En 1998, alors que LEVEL 42 a quasi-officiellement disbandé (quasi, jamais totalement), Mark KING sort un second album solo. Après la baffe à la Obélix du premier, les attentes étaient hautes ; un coup d'oeil au casting et l'on voit entre autres Chester Kamen (Bryan FERRY, Roger WATERS) et Geoff Dugmore (Kim WILDE, Johnny HALLYDAY, PURE REASON REVOLUTION). Qu'attendriez-vous ? Un festival de funk jazzy avec de la slap bass à n'en plus finir et des instrumentaux délirants, pas vrai ? Les apparences sont trompeuses, et avant de courir à la déception, soyons pragmatiques : One Man n'a rien à voir avec Influences, rien DU TOUT.

Le principe de cet album est de montrer Mark KING en tant que compositeur de pop-rock moderne, et rien d'autre. Absolument rien d'autre. Vous pouvez donc ranger vos fantasmes de pouce slappeur enflammé au placard, il n'y a pas un atome de basse slappée dans ce disque. D'ailleurs, à vrai dire, il n'y a même quasiment pas de basse, les synthétiseurs prenant le relais. Non, KING s'est clairement mis aux claviers et si l'on reconnaît sa voix et sa diction, musicalement c'est une autre paire de manches. On évolue dans cette pop semi-électro (voire deux-tiers) basée sur les boucles et les ambiances qu'on retrouvait déjà dans LEVEL 42 modèle 1994. Cette mise au point évitera bien des déceptions : si vous avez détesté "Forever Now", One Man risque de vous faire tiquer. Dans le cas contraire, préparez-vous à une extension de 1994, une extension ma foi pas mal troussée.

Car passé le choc stylistique, on voit que KING sait toujours composer de bons refrains. D'ailleurs, il ne pouvait pas mieux commencer qu'avec "Bitter Moon", dont la simplicité n'a d'égal que le pouvoir accrocheur. C'est pop, c'est un poil bluesy, c'est indolent mais pas fainéant. Et ce ne sera pas la seule réussite. "Swimming" propose une ambiance très onirique, très spacy, tout comme le refrain d' "Half-Written Songs" qui fait penser à... je vous le donne en mille : Mike LINDUP ! "Resupply", très belle chanson, donne dans le minimalisme pur basé sur les choeurs (quelle ambiance frigorifique !) tandis que" If I Had Something" réchauffe le tout avec son approche 70s.

Le ton est majoritairement électro, comme on l'a vu, et cela pourra aller trop loin comme sur un "One Man" pas inintéressant, avec des relents trip-hop et un pont mettant en valeur des strings revigorants, mais la chanson tourne en rond, comme pour "Take my Hand". C'est probablement ce manque de dynamisme au travers des chansons qui pourra surprendre, là où on avait l'habitude de se raccrocher à des éléments relanceurs. On ne pourra cependant pas passer à côté de "Pamela" : pas inoubliable, cette chanson est malgré tout un beau pétage de plombs avec un texte acide, des Frippertronics en intro, le piano de "Riders on the Storm", et un solo de guitare très soigné par-dessus un titre franchement second degré.

Terminant par un roboratif "Changing the Guard" folk et optimiste, KING délivre un album qui est ma foi bien troussé quand on prend ses éléments à part, mais qui a pour particularité de manquer de liant ; le disque possède un petit quelque chose d'inachevé, de bancal, qui empêche de le voir comme "un tout". Curieuse impression, qui devrait s'effacer si au lieu d'analyser nous nous laissons emporter. Le pari de "songwriter" est-il réussi ? A moitié. Oui, One Man est un disque très sympa dont l'achat est plutôt envisageable. Mais quelque part, enfoui au tréfonds de notre cerveau, reste un regret de ne plus avoir de fulgurances techniques de la part de notre ThunderThumbs préféré.