Nicki MINAJ a beau être considérée comme la reine incontestée du rap, elle reste une diva déjantée au style extravagant et à l’attitude imperturbable. Pour ceux qui ont du mal à garder leur sérieux tout en écoutant ses hits explosifs, voici un guide pratique plus que nécessaire afin de survivre à l’écoute de son cinquième album, Pink Friday 2, sorti début décembre 2023.

Tout d’abord, il faut chercher à comprendre ce que Nicki a vécu depuis la sortie de son dernier opus Queen : elle se marie à un ami d’enfance en 2019, donne naissance à son premier enfant l’année suivante et fait face au décès de son père qui meurt dans un terrible accident un an après. Une succession de hauts et de bas alors qu’elle continue de captiver ses fans grâce à une multitude de titres et de collaborations très remarqués. Pas étonnant donc que la rappeuse s’en remette aux parades excentriques qui ont marqué sa carrière. On est très loin de l’introspection sombre de The Pinkprint (qui reste selon moi un album rempli de pépites, le plus réussi de sa discographie) ou du niveau de Queen, Pink Friday 2 continue délibérément et confortablement dans la lancée de ses débuts.

Il faut s’attendre à un peu de réchauffé, on prend ce qui fonctionne et on recommence ? Pas vraiment finalement, c’est même carrément trois titres qui n’avaient pas été jugés assez bons pour finir sur les précédents albums ("Bahm Bahm", "Nicki Hendrix" ou encore l’interlude "Beep Beep"). Si on n'aime pas les fonds de tiroir, pas sûr qu’on soit beaucoup plus friands des samples utilisés à tout va sur des morceaux franchement nuls comme sur les pistes aux sonorités trap "FTCU" ("Fuck The Club Up" par Waca FLOCKA FLAME) et "Red Ruby Da Sleeve" ("Never Leave You (Oooh, Uh Oooh)" de LUMIDEE). Il en va de même du titre "Pink Birthday" qui célèbre l’anniversaire de la rappeuse de 41 ans, coïncidant pile avec la sortie du disque.

Bref, ça part vraiment dans tous les sens, comme si Nicki ne savait pas du tout où elle allait. Il y a bien le titre "Are You Gone Already", samplé chez Billie EILISH, pour évoquer avec émotion la mort de son père. Pour apprécier le chaos électro-Y2K de "Everybody" (samplé sur "Move Your Feet" de Junior SENIOR), je conseille définitivement de bouffer du clown. En revanche, pour supporter le trip incompréhensible qu’est "My Life", avec son sample de "Heart Of Glass" de BLONDIE, on a que nos yeux pour pleurer.

MINAJ pourrait rapper l’alphabet à l’envers, tout en jonglant avec des pommes, alors on peut décider de se concentrer sur ses talents de rappeuse, comme sur "Barbie Dangerous" où elle emprunte à The NOTORIOUS B.I.G. son flow et le sample de "Notorious Thugs", le pastiche de Biggie, ça, elle maîtrise. Si vous avez du mal à suivre le flow accéléré de Nicki, sa marque de fabrique, ne désespérez pas ! "Pink Friday Girls" est un moment sympa qui passe tout seul, amené par le sample de "Girls Just Want To Have Fun".

Le single "Super Freaky Girl" fonctionne évidemment, samplé sur "Super Freak" de Rick JAMES, ne vous inquiétez pas, je vous préviens quand la rappeuse au boule de l’espace arrêtera de s’en remettre aux tubes des autres, mais pour le moment le hit des années huitante colle parfaitement aux paroles déjantées de Nicki (I can lick it, I can ride it while you slippin’ and slidin’/I can do all them little tricks and keep the dick up inside it) qui rappellent bien sûr son titre "Anaconda". Allez, prenez une grande inspiration puisque ses rimes vivent dans un univers où la logique est souvent en vacances et laissez-vous emporter par le flux d’absurdités.

La reine du rap nous offre enfin quelques beats originaux, souvent accompagnée des rappeurs masculins de sa trempe (J. COLE sur "Let Me Calm Down" ou Lil WAYNE et Tate KOBANG sur "RNB"). Le duo avec DRAKE sur "Needle" dans une ambiance house-dance aux influences tropicales n’est pas trop mal grâce à son refrain entraînant (You’re like a needle, life’s a haystack). Le reste ("Cowgirl", "Blessings", "Big Difference" ou "Forward From Trini") est bien du Nicki MINAJ mais loin derrière ce qu’elle serait capable de faire, donc ça se passe de commentaire. Enfin, MINAJ retourne au chant et à des ambiances grandioses qui rappellent The Pinkprint sur l’orchestral "Fallin 4 U", "Just The Memories" ou sur le single à la pop plus relax "The Last Time I Saw You".

Une chose est sûre, Pink Friday 2 est trop long. Même s’il lui manque la vibe ultra-colorée de ses débuts, celle qui pouvait peut-être donner envie de twerker avec des licornes à paillettes, il faut le prendre avec légèreté, comme une expérience hilarante qui sera très vite oubliée. Alors, pour un step-by-step en trois étapes, on s’arme de son meilleur sens de l’humour, on appuie sur play et on skippe à intervalles réguliers pour que tout le monde s’en sorte indemne.