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FOLK-ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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DECAMERON - Tomorrow's Pantomine (1976)
Par JESTERS TEAR le 31 Octobre 2018          Consultée 1315 fois

Nous y voilà, le quatrième et déjà le dernier album de DECAMERON. Sorti en 1976, Tomorrow’s Pantomine a la particularité d’être le seul à incorporer un batteur officiel en la personne de Bob Critchley. Les parties de batterie ayant toujours été respectables dans leurs précédents opus, cela ne change pas grand chose. Al Fenn tient seulement la basse sur cet album, laissant les guitares à ses collègues multi-instrumentistes, et il s’en tire honorablement, même si peut-être un peu moins efficace que l’était Dik Cadbury sur Mammoth Special par exemple.

A l’écoute de la galette, l’impression qui nous saute au visage n’est pas celle d’un groupe fini, bien au contraire. Bien que globalement moins progressif que son prédécesseur, cet album montre un groupe maîtrisant sa musique comme jamais, si bien que j’aime ou adore presque absolument tous les titres qui le composent. D’ailleurs, je vais parler immédiatement de la seule exception, comme ça ce sera fait. Il s’agit de la ballade « Ask Me Tomorrow ». Non pas que la chanson soit foncièrement mauvaise, mais elle est poussive, même jusque dans son passage instrumental au violoncelle, et beaucoup trop longue. C’est la seule dont l’écoute ne me procure aucun plaisir.

Alors celles qui restent ne sont pas toutes des bijoux non plus hein. « Single Handed » est sympa mais sans plus. Les harmonies vocales de son refrain et un solo subtil de guitare en sont ses principaux atouts, mais sa basse plombante gâche un peu l’ambiance délicate de l’ensemble. Et puis il y a aussi… Ah non tiens, on a fait le tour des chansons que je ne trouve pas top. C’était rapide au final (comme disent mes maîtresses).

Non franchement, le reste, c’est la fête à la saucisse comme on dit dans les milieux un peu rustres. Comme toujours, les deux chanteurs principaux, Coppin et Bell se partagent le lead, escortés en permanence par des chœurs superbes. « The Deal » qui ouvre l’album est un parfait exemple de l’utilisation de ces harmonies vocales, mais c’est loin d’être son seul atout. Son rythme est à la fois entraînant et mystique, tout comme son chant lead, et le morceau laisse place à un long solo de violon très inspiré qui continue sur un break rythmique maîtrisé et groovy. Un folk rock superbe à l’ambiance forte, et une bien belle entrée en matière.

Dans le même genre et encore plus réussi, le morceau éponyme un peu plus loin est à mon sens un chef d’œuvre. Il se dispute dans mon âme le titre de meilleure chanson de l’album (la bataille est plus féroce qu’une rencontre entre supporters de l’OM et du PSG, c’est pour vous dire la sauvagerie du truc). Les lignes de chant me hantent. ce sont parmi les airs que je chantonne le plus chez moi. Le lead est superbe, escorté magnifiquement par les chœurs omniprésents, une guitare acoustique discrète mais efficace tout comme les claviers, et un saxophone splendide qui finit par se fendre d’un solo tout en retenue. Le titre est immédiatement accessible, ses changements permanents étant si subtils et maîtrisés qu’il coule naturellement. Bref, une merveille à la mélancolie prenante qui conserve une empreinte très folk malgré ses arrangements sophistiqués.

Il y a deux chansons un peu courtes qui n’atteignent pas les 3 minutes, mais qui ne sont pas à négliger. « Crazy Seed » est une ballade superbe, dominée par le piano et le violon (qui place encore un solo superbe) dont le chant est une fois encore excellent, tout comme les chœurs. La guitare électrique discrète est elle aussi appréciable. Plus festive, « Fallen Over » est un peu moins efficace, sa basse étant un peu surmixée, mais quand même très agréable, les atouts habituels du groupe étant bien présents. On peut d’ailleurs noter un solo de guitare court mais très efficace et en profiter pour signaler que Dik Cadbury fait des merveilles sur l’instrument tout au long de l’album, même s’il laisse souvent le lead au violon de Goeff March particulièrement présent dans cet opus final.

Mais dans le genre festif, la palme revient sans hésiter à « Dancing » (même si ça doit être difficile de danser avec des palmes, j’admets). Parce que si l’album possède assurément moins de folie qu’un Mammoth Special, DECAMERON s’offre quand même la superbe excentricité qu’est ce titre, nous livrant un morceau Funk ! Et c’est une réussite totale, le groupe réussissant à conserver son identité si attachante dans ce style. La basse y est dantesque, l’ambiance jouissive, le chant, les chœurs, la guitare, tout est parfaitement en place pour un titre qui donne envie de guincher (comme on disait à une époque où on avait un vocabulaire étrange).

La dernière partie, plus dramatique et progressive, renvoie au meilleur de l’album précédent. On a d’abord une longue et superbe ballade « The Shadows On The Stairs », avec un chant habité d’une tristesse palpable et émouvante au possible. Malgré ses 6 min, on ne s’ennuie pas un instant. Les chœurs sont comme toujours efficaces et un long solo de guitare inspiré au milieu du titre fait plaisir à entendre. « So This Is God Country » réveille derrière, avec un rythme survitaminé lui aussi parfaitement maîtrisé, très rock, avant de tomber sur un passage extrêmement calme tout aussi excellent qui monte progressivement en intensité pour déboucher sur un autre passage avec un autre chanteur délivrant une partie qui prend aux tripes. On retourne ensuite au thème rock initial pour finir sur un petit solo de guitare. « Peace With Honor » enchaîne sans pause, les deux morceaux formant une suite sur les USA. On change encore de chanteur, et un calme piano accompagne ses lignes plus que convaincantes, rejoint rapidement par le violon. Le refrain est excellent, laissant entrer les autres musiciens, notamment une guitare électrique efficace qui se distingue plus encore lors du deuxième refrain. Le titre et l’album se terminent sur des chœurs dantesques. Cette suite finale est un exemple parfait de folk-rock progressif. Le groupe termine ainsi sa carrière de la plus belle des manières.

En définitive, cet album superbe fait bien regretter que le groupe n’ait pas continué. Moins progressif que Third Light, moins déjanté que Mammoth Special, il est cependant plus constant dans sa qualité et son style, sans oublier de se ménager quelques surprises comme le Funk génial de « Dancing » ou le saxophone du morceau titre. C’est peut être au final mon album préféré de DECAMERON, mais les trois que j’ai cités s’apprécient pour des raisons diverses et sont tous excellents dans leur genre. Si je m’écoutais, je mettrais 5 à cet album, et tiens, comme je m’écoute, hop, je lui mets 5, voilà. Parce qu’il mérite au moins 4,5, et que la carrière éclair du groupe mérite bien ne serait-ce qu’un 5. Je vous laisse, il faut que j’aille chialer parce qu’ils n’ont pas fait d’autres opus.

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   JESTERS TEAR

 
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- Dave Bell (chant, guitare, congas)
- John Coppin (chant, guitare, piano, claviers)
- Dik Cadbury (chant, guitare, violon, saxophone, maraccas)
- Goeff March (claviers, violon, violoncelle, saxophone, choeurs)
- Al Fenn (basse)
- Bob Critchley (batterie)


1. The Deal
2. Fallen Over
3. Ask Me Tomorrow
4. Dancing
5. Tomorrow's Pantomine
6. Single Handed
7. Crazy Seed
8. The Shadows On The Stairs
9. So This Is God's Country/peace With Honor



             



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