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Marc-antoine CHARPENTIER - Sonate à Huit H.548 (ledroit) (1685)
Par CHIPSTOUILLE le 22 Mars 2016          Consultée 1665 fois

Nous sommes déjà remontés plus loin dans le temps sur Forces Parallèles (1), mais certains pourront s’étonner que la musique baroque n’ait été principalement parcourue qu’au travers de ses derniers représentants. On pourrait croire que le XVIIe siècle manque de tubes, nul n’ignore pourtant tel canon de PACHELBEL, tel Miserere d’ALLEGRI, ou l’obligée marche pour la cérémonie turque de LULLY dès que l’on évoque Louis XIV dans le moindre documentaire. Bien sûr, tout le monde connait également Marc-Antoine CHARPENTIER et son fameux Te Deum. Des œuvres sur lesquelles, espérons-le, nous prendrons le temps de revenir dans des chroniques dédiées.

L’histoire de la musique baroque remonte en effet, entre autres réformes de style, à l’invention de l’opéra au tout début du XVIIe. Les actuels plus célèbres compositeurs de l’ère baroque ont tous commencé à briller plus d’un siècle après. Nous reviendrons sur la genèse du genre, notamment au travers de l’Orfeo de MONTEVERDI, plus ancien opéra de l’histoire à nous être parvenu. Mais reprécisons tout de même que le bas-baroque vit éclore a minima 3 sous-genres bien distincts, reflets de leurs contrées respectives : la France, l’Allemagne (alors Saint Empire Romain Germanique) et bien entendu l’Italie (2).

Côté Français, on se démarqua par la proximité entre la danse et la musique. C’est ainsi que les œuvres étaient parcourues de mouvements succincts à chaque fois marqués par un rythme particulier. La suite orchestrale à la française survécut longtemps à la mort de Louis XIV et HAENDEL et BACH eux-mêmes continuèrent à en composer jusqu’à leur mort. L’autre point remarquable fut l’arrivée tardive de l’Opera italien dans le royaume à la fleur de Lys. Jean-Baptiste LULLY détenait le privilège des Opéras et avait décrété l’interdiction pour les autres d’en composer ou d’en donner à jouer. Ce n’est qu’à sa mort en 1687 que les autres compositeurs, CHARPENTIER compris, s’adonnèrent à l’exercice en toute liberté (3).

Mais l’unique « sonate à huit » de CHARPENTIER daterait de 1685 soit 2 ans plus tôt. C’est tout du moins ce qu’argumente Catherine Cessac dans son livre « Les manuscrits de Marc-Antoine Charpentier ». S’il ne s’agit pas là d’un opéra, il est tout de même question d’influences italiennes sur la musique française. Les sonates italiennes, genre qui venait de prendre essor sous l’impulsion d’Arcangelo CORELLI, jouissaient d’un certain succès en France. CHARPENTIER voulait alors prouver que ce succès était essentiellement matière d’exotisme. Il composa alors lui-même une sonate, dans le but de faire passer l’une de ses compositions pour italienne, et ainsi prouver ses dires. Ceci en ferait la première sonate Française de l’histoire. La supercherie ne fut apparemment pas révélée, ou tout du moins peu connue. François COUPERIN quelques années plus tard affirma avoir composé la première sonate française, avec une œuvre datée de 1690.

Etrange composition que cette sonate de CHARPENTIER, unique cas dans son répertoire. Il s’agit en effet plutôt d’une suite orchestrale « à la française », avec temps multiples et successions de mouvements courts, qu’il a tenté de grimer. Le style français vient pourtant bien s’enticher de ces « nouvelles » manières italiennes. CHARPENTIER ayant acquis ses compétences en Italie (le voyage avait été initialement entrepris pour devenir peintre !), sans doute avait-il des acquis solides lui permettant d’établir ce pont et duper son public. Malheureusement pour nous, pauvres auditeurs du futur, observer cette fécondation in-vitro plus de 3 siècles après les faits nécessite un solide bagage de connaissance pour entendre ses subtilités. Depuis, le haut-baroque est passé par là et les allemands ont fait bien mieux dans ce style instrumental mixte. Bien inoffensive de nos jours, la sonate de CHARPENTIER ne dispose pas des atouts mélodiques suffisants pour être un incontournable du répertoire. Il s’agit même d’une œuvre plutôt ennuyeuse, malgré sa genèse hors du commun.

(1) Vous trouverez a minima de la musique de la renaissance via quelques albums d’Angelo BRANDUARDI, un paquet de musiques traditionnelles remises au goût du jour et même de la musique de la Grèce antique.
(2) On m’excusera d’omettre William PURCELL et ses « masques » outre-manche, mais les affaires anglo-saxonnes n’ont finalement eu que très peu d’influence sur le continent jusqu’à la remarquable notoriété posthume d’HAENDEL à la fin du XVIIIe.
(3) CHARPENTIER écrivit tout de même son mini-opera Les arts florissants entre 1685 et 1686.

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- Henri Ledroit (direction)


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