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1967 Dirty Blues Band
1968 Stone Dirt

DIRTY BLUES BAND - Dirty Blues Band (1967)
Par LE KINGBEE le 29 Septembre 2018          Consultée 911 fois

Le DIRTY BLUES BAND représente les prémices de Rod PIAZZA, harmoniciste phare toujours en activité au sein des Mighty Flyers, groupe qu’il a fondé à l’orée des années 80.

On est au milieu des sixties, The Mystics, un jeune groupe de Riverside, un bled à un jet de pierre de Los Angeles, fait les beaux jours du Golden Bear. Le groupe attire l’attention de Bluesway, la filiale Blues de la firme ABC et prend le nom de House Of DBS (acronyme de Dirty Blues Band). La formation prend du poids suite à l’arrivée du guitariste Glenn Ross Campbell (ex Goldstones et Misunderstood), se rôde pendant six mois sur les scènes de la Cote Ouest et enregistre à Hollywood son premier disque en septembre, une galette qui vient remplir les bacs des disquaires en janvier 68.

Au grand damne des membres, alors que le groupe se produit sous le nom de House Of DBS, le groupe se transforme en Dirty Blues Band, nom plus vendeur selon la firme et leur manager Lee Magid. Rod Piazza a toujours déclaré qu’il regrettait ce changement de nom. Lors de diverses interviews, l’harmoniciste déclarait que le catalogue Bluesway ne comptait alors que des artistes noirs (John Lee HOOKER, Otis SPANN, Jimmy Rushing, Jimmy REED ou Joe Turner) et que l’arrivée du groupe était destiné à la clientèle hippie.

Si l’album repose fondamentalement sur Campbell qui ne restera qu’un an, le personnage central demeure incontestablement Rod Piazza. Influencé par Little Walter, Rod deviendra l’élève de George « Harmonica » Smith avec lequel il fonde Bacon Fat après la dissolution du Dirty Blues Band. Au cours des seventies, alors que le Blues semble passé de mode au profit de nouvelles tendances (Hard Rock, Gros Son, Psyché, Prog.) Piazza restera fidèle à sa ligne de conduite avec un répertoire s’éloignant résolument des productions de « Blues Blanc » de l’époque. A la fin de l’aventure Bacon Fat, Piazza montera The Mighty Flyers, groupe toujours actif qui comprendra dans ses rangs la pianiste Honey Alexander (future ex épouse) les guitaristes Junior Watson et Hollywood Fats. La formation servira d’orchestre d’accompagnement à Jimmy Rogers, Shakey Jake et Pee Wee Crayton pour ne citer que les principaux. Harmoniciste de talent (diatonique et chromatique), excellent auteur compositeur, Rod Piazza reste le dépositaire d’un Blues alliant Chicago Blues et Jump californien.

Ce premier album éponyme contient un bon tiers d’originaux. « What Is Soul, Babe ? », un mélange de Soul à la Ray Charles pour sa ligne mélodique et de Blues Psyché ne démarre vraiment qu’au bout d’une minute. Si la lap steel de Campbell fait office de scie, la rythmique fait preuve d’une indéniable souplesse. Pat Maloney tire son épingle du jeu sur « I’ll Do Anything Babe » via un enrobage d’orgue ; l’harmonica plaintif rappelant le phrasé de James Cotton vient en contrepoint de la lap steel qui se montre enfin plus sobre. Les influences Jazz de la section rythmique et de Pat Maloney sont bien palpables. « Shake It Babe » se rapproche d’un Blues à la John Lee Hooker avec des fragrances d’Elmore James, la lap steel sonnant comme une slide. Dernière compo « Worry, Worry Blues » nous renverrait presque vers les tavernes du West Side avec un harmonica geignard si ce n’est que la lap steel commence à devenir envahissante et pour tout dire gonflante.

La Nouvelle Orleans et la Femme demeurent des thématiques souvent employées dans le domaine de la chanson, on ne compte plus le nombre de titres que la Crescent City a inspiré, on ne parlera pas de la gente féminine, sujet plus qu’abondant dans la chanson. La formation reprend un inusité « New Orleans Woman » (aucun lien avec le titre de Jimmy Witherspoon) avec une steel guitare qui se fait plus modeste, le tempo lent restant imprimé par les claviers de Pat Maloney. L’absence de cuivre parait étrange pour un morceau dédié à la Nouvelle Orleans. Bluesway se permet une petite fantaisie en accréditant « Chicken Shack », à Ike Turner au lieu de l’organiste Jimmy Smith. Si le grand Ike a bel et bien repris ce titre, la reprise des californiens s’inspire nettement de l’essai de Luther Johnson et de son presque homonyme Luther « Georgia Boy » Johnson.

La formation rend hommage à Sonny Boy WILLIAMSON par deux fois avec « Don’t Start Me Talkin’ », un standard d’Harmonica Blues, repris plus tard par Rory GALLAGHER et les DOOBIE BROTHERS. Second clin d’œil avec « Checkin’ Up On My Baby », si John Lee Williamson a enregistré le titre en décembre 44, profitant de l’occasion pour déclarer sa haine aux dictateurs du moment (Hitler, Tojo et Mussolini), la version des californiens s’oriente sur la reprise de l’autre Sonny Boy (Rice Miller) avec de gros changement textuels, titre qui servira plus tard de marque de fabrique à Junior WELLS.
Parmi les autres grands classiques issus du Chicago Blues, les californiens reprennent « Spoonful », compo de Willie Dixon immortalisée par Howlin’ Wolf, dans une orientation plus soft par rapport aux versions de CREAM, SHADOWS OF KNIGHT ou des hollandais de Q65. Si Rod Piazza se révèle avec ce disque comme un harmoniciste d’avenir, le garçon reste un chanteur moyen, son manque de pêche se retranscrit comme le nez au milieu de la figure. « Hound Dog », grand classique de Leiber/Stoller, en souffre terriblement et ne rivalise pas avec la formidable interprétation de Big Mama Thornton épaulée par l’orchestre de Johnny Otis. Repris près de 250 fois, cette version manquant d’entrain se situe largement en dessous de la moyenne. A l’instar du titre précédent, « Born Under A Bad Sign » reste profondément marqué par sa version originale, celle d’Albert KING secondé par Booker & The MG’s, l’orchestre attitré du label Stax. Les californiens ne s’en sortent pas trop mal, même si les essais futurs de CREAM ou Melvin Taylor nous paraissent plus concluants.

Ce premier disque avec une pochette à la coloration psychédélique s’inscrit dans un répertoire mêlant Chicago et California Blues. Si la lap steel de Glenn Campbell s’annonce amusante et apporte une touche pittoresque, elle devient rapidement envahissante, Campbell n’ayant pas le sens de la mesure, contrairement à Boots Randolph ou aux Campbell Brothers. Curieusement, la critique américaine louera la participation du guitariste. On vous racontera la suite au prochain épisode, l’Oncle Sam devenant un acteur indirect du Dirty Blues Band de l’inoxydable Rod Piazza. Note réelle 2,5.

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- Rod Piazza (chant, harmonica)
- Glenn Ross Campbell (steel guitar)
- Robert Sandell (guitare)
- Pat Maloney (orgue, piano)
- Les Morrison (basse)
- John Milliken (batterie)


1. Don't Start Me To Talkin'
2. What Is Soul, Babe
3. Hound Dog
4. New Orleans Woman
5. I'll Do Anything Babe
6. Checking Up On My Baby
7. Shake It Babe
8. Worry, Worry Blues
9. Born Under A Bad Sign
10. Spoonful
11. Chicken Shack



             



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