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1964 The Animals
The Animals
1965 Animal Tracks
1966 Animalization

COMPILATIONS

1990 Trackin' The Hits
 

- Style : Them, The Yardbirds , The Pretty Things
- Membre : Eric Burdon

The ANIMALS - The Animals (1964)
Par LE KINGBEE le 31 Octobre 2021          Consultée 932 fois

Il peut parfois s'avérer complexe de rendre compte de certains disques de groupes britanniques du début des sixties. En effet, les USA ont édité de nombreuses galettes de leurs cousins anglais avec des pochettes et des titres différents et, bien souvent, des changements de chronologies. Ce procédé n'est rien d'autre qu'une affaire de gros sous mais aussi de protectionnisme.

Voici donc le premier pressage anglais des ANIMALS, groupe phare de Newcastle. On ne revient pas sur l'historique de la bande à Burdon (voir la chronique The Animals). Alors, en dehors d'un titre éponyme identique et d'une pochette n'ayant rien à voir avec le visuel américain sans grande saveur, six titres remplacent six autres titres du pressage US. Les quatre titres de l'E.P. français (Columbia ESRF1571) passent à la trappe ainsi que "Blue Feeling" remplacés par "Story of Bo Diddley", "Bury My Body", "Dimples", "She Said Yeah" et "Boom Boom".

Probablement pour faciliter la tâche, la photo du pressage français ne correspond pas tout à fait à celle de la publication anglaise, le négatif ayant été tourné dans l'autre sens. Rien de bien important, même si ces deux pochettes pourraient servir de support au jeu des Sept Erreurs. Bien plus important, les notes du visuel dorsal français précisent que depuis la sortie d'"Apache" des SHADOWS, aucun groupe n'avait connu un tel succès avec "The House of The Rising Sun", titre qui ne figure pas sur le pressage anglais. On constate que la Columbia n'hésitait pas à se lancer de la pommade, les deux groupes (SHADOWS et ANIMALS) provenant de son catalogue. On peut également s'interroger sur la portée de la pochette. Sans doute faut-il y voir une tendance du moment, de nombreux groupes anglais (SHADOWS, TROGGS, YARDBIRDS, HOLLIES, TORNADOS, DAVE CLARK FIVE) se faisant photographier devant une barrière ou une grille, mouvance qu'on retrouve aussi bien en singles que sur des albums.

De manière à être complet, détaillons rapidement les titres présents sur les deux pressages : deux titres de Fats DOMINO figurent parmi les covers, "I've Been Around" délivré sous un tempo un brin plus nerveux que celui de l'original, une interprétation dans la lignée de celle de la chanteuse jamaïcaine Millie Small demeurée célèbre avec "My Boy Lollipop" qui fait oublier les futurs essais norvégiens The Steel Chords. Second emprunt au roi de la Nouvelle Orléans avec "I'm In Love Again" où le groupe se démarque de l'original. La guitare d'Hilton Valentine et en arrière-plan les volutes d'orgue d'Alan Price constituent déjà une marque de fabrique reconnaissable. L'interprétation fait oublier, selon nous, les désastres de Pat BOONE, Bill HALEY ou Johnny Rivers. On conseille au passage les reprises du mexicain Javier Batiz ou celle, plus récente, du tandem Henry Gray/Bob Corritore. Titre phare du film La Blonde et moi avec Jane Manfield chanté par Little RICHARD, "The Girl Can't Help It" subit une petite cure de jouvence, la chanson se transformant en un excellent Rock'n'Roll porté par la voix de Burdon et une rythmique de métronomes. L'une des meilleures versions avec celle des FLAMIN' GROOVIES.

"The Right Time", titre de Nappy Brown pompé sur le "Night Time Is The Right Time" du Honey Dripper (alias Roosevelt Sykes), s'intercalle entre shuffle et Slow Blues mais se retrouve plombé par des chœurs en overdub. Un honnête titre nettement moins sauvage que celui des SONICS ou de CREEDENCE, mais qui relègue bien loin les futures reprises de Joss STONE ou Roseanna Vitro. L'influence de Chuck BERRY a été grandissante pour de nombreuses formations de Rock et de Blues; rien que pour l'année 64, plus d'une douzaine de chanteurs ou de groupes s'offrirent une excursion dans le Tennessee par le biais du hit "Memphis Tennessee". Si on reste généralement attachés à l'original, la rythmique efficace de Chas Chandler et John Steel et les petits riffs de guitare de Valentine permettent de passer un agréable moment. Une version bien plus métronomique que celles des HOLLIES ou d'Ed Hardin enregistrées cette année-là. Second emprunt à BERRY avec l'entraînant "Around And Around" aux confins du Rock'n'Roll et du Boogie. Une version qui nous semble mieux tenir la route que celle des STONES et qui fait oublier les essais discutables de BOWIE et des 38 SPECIAL. Chez nous autres, Eddy Mitchell en fait une adaptation loin d'être indispensable, sous le titre "Les traine-tard et les rôdeurs".

Cinq nouvelles pistes viennent donc agrémenter ce pressage anglais. En premier lieu, "Story of Bo Diddley", une longue pièce bluesy de presque 6 minutes et l'une des deux compos du disque, rend hommage à l'inventeur du fameux Diddley Beat. Si DIDDLEY en personne avait composé une chanson à sa gloire, celle de Burdon permet de placer clairement ses sources d'influences. Un morceau envoûtant, plein de nuances, et doté d'un excellent passage de batterie tribale.
Seconde compo avec "Bury My Body" dont les claviers d'Alan Price sonnent comme un orgue d'église.
Seconde visite dans le répertoire de John Lee HOOKER avec "Dimples"; la rythmique se montre toujours aussi métronomique tandis que la guitare de Valentine nous offre quelques belles voltiges, un titre aux paroles accrocheuses : I love the way you walk - I like the way you switch -You got dimples in your jaw -You my babe I got my eyes on you.... Petite erreur avec "She Said Yeah" accrédité par erreur à Julie Beecham en lieu et place du tandem Sonny Bono/Rody Jackson enregistré pour Specialty par Larry WILLIAMS. On peut penser qu'il s'agit d'une erreur de typographie ou d'un pseudonyme, procédé permettant d'éviter de payer une partie de droits d'auteur. Si la version originale comprenait un passage de saxophone en pleine effervescence, la version des ANIMALS se révèle plus terre-à-terre et brute de décoffrage. Il ne faut pas aller chercher bien loin pour convenir que c'est cette version qui sera pompée par les STONES un an plus tard. Dernier emprunt à HOOKER avec "Boom Boom", un boogie fruste et brut de décoffrage transformé ici en une pépite de Rhythm & Blues tireé du meilleur tonneau.

S'il est parfois difficile de se retrouver entre les pressages anglais et américains, ce disque comporte, presque soixante ans après sa sortie, des parfums toujours aussi actuels et odorants. Cette galette, peut-être la meilleure de Burdon et de ses sbires, a été rééditée à maintes reprises avec divers bonus, pratique courante destinée à appâter le poisson.

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   LE KINGBEE

 
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- Eric Burdon (chant)
- Alan Price (claviers)
- Hilton Valentine (guitare)
- John Steel (batterie)
- Chas Chandler (basse)


1. Story Of Bo Diddley
2. Bury My Body
3. Dimples
4. I've Been Around
5. I'm In Love Again
6. The Girl Can't Help It
7. I'm Mad Again
8. She Said Yeah
9. The Right Time
10. Memphis
11. Boom Boom
12. Around And Around



             



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