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MOTET/MUSIQUE BAROQUE  |  OEUVRE

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Marc-antoine CHARPENTIER - Te Deum (tubéry) (1696)
Par MARCO STIVELL le 23 Décembre 2018          Consultée 969 fois

À la fin du XVIIème siècle, Marc-Antoine CHARPENTIER crée une oeuvre majeure de la musique baroque, même si elle n'est véritablement reconnue comme telle que trois siècles plus tard environ ! Il est alors maître de musique (ou directeur musical) à l'église jésuite Saint-Louis de Paris, pour une bonne dizaine d'années au moins.

L'origine du Te Deum est floue, autant que son année de complétion, ramenée tantôt à 1692 pour la célébration d'une bataille en Belgique, ou quatre ans plus tard, en 1696, lorsque Louis XIV met un point final victorieux aux échauffourées des Français contre les Savoyards et les Piémontais de Victor-Amédée II, dit le Renard. Par défaut, c'est cette dernière date qui est conservée ici.

Dans tous les cas, la création de Marc-Antoine CHARPENTIER dure 20 minutes et se révèle d'un esprit glorieux proprement contagieux. Il considère la tonalité de ré majeur lumineuse et adaptée à un tel propos. Il est loin d'être le seul alors et c'est une chose que, là encore, les siècles de musique n'ont pas démenti, à travers de larges évolutions. Un ré majeur, c'est beau, ouvert, grandiose, et pourtant si simple !

Le Te Deum ("À toi, Dieu"), hymne chanté aux offices du dimanche depuis le début du Moyen-Âge, vers le Vème siècle après JC, peut s'adapter aux célébrations royales et, ainsi, à une forme de musique qui était encore considérée comme profane, il n'y a pas si longtemps, à l'époque de CHARPENTIER. Nous sommes en pleine période baroque, l'opéra a déjà presque un siècle d'âge ("inventé" par MONTERVERDI à travers son Orfeo), mais les motets, poèmes mis en musique, sont toujours à la mode. Le Te Deum appartient au courant versaillais, une forme nouvelle.

Un choeur comprenant un quatuor de solistes, basse, ténor(s), alto et soprano est désigné pour chanter les mélodies écrites avec grande justesse par le maître de musique, accompagné par un ensemble instrumental composé de cordes, flûtes/hautbois, cuivres, timbales et clavecin. J'ai choisi la version belge (Namur) dirigée par Jean Tubéry, jouée par l'orchestre Les Agrémens, spécialisé en baroque et classique, et complété par le Choeur de chambre de Namur, publiée en 2005.

Une interprétation sans faille, belle, limpide, qu'il s'agisse de la danse très marquée aux cuivres du "Pleni sunt coeli et terra" et son air fabuleux, autant que du "Dignare, Domine"/"Fiat misericordia", d'abord un duo soprano/basse doucereux et d'une grande élégance auquel est incorporé un orgue rare. Les voix solistes du Choeur de chambre de Namur sont idéales, les femmes se distinguent avec force sur le "Fiat misericordia", la basse n'est pas "agressive" comme on peut l'entendre sur d'autres versions, en témoigne le "Te Deum laudamus" dès le départ.

De même, l'orchestre, bien que mené à la baguette, révèle et mesure parfaitement les nuances. Admirable est la façon dont les trompettes caressent le "Tu devicto mortis aculeo", les flûtes et hautbois s'intercalent entre les voix sur le "Te aeternum Patrem", l'orchestre s'éveille dans son ensemble sur les "In te, Domine, speravi" et "Pleni sunt coeli et terra", soutient les strates vocales de l' "Aeterna fac cum"... Le sens de la composition de CHARPENTIER trouve, le long de ces 20 minutes et quelques, un éclat certain et égal tout du long. On aime la façon dont l'orchestre revient cavalièrement sur "Tu devicto mortis aculeo", et bien sûr, l'interprétation y est pour beaucoup.

Cela nous conduit à une autre danse, celle qui fait la popularité d'une telle oeuvre encore aujourd'hui, à savoir le "Prélude", ou "Marche en rondeau" ("Marche des trompettes" parfois). Une musique instrumentale gracieuse et enjouée, qui nous parle instantanément, pour peu que l'on apprécie l'univers baroque. La liberté d'interprétation est de mise, mieux qu'ailleurs au cours de l'oeuvre, car si cette marche reste légère quoiqu'il arrive, on l'entend souvent jouée de façon "boiteuse", quasiment syncopée et retombant plus lourdement sur les temps forts. Celle présentée ici garde un peu de ça grâce aux cuivres, mais sa fidélité aux notes en croches lui donne une allure plus "droite" et fort jolie. Aujourd'hui, elle aurait presque la texture d'une ballade folk...

C'est cette idée qui est reprise dès l'année 1953, après que le Te Deum a été retrouvé par le musicologue français Carl de Nys. Gravé sur disque la même année par l'Orchestre de chambre des Concerts Pasdeloup, le "Prélude (marche en rondeau)" est choisi trois ans plus tard pour thème d'ouverture de la première représentation du concours de l'Eurovision. Il l'est resté avec le temps, et est devenu un symbole ; beaucoup pensent d'ailleurs qu'il aurait dû supplanter l' "Ode à la Joie" de BEETHOVEN pour être l'hymne européen, au-delà du fameux télé-crochet.

Il est amusant de penser que L'Eurovision, avec tout le mal qu'on peut en penser et de sa qualité musicale qui, avec les années ne va certainement pas vers le haut, offre toujours le meilleur de lui-même à travers son thème d'ouverture. Le meilleur de l'émission, et de loin, qui rend France grande gagnante chaque année ! C'est ce qu'on appelle un tube vulgairement, et dont on n'arrive pas à se lasser, mais le reste du Te Deum de CHARPENTIER le suit de près à un tel niveau d'excellence !

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   MARCO STIVELL

 
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- Marc-antoine Charpentier (compositions, paroles)
- Orchestre Les Agrémens
- Choeur De Chambre De Namur
- Jean Tubéry (direction d'ensemble)


1. Prélude (marche En Rondeau)
2. Te Deum Laudamus
3. Te æternum Patrem
4. Pleni Sunt Cœli Et Terra
5. Te Per Orbem Terrarum
6. Tu Devicto Mortis Aculeo
7. Te Ergo Quæsumus
8. Æterna Fac Cum Sanctis Tuis
9. Dignare, Domine
10. Fiat Misericordia Tua
11. In Te, Domine, Speravi



             



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