à peine d’enregistrer son premier disque que le groupe est réexpédié en studio par Polydor. Leur premier « bébé » a recueilli les louanges de la presse spécialisée mais ne s’est pas bien vendu, il faut donc remettre le couvert, amortir les pertes, tenter de réparer et de faire un coup gagnant. La formation toujours placée sous la houlette du tandem Mark London/Peter Grant retourne donc illico en studio. Le groupe vient de composer six nouvelles chansons et rôde depuis quelques mois sur les scènes « Danger Zone » du soulman Percy MAYFIELD. Les Corbeaux ont donc assez de matière pour pondre un disque.

Dès la première écoute, on ne peut s’empêcher de penser que la formation était davantage un groupe de scène que de studio. Le chant souvent incendiaire de Maggie BELL prenait en effet une plus grande dimension en concert.

Presque un demi-siècle après sa sortie, le paradoxe entre le titre du disque, placé en avant dernière position, et le morceau d’ouverture « Sad Mary » pourrait interpeler. D’un côté, nous avons un long Blues Psyché de cinq minutes avec des montées d’orgue, une guitare parfois pleurnicharde et un texte dédié à Marie Stuart, Reine d’Ecosse, exécutée à 44 ans après de longues années de captivité à l’instigation de sa cousine Elizabeth I d’Angleterre. Reine au destin tragique, Mary Stuart inspire au fil des siècles de nombreux auteurs, aussi bien au cinéma que dans les récits historiques et la musique. Rappelons que cette brave Mary fut brièvement Reine de France en épousant François II.
« Ode To John Law », une longue complainte dans laquelle l’orgue et le chant endossent les premiers rôles, est dédié à une autre tragédie, celle du « Massacre du 4 mai ». Lors d’une manifestation étudiante contre la guerre du Vietnam en passe de se propager au Cambodge à l’Université de Kent dans l’Ohio, la Garde Nationale tira à vu sur la foule, tuant quatre étudiants et en blessant sérieusement une dizaine.
Alors faut-il voir là un paradoxe ? Pas vraiment : d’un côté, nous avons une ballade dédiée à une Reine d’Ecosse, donc anti-anglaise, et de l’autre une ode envers la Guerre du Vietnam et le Gouvernement de Nixon, les deux pays (Angleterre et Etats-Unis) étant considérés comme de grands cousins. A l’orée des seventies, la situation politique devient l’une des thématiques majeures de nombreux courants issus du Blues et du Rock. Même chez nous, les POPPYS chantaient « Non, Je Ne Veux Pas Faire La Guerre ».
L’orgue se fait résolument plus épais sur de nombreux morceaux, atténuant ainsi la fluidité et la précision de la guitare qui passe souvent en arrière plan. Cela est particulièrement frappant sur « Friend ». Mais le gros bémol de ces titres se situe au niveau de leur durée, sur sept pistes, cinq dépassent allègrement les 6 minutes, « Ode To John Law » avoisinant quant à lui le 5 minutes 45. A l’instar d’une course de fond avec des athlètes, les titres finissent invariablement par perdre l’attention de l’auditeur. Le répertoire semble souvent avoir le cul entre deux chaises, ne sachant trop comment se tenir. C’est ainsi que par leur durée certains titres oscillent entre Blues Psy, British Blues, Rock et Folk Psyché. Un beau patchwork de couleurs mais qui finit par nous faire perdre le fil des morceaux.
« Mad Dogs And Englishmen »⃰ marque une rupture avec le reste du disque par une plongée dans la Soul agrémentée d'une touche de Funk. Là, Maggie Bell laisse libre court à son talent, l’authenticité revient au galop à tel point qu’on a parfois l’impression que la chanteuse improvise. « Things Are Getting Better » débute comme une ballade Folk Psy évoquant le groupe It’s A Beautiful Day mais profite de la dualité entre les timbres de Maggie Bell et le bassiste Jim Dewar. Un morceau nuancé en trois chapitres qu’il aurait cependant été judicieux de raccourcir.
Le disque se termine sur l’unique reprise « Danger Zone »⃰⃰, ⃰ œuvre de Percy Mayfield composée pour Ray CHARLES, plus de six minutes de blues lent qu’il aurait encore une fois fallu couper, la monotonie finissant par primer sur l’onctuosité. Un morceau agréable malgré un orgue trop présent mais qui ne vaut cependant pas les versions de Freddie KING ou celle plus récente de Susan TEDESHI. Pour l’anecdote, Alex Harvey, grand frère de Leslie et leader du Sensational Alex Harvey Band, avait enregistré le titre six ans plus tôt.

Ce second disque nous paraît un ton au-dessous du premier. Les mélodies ne parviennent pas réellement à accrocher l’oreille et quand elles y parviennent, c’est l’auditeur qui se perd en route à cause d’un trajet interminable. L’orgue de John McGinnis nous paraît lui aussi nettement plus présent que lors du précédent enregistrement, ce qui nuit au disque (sauf si vous êtes fan d’Hammond). Enfin, dernier petit reproche, les compositions sont belles mais finissent elles aussi par nous faire perdre notre route en raison d’un cahotage incessant entre Blues et Rock Psyché débouchant sur une atmosphère marquée par une nébuleuse mélancolie.

Note réelle 2,5.

⃰ Rien à voir avec le titre homonyme "Old Time" de Noel Coward, scénariste, compositeur, producteur et acteur anglais (« Le Tour Du Monde En 80 Jours », « Bunny Lake A Disparu », « L’Or Se Barre »), figurant dans plusieurs comédies musicales et repris par Danny Kaye.
⃰ ⃰ « Danger Zone » a lui aussi connu quelques homonymes : une composition du tandem Wilson PICKETT/ Steve CROPPER gravée par PICKETT et The INMATES. Un troisième homonyme créé par Giorgio MORODER et immortalisé par Kenny Loggins via le film « Top Gun » et enfin un autre titre très Punk N Roll des RAMONES.
Ah, dernière chose ! Contrairement à ce qu’annoncent de nombreux sites et encyclopédies dédiées à la musique, « Danger Zone » n’est pas de Curtis Mayfield (ex Impressions) mais du louisianais Percy Mayfield, l’auteur de « Hit The Road Jack » popularisé par Ray CHARLES. Les Mayfield, c’est un peu comme Twix, y’en a deux mais ce ne sont pas les mêmes.

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   LE KINGBEE

 
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- Maggie Bell (chant)
- Leslie Harvey (guitare)
- Jim Dewar (basse, chant)
- Colin Allen (batterie)
- John Mcginnis (claviers)


1. Sad Mary.
2. Friend.
3. Love.
4. Mad Dogs And Englishmen.
5. Things Are Getting Better.
6. Ode To John Law.
7. Danger Zone.



             



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