Recherche avancée       Liste groupes



      
BLUES BOOGIE  |  LIVE

L' auteur
Acheter Cet Album
 


ALBUMS STUDIO

1972 Blown

ALBUMS LIVE

1973 On The Air

CARSON - On The Air (1973)
Par LE KINGBEE le 21 Juin 2018          Consultée 1243 fois

Groupe australien totalement méconnu chez nous, CARSON reste l’auteur d’un album studio et de ce Live. Point barre ! Mais plusieurs membres jouèrent ou joueront dans les groupes phares australiens (Chain, Creatures, Dingoes, Adderley Smith Blues Band).

Harvest Records, obnubilé par ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA, EDGAR BROUGTON BAND, BARCLAY JAMES HARVEST et accaparé par la promotion de PINK FLOYD avec « Atom Heart Mother » et « Dark Side Of The Moon » semble avoir zappé CARSON. Oh, ça n'est pas bien grave. Bien que membre fondateur du Commonwealth, l’Australie n’a jusqu’alors jamais défrayé l’Industrie du Disque en Europe (ça ne va pas tarder). La scène locale bien qu’anglo-saxonne fait figure de parent pauvre pour le label anglais, à l’image du cousin éloigné dont on a un peu honte lors d’un mariage, celui dont on peut se moquer ou rire avec son accent péquenot. Il est clair qu’entre le bush australien et les scènes de Londres, Soho et de Canterbury la distance semble bien longue.

Le producteur australien Rod Coe parvient à attirer l’attention d’Harvest en vantant la production du groupe lors du Sunbury Festival 72, une manifestation qui avait accueilli près de 40000 spectateurs et où CARSON avait mis le feu aux planches. La réputation de l’événement incite la firme a tenté le coup avec un enregistrement Live, d’autant que CARSON est encore programmé en 73. Un documentaire réalisé lors de l’édition de 72 passe sur la chaîne TV GTV9, une promotion à l’œil pour Harvest. Mais en fait, la firme anglaise, filiale d’EMI, ne tient pas à se faire piquer le groupe par Michael Gudinski qui vient de monter Mushroom Records, un label qui grandit comme un champignon et qui vient de signer les autochtones Chain, Madder Lake, Dingoes, Matt Taylor. Harvest scrute le paysage de près. Il y a tout juste deux ans, la firme a perdu DEEP PURPLE, il ne faudrait pas refaire la même connerie, ce n’est pas qu’on fonde beaucoup d’espoir sur CARSON, mais on ne sait jamais.

C’est donc du Sunbury Pop Festival de janvier 73 que proviennent ces six brûlots. Imaginez-vous, l’Australie en 1973, un bled à une quarantaine de bornes au nord de Melbourne, une chaleur accablante, pas mal de bibine (les cousins boréals se mettent plus de mines que les ricains), des substances prohibées dans le genre des cigarettes qui font rire, un public jeune, hippie pour la moitié, les gens qui se baignent à poil dans la rivière et les points d’eau du coin, une sorte de Woodstock en douze fois plus petit et deux ans et demi plus tard. Au niveau de la programmation, on ne trouve que des groupes de l’Hémisphère Sud (australiens et nouveaux-zélandais) dont les têtes d’affiches ont pour nom Billy Thorpe & The Aztecs et le vétéran Johnny O’ Keefe. Les autres groupes, tous jeunes, évoluent dans le Prog, le Rock et le Folk, mais les AZustraliens ont la réputation d’envoyer sec surtout sur scène.

Fort d’une première apparition, CARSON connaît bien les difficultés qu’une formation peut rencontrer lors de tels évènements et va se montrer imperturbable face au contexte. Le combo offre quatre compositions au milieu desquelles sont glissés deux standards revus et corrigés. Ce Live s’ouvre donc avec « Dingo », un blues hypnotique dépassant les sept minutes, à la structure répétitive mais dans laquelle chaque instrument parvient à s’ouvrir une brèche avec deux guitares qui prennent bien soin de ne jamais se marcher sur les pieds. Les premières mesures de « Laid-Back Fell » font penser à un Swamp Blues bien grondant aux confins de Clarence Edwards ou de Tony Joe WHITE jusqu’à ce qu’un saxophone fasse une entrée aussi soudaine que stridente dans une tonalité Free Jazz, le morceau s’orientant ensuite vers une ambiance Psyché que viendra atténuer l’harmonica de Broderick Smith.
L’enchaînement avec « Dust My Broom », grand classique d Elmore JAMES, se fait tout en douceur malgré de grands coups de slide ravageurs, tandis que la rythmique atténue le tempo, telle la feuille de menthe dans le thé. Si ce standard repose lui-même sur les fondations de trois autres titres (« I Believe I’ll Make A Change » -Leroy Carr- et « Sagefield Woman Blues » -Kokomo Arnold- jusqu’au « I Believe I’ll Dust My Broom » de Robert Johnson-), on ne compte plus le nombre de reprises fantastiques qui ont vu le jour : d’Arthur « Big Boy » Crudup, à Howlin’ WOLF, en passant par Hound Dog Taylor et R.L. Burnside. Mais les aussies s’en sortent encore remarquablement.
Seconde reprise avec « Hey Joe », œuvre du folkeux Billy Robert tombée dans la besace de nombreux groupes Garage avant qu’HENDRIX ne popularise le morceau pour de bon dans une veine Blues Psyché. Eh bien, les Australiens étonnent encore une fois en s’éloignant des sentiers battus avec une copie revue et corrigée. C’est autre chose que la version de l’actrice Charlotte Gainsbourg⃰.
« Boogie », un … … boogie comme le laisse entrevoir son titre, s’étend pendant plus de dix minutes ensorceleuses durant lesquelles la section rythmique imprime un tempo de folie, inarrêtable avec des instruments qui viennent parfois relancer la machine. Là, tous les ingrédients du Boogie Rock sont réunis avec 80% de CANNED HEAT, 10% de John Lee HOOKER et 10% de CREEDENCE CLEARWARTER. Dix minutes de pur bonheur qui paraîtraient presque trop courtes. Le disque s’achève sur « Sunberry Jam », un Blues Rock West Coast avec saxophone destiné à conclure la prestation du groupe et également clin-d’œil aux organisateurs et participants du festival.

« On The Air » bénéficie d’une qualité sonore exceptionnelle pour ce genre de concert, il est vrai que John French était déjà présent derrière les consoles du premier disque. Ajoutez-y une pochette dessinée alliant humour, parodie et autodérision et vous avez entre les mains l’une des meilleures productions de Boogie Blues du début seventies. Précisons que cette pépite totalement passée inaperçue a fait l’objet d’un pressage français édité par Pathé Marconi.

⃰Je n’ai rien contre Charlotte Gainsbourg, actrice dont les films n’ont, de mémoire, jamais retenu mon attention, mais qu’elle se cantonne au cinéma, beaucoup devraient lui en être reconnaissants. Bien que les critères en matière de musique et plus généralement d’Art soient subjectifs, certains auteurs devraient être condamnés pour de tels massacres.

A lire aussi en BLUES par LE KINGBEE :


Slim HARPO
Raining In My Heart (1961)
Un must du swamp blues.




Lou Ann BARTON
Read My Lips (1989)
Du texas blues sincère et plein de vitamines


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Broderick Smith (chant, harmonica)
- Greg 'sleepy' Lawrie (guitare)
- Ian Winter (guitare)
- Gary Clarke (basse)
- Tony Lunt (batterie)
- Mal Logan (piano)
- Mal Capewell (saxophone)


1. Dingo.
2. Laid-back Feel.
3. Dust My Broom.
4. Hey Joe.
5. Boogie.
6. Sunberry Jam.



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod