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1996 My Shadow

DECAMERON - Mammoth Special (1974)
Par JESTERS TEAR le 22 Septembre 2018          Consultée 899 fois

Un an après leur premier album encourageant, DECAMERON remet le couvert avec Mammoth Special, sa livraison de 1974. On remarque un changement notable dans le line up du groupe : Al Fenn a quitté le navire et un certain Dik Cadbury est passé à l’abordage (oui je sais ça sonne agressif, mais je voulais continuer sur ma métaphore marine). Il s’occupe de toutes sortes de guitares, de l’harmonica et de la basse, bref, c’est probablement un homme sans la moindre ressource. On verra plus tard l’importance de son arrivée dans la musique du groupe. Comme sur le premier album, des musiciens invités s’occupent de la batterie et des percussions.

Mais alors, qu’est-ce qu’il dit ce deuxième album ? Il confirme les espoirs entrevus dans Say Hello To The Band ou pas ? Ben oui, carrément, et il met bien la barre au dessus (l’industrie musicale, c’est un peu du saut à la perche si on en croit les chroniques). Dès les premières mesures du morceau éponyme placé en ouverture, on entend que le son a pris de la consistance. La guitare électrique et la basse s’affirment d’une façon musclée (ce qui n’est jamais bon signe chez les gens, mais qui fait plaisir ici), même pour du folk rock, et le groupe ne nous avait habitué qu’à du folk sur le premier album. Cela donne du corps à la musique qui par ailleurs conserve les qualités de naguère : un chant folk prenant, des chœurs excellents, des paroles déjantées et un violon virevoltant.

Deux autres morceaux tombent dans la catégorie du folk rock entraînant et humoristique. « A Glimpse Of Me » est un titre enthousiaste qui commence sur cocottes et riffs de guitares électriques avant qu’un chant qui se paye le luxe d’être énergique et drôle tout en ayant des lignes magnifiques ne prenne les rennes. Les arrangements sont encore riches, avec toujours les chœurs efficaces, des guitares et des cuivres cette fois-ci. Un excellent morceau enjoué et beau à la fois, dont les paroles sont pleines d’humour. « Breakdown Of The Song » est quant elle une chanson toute en ironie drivée par la basse qui dénonce avec humour la société musicale qui laisse si peu de ses revenus à l’artiste. On retrouve tous les ingrédient du DECAMERON classique, les chœurs et profusion d’instruments, pour un résultat enthousiasmant plein de détails jouissifs (la batterie que je trouve particulièrement inspirée).

A l’opposé, nous avons de la ballade, avec un « Just Enoug Like Home » de très bonne qualité, le premier couplet joué simplement à la guitare acoustique, l’harmonica en accompagnement et surtout la basse, véritable colonne vertébrale, qui prouve ici l’importance de l’arrivée de Cadbury au long manche (je parle de la basse, bande de dégénérés). La batterie et les chœurs entre sur le refrain, le deuxième couplet voit l’instrumentation s’étoffer, avec l’apparition du violon, et pour sans doute la première fois de l’histoire du groupe, d’un solo de guitare électrique magnifique en arrière plan, toujours par Cadbury, décidément un golden boy. On a même des cuivres pour ajouter de l’emphase. On reste dans la même veine dans le dernier morceau de l’album, chanté par le même chanteur d’ailleurs. La chanson fait presque 6 min, c’est la plus longue et aussi la plus calme de l’album, mais elle est de bonne qualité, surtout dans sa partie finale majestueuse (le chant devient par contre un peu plaintif ce qui peut être désagréable).

Si tout ces morceaux sont réussit, ils font partie des morceaux « simples » du répertoire, avec des structures classiques. Or DECAMERON commet aussi des morceaux qui brisent ces codes, pour notre plus grand plaisir. « Late On Lady Day » est un des plus beaux exemples de ce fait. Voix, piano et violon dominent cette chanson lente, mais quel chant ! D’une beauté à faire pleurer. Et s’il n’y avait que ça ! Aux deux tiers du morceau, le groupe montre soudain ses inspirations progressives puisqu’une guitare acoustique et une superbe basse entre en scène avec le deuxième chanteur du groupe prenant le lead sur une toute autre mélodie un poil plus énergique. La transition est superbement maîtrisé, l’alternance des voix parfaites, la première rejoignant vite la seconde pour la doubler en chœurs, et 30 secondes plus tard, on revient au thème principal de la chanson avec une batterie emphatique et une instrumentation plus poussée, toujours alternance des voix, avant de conclure très vite dans la douceur. Une merveille qui volerait pas sa place au pays d’Alice.

Dans la même veine et presque au même niveau, il y a « The Cheetah ». Ça commence encore comme une ballade, avec le même chanteur (j’ai jamais pu savoir qui était qui, j’en suis navré) qui a décidément une voix taillée pour les ballades émotionnelles, toute petite guitare, et percus discrètes en simple accompagnement. Mais au bout d’une minute trente, ça décolle plus vite que la Royal Air Force. Guitare acoustique, batterie, mais surtout basse dantesque (et c’est certes divin mais loin d’être une comédie) drive un morceau survitaminé, les chœurs qui arrivent plus tard sur le refrain sont sublimes, on a droit à un solo de flute, l’arrangement est toujours aussi riche (les percus en particulier qui ont le droit à un passage rien qu’à elles pour clôturer le titre).

« Jan » est un morceau tantôt sautillant tantôt mélancolique très agréable qui alterne les deux voix avec efficacité (c’est décidément un grand point fort de cet album) entre couplet et refrain, et une structure atypique qui rapproche encore le groupe du progressif. Notons un violon omniprésent sur l’album mais ici particulièrement bon. « The Stonehouse » commence avec un chant presque celtique sur fond de guitare acoustique, puis ça change encore de chanteur et le morceau fini par faire entrer une basse décidément majeure sur cette galette. Le chant reste aérien, d’autant plus quand il est secondé par des chœurs superbe. Et hop, au milieu, on décolle encore, la basse s’emballe, le violon chante, la voix est superbe, les chœurs n’en parlons pas… Et rehop, on retombe sur la basse lancinante de la première partie, avec ce chant aérien, rejoint cette fois par une petite guitare électrique. Encore un excellent morceau.

Un poil plus conventionnel, « Parade » montre une énième fois que le groupe excelle en mélodies mélancoliques avec chœurs, basse et violon. J’insiste encore une fois sur les harmonies vocales superbes (le groupe les confectionnait à l’arrière du van pour tuer le temps dans ses longs déplacements pour rejoindre le concert, pour ceux que l’anecdote intéresse). On a droit à un long passage instrumental où la basse, le violon et une guitare électrique toute douce se partagent le beefsteak. Un bien bon morceau.

Enfin, encore totalement à part, on tombe sur une curiosité avec la reprise du « Rock and Roll Woman » de Stephen STILLS, presque a capela, les voix étant accompagnées seulement de percussions. L’effet est étrange, mais les arrangements vocaux sont d’une qualité indéniable (un peu comme ma plume, diront certaines personnes pleines de bon sens).

En définitive, ce deuxième album est un bijou. J’avais prévu, de mémoire, de le noter seulement 3 car les albums suivants du groupe m’avaient plus marqué, mais à la réécoute attentive que nécessite toute chronique bien faite, je ne peux lui mettre moins de 4. Aucun mauvais morceau, une qualité d’interprétation et d’arrangements constante, une composition riche qui flirte avec le progressif tout en restant concise, et des tempi variés pour éviter l’ennui… C’est un excellent album, porté par ses formidables voix et harmonies, et qui passe à la vitesse supérieur grâce au bassiste guitariste qui apporte son immense contribution. Et restez dans le coin les gars, parce que le meilleur arrive.

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   JESTERS TEAR

 
  N/A



- Dave Bell (guitare, basse, chant)
- Johnny Coppin (guitare, piano, chant)
- Dik Cadbury (guitares, basse, mandoline, harmonica)
- Geoff March (orgue hammond, piano, violon, violoncelle, saxopho)


1. Mammoth Special
2. Rock'n'roll Woman
3. Just Enough Like Home
4. A Glimpse Of Me
5. Late On Lady Day
6. Breakdown Of The Song
7. The Cheetah
8. Jan
9. The Stonehouse
10. Parade
11. The Empty Space (this Side Of Innoncence)



             



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