La carrière de la chanteuse pop la plus controversée est belle et bien lancée. Si on pouvait penser qu'elle ne serait qu'éphémère, il n'en est rien. Nicki MINAJ a su conquérir le cœur des Américains et même du monde entier. Toujours dans la provocation la plus totale, la chanteuse-rappeuse n'a semble-t-il aucune frontière avec son public, elle partage tout avec lui – et même un peu trop, question de point de vue. The Pinkprint est la troisième mouture de la chanteuse qui l'annonce avant sa sortie comme son meilleur album, au même titre qu'un vendeur de poulet dirait que son poulet est le meilleur qu'il ait jamais proposé.

Vous le savez, sauf si vous vivez dans une grotte, Nicki MINAJ est une machine à tubes. Elle n'hésite pas à donner de son corps au sens propre du terme et un peu au sens figuré, pour arriver à ses fins. Sa notoriété indéniable lui permet de s'entourer des plus grands et influents artistes du moment, si bien qu'elle se paye quelques collaborations plutôt copieuses ici. Mais parlons d'abord de l'aspect commercial : pas moins de 4 singles promotionnels réservent tous leur lot de surprises.
D'abord, "Pills n Potions" nous propose un rythme doux sur le thème de l'amour et de l'émotion, que Nicki MINAJ veut nous faire ressentir. La magie a du mal à prendre, d'autant plus que l'autre single "Anaconda" nous propose une autre facette de la chanteuse, bien plus explicite. La vulgarité est donc poussée à son paroxysme dans une chanson qui nous parle de fessiers, de sexe mais surtout de fessiers, le but étant j'imagine de conquérir un auditeur masculin qui ne saurait quoi penser de l'artiste. Plus aucune raison d'être mitigé envers la chanteuse : soit l'on aime, soit on la déteste. Quel que soit votre camp, force est de constater l'efficacité monstre de ce single. Les apparitions de DRAKE, Lil WAYNE et Chris BROWN amènent leur lot de testostérones sur "Only", morceau qui ne survivra pas à l'épreuve du temps, bien trop mou pour attirer l'attention de l'auditeur à long terme. Le dernier single proposé avant la sortie de l'album, "Bed of Lies", en collaboration avec la meilleure pote d'EMINEM, j'ai nommé Skylar GREY, reste honorable, mais encore une fois manque de punch pour nous pousser à la réécoute.

Que tous ceux convaincus par ces singles lèvent la main ! Très bien, vous pouvez acheter l'album et vous amuser à découvrir la suite. Le regard déçu, vous allez probablement être confronté très rapidement à une déception amère avec "All Things Go" et "I Lied", deux titres qui n'émerveilleraient pas le plus inconditionnel des fans de pop américaine. Ce début d'album est mielleux et sans aucun caractère, tandis que "The Crying Game" tente de relever le niveau avec ses basses dominantes, et alors qu'il échoue, même la douce Ariana GRANDE a du mal sur "Get On Your Knees" à sortir Nicki MINAJ du néant créatif dans lequel elle s'empêtre. BEYONCE, qui nous expose tout son talent, insuffle un sacré remontant avec "Feeling Myself". Les morceaux s'enchaînent mais aucun n'arrive à maintenir l'espoir que cet album peut s'en sortir, ni "Favorite" ni "Buy A Heart" malgré les collaborations de qualité. La chanteuse fait presque dans la caricature avec "The Night is Still Young", tandis qu'elle veut nous faire pleurer sur le final "Grand Piano", qui s'avère l'une des pistes les plus abouties de l'album.

Il est difficile de défendre The Pinkprint qui n'expose pratiquement aucun atout. Pourtant, Nicki MINAJ a sans aucun doute des cartes à jouer dans l'industrie de la musique. Son aspect sans retenue et très rentre-dedans tend à être exploité. Cependant, l'échec de cet album est indéniable. Il va être très difficile de réécouter des titres, excepté le méga-tube "Anaconda" ou "Grand Piano" qui nous propose une prestation intéressante de la chanteuse.