11 titres et un tout petit peu plus de 20 minutes, c'est ce que XXXTENTACION nous offre comme premier album. Après de nombreux E.P's et une mixtape ayant rencontré son succès, le rappeur qui rend jaloux la plupart des chanteurs par son aisance d'interprétation nous envoie son premier L.P. Avec "The Explanation", il tente de nous exposer l'ambiance générale de ces quelques minutes d'album, c’est-à-dire la dépression principalement. Notre artiste veut dépeindre sa collection de cauchemars et de situations difficiles vécus dans la vie.

Ne vous y trompez pas. Fort probablement dépressif, XXXTENTACION ne présente aucune intention marketing, même si le doute peut s'installer tant cette pratique de valoriser le manque d'envie de vivre est devenue à la mode dans le rap. Mais notre jeune artiste venu de Floride nous donne étrangement (et malheureusement) envie de le croire quand les notes de guitare présentes dans "Jocelyn Flores" retentissent et que le rappeur nous dépeint l'image de son ami en dépression, ce qui l'a poussé à commettre le pire. La beauté de ce titre nous fait presque oublier que le rappeur a dit des phrases so american-talent-idol dans les médias comme "Quand j'avais 13 ans, j'ai soufflé mes bougies et mon souhait a été d'être mort à l'âge de 18". Ces mots prouvent s'il le fallait que le rappeur n'hésite pas à jouer de ce qui a fait son succès pour en faire une force, que ce soit pour que ses auditeurs compatissent ou qu'il arrive à récupérer leur soutient dans le but d'aller vers l'avant. Quoiqu'il en soit, l'artiste continue dans le trip guitare-voix avec "Depression & Obsession", morceau très court mais sans vraiment d'intensité, qui n'a pas réellement retenu mon attention.

Tout le contraire de "Everybody dies in their nightmare", ode à Franky les griffes de la nuit, l'un des sons les plus efficaces de l'album. XXXTENTACION y prouve toute son aisance derrière le micro. Sous le titre "Revenge" ne voyez aucune intention de la part du rappeur de reprendre les choses en main de son vivant, il nous raconte plutôt ce qu'il fait dans sa tombe. Ce discours plombe un peu l'ambiance d'une mélodie qui aurait pu être sympathique mais qui par sa structure pop et ses paroles ternes en devient un son sans vraiment d'accroche.

Les morceaux s’enchaînent à une vitesse impressionnante. Le rappeur veut faire court et incisif et on ne peut pas dire qu'il se trompe dans la méthode. Vous voilà donc à la moitié de l'album, ayant à peine eu le temps de réchauffer vos nouilles instantanées au micro-ondes, qu'arrive "Save Me", pièce plutôt quelconque qui n'attire pas mon attention outre mesure. Il a enregistré "Dead Inside" avec un micro bon marché, ce dont il n'est pas forcément fier et qu'il arrive à faire transparaître ici. La collaboration avec Trippie REDD sur "Fuck Love" est d'une efficacité monstrueuse, l'invité se démarquant comme la pièce maîtresse de ce morceau. Et si "Carry On" ennuie profondément, on retrouve de l'intérêt avec "Orlando", sobre mais efficace, où le piano et la voix s'accordent fort bien. Le dernier titre de l'album "Ayala" est aussi plutôt sympathique mais, comme de nombreuses créations de cet album, il ne brille pas par son efficacité.

Cette première mouture de XXXTENTACION intitulée 17 n'a pas l'étoffe d'un classique qu'on encensera encore des décennies plus tard. Cependant, il a l'audace d'être très court, de vouloir se démarquer de la concurrence et d'être personnel. Et pour ces raisons, notre rappeur gagne fébrilement son premier round, la durée express de l'album ne jouant pas vraiment en sa faveur et donnant l'impression, de ses instrumentations à ses mélodies et productions minimalistes, d'avoir été bâclé.