Recherche avancée       Liste groupes



      
WEST COAST BLUES  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

1967 Dirty Blues Band
1968 Stone Dirt

DIRTY BLUES BAND - Stone Dirt (1968)
Par LE KINGBEE le 18 Octobre 2018          Consultée 778 fois

Cet album est mis en boîte à peine un an après le premier du groupe. 1968 demeure une année marquée par divers événements retentissants (assassinats de Martin Luther King puis de Robert Kennedy ; le sprinter Tommie Smith lève un gant noir aux Jeux Olympiques de Mexico ; l'élection de Richard Nixon et enfin la Guerre du Vietnam bat son plein avec 40000 soldats tués et près de 250000 estropiés. L’Europe voit fleurir à son actif plusieurs épisodes croustillants entre le Printemps de Prague et les révoltes estudiantines, on ne s’ennuie pas !). En clair, 1968 est considérée comme une année charnière marquée par les changements et les mutations géo-sociopolitiques.

Certains de ces petits épisodes ne sont pas sans conséquence sur la formation. Dès la sortie du premier disque, l’envahissant guitariste Glenn Campbell, avide de gloire et de reconnaissance, a pris ses cliques et ses claques pour fonder Juicy Lucy en compagnie du saxophoniste anglais Chris Mercer. Durant le début de l’année, Robert Sandell, Les Morrisson et John Milliken sont invités à troquer leurs instruments contre fusil et treillis pour aller patauger entre le Mékong et la vallée de Dan Nang. Du groupe d’origine, il ne reste plus que Rod Piazza et l’organiste Pat Maloney. Sous contrat avec Bluesway, le groupe est encore confié à Lee Magid, un producteur touche à tout et expérimenté, découvreur d’Al Hibler et de Della Reese.

Faute de moyens, le disque est enregistré en une journée en avril à Hollywood. Rod Piazza baptisé « Gingerman » tient les rennes de la troupe. Son nom figure d’ailleurs sur la pochette sous le nom du groupe. Cette fois encore, l’harmoniciste chanteur est l’unique pourvoyeur du groupe en matière d’originaux, la moitié des dix titres provenant de sa plume. Parmi ces nouveautés, « Tell Me » se révèle un excellent slow blues dans lequel le piano de Maloney délivre une démonstration de feeling, alors que la section rythmique, bien que toute récente, semble mitonnée aux petits oignons. Autre blues lent, « Sittin’ Down Wonderin’ » semble enregistré en direct comme au coeur d'une Jam. « Six Sides » constitue un shuffle d’appoint sans grand intérêt, le chant de l’harmoniciste semblant ici limité mais le morceau ne s’éternise pas. « Gone Too Long » se distingue en une sorte de mixture combinant Chicago et West Coast Blues, porté par une bonne section de cuivre dans laquelle on retrouve le saxophoniste vétéran Jimmy Forrest (ex Andy Kirk, Jack McDuff, Miles DAVIS, ou Count BASIE). En fermeture de face A, « She’s the One » se délivre comme un shuffle de California Blues dans lequel l’harmonica endosse le premier rôle.

Les reprises plongent par trois fois dans la besace de Willie DIXON. « My Baby » qui n’est autre que « My Babe », fait l’objet d’une rapide présentation de la part de Rod Piazza. Si le titre a fait l’objet de multiples et incessants rabâchages, la version pleine de groove évite toute esbroufe et se distingue du lot grâce à un jeu d’orgue servant d’enrobage. Si on demandait qui a composé « I Can’t Quit you Baby », il est probable qu’un grand panel d’auditeurs répondrait LED ZEPPELIN, ou à défaut John MAYALL ou les pub rockers de NINE BELOW ZERO. La version originale d’Otis RUSH devrait remporter les suffrages des puristes et amateurs de Chicago Blues. Avec son intro cuivrée, un piano délicat et une guitare qui refuse d’en découdre au profit de la sobriété et de la subtilité, le groupe fait mouche et délivre un essai reléguant au placard, et de très loin, la récente version des STONES. Un summum de slow blues.
Avec son chant chevrotant, il est possible que certains lecteurs attribuent encore « Bring it on Home » à LED ZEP, mais ce standard de DIXON popularisé par Sonny Boy Williamson en 1966, trois ans après son enregistrement, comporte tous les reflets du prototype du Lazy Blues : rythmique entraînante mais squelettique et mélodie terriblement obsédante à ne plus vous lâcher la tête. Le Dirty Blues Band lançait le disque sur de bons rails avec cette reprise qu’on aurait aimée plus longue en durée. Autre reprise orientée sur un tempo d'une infinie lenteur avec « It’s my Own Fault Baby », un inusité de John Lee HOOKER dans lequel l’harmonica et la guitare prennent les premiers rôles sous un sensible nappage d’orgue. Dernière reprise toujours sous un rythme axé sur la lenteur avec « You’ve Got to Love her with a Feeling » titre de Freddy King ♠ et variante d’un morceau de Tampa Red. Cette fois-ci, si une feinte nonchalance semble procurer un engourdissement, le slow blues nous immerge dans une atmosphère étouffante digne du Texas Blues.

Juste un demi-siècle après sa sortie et contre toute attente, ce disque n’a pas vieilli et semble même encore à la page par rapport à de nombreuses productions actuelles adeptes de poudre aux yeux et de surenchère sonore. Le guitariste Rick Lunetta, qu’on reverra en concert avec Bacon Fat, reste l’auteur d’un phrasé de guitare beaucoup plus subtil que son prédécesseur. La jeune section rythmique formée d’inconnus diffuse un groove bien éloigné des formations de « blues blanc » de l’époque. L’apport d’une section de cuivres avec les saxophonistes Jimmy Forrest, Willie Green (ex Chico Hamilton) et le trompettiste Freddie Hill (futur Johnny Hartman, Freddy Robinson, Bobby Bryant ou PACIFIC GAS) apporte de la densité et de l’ampleur au répertoire. Enfin, signalons que contrairement à de faux Live enregistrés en studios et auxquels on a ajouté applaudissements et bruits de foules imaginaires, ce second opus est enregistré en studio mais en Live en une seule prise sans le moindre artifice, il sera donc classé en studio. Plus authentique que son prédécesseur, « Stone Dirt »♠♠ a gommé tous les zestes de Garage au profit d’un blues plus slow down.

♠ Freddy King s’écrit également Freddie.
♠♠ « Stone Dirt » et « Dirty Blues Band » ont été réédités sur le même CD en 2007 par BGO Records.

La chronique de ce disque provient du pressage anglais publié en 1968 par Stateside Records.

A lire aussi en BLUES par LE KINGBEE :


Eddie C. CAMPBELL
King Of The Jungle (1977)
Un essentiel du west side sound




SMOKEHOUSE
Cadillac In The Swamp (1995)
Beau voyage en Cadillac au pays des alligators


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Rod 'gingerman' Piazza (chant, harmonica)
- Rick Lunetta (guitare)
- Gregg Anderson (basse)
- Pat Maloney (orgue, piano)
- Dave Miter (batterie)
- Jimmy Forrest (saxophone)
- Willie Green (saxophone)
- Freddie Hill (trompette)


1. Bring It On Home
2. It's My Own Fault
3. I Can't Quit You Baby
4. Tell Me
5. She's The One
6. My Baby
7. Sittin' Down Wonderin'
8. Six Sides
9. You've Got To Love Her With A Feeling
10. Gone Too Long



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod