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STONER  |  E.P

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2019 Introspecta

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2014 Jäger Blaster
2017 Brothers In The Skies

JäGER BLASTER - Jäger Blaster (2014)
Par WATCHMAN le 19 Mars 2019          Consultée 1202 fois

Besançon, l’an de grâce 2013. D’un local de répétition enfumé des abords du centre ville retentissent des sons lourds et bourdonnants, gavés de saturation et de dissonance. De ce magma électrique et encore tâtonnant s’apprête à jaillir une créature musicale hybride. Une espèce nouvelle née de la rencontre entre le metal de la tendance la plus lourde et grasse, et de tout une flopée d’influences diverses piochées du rock 70’s jusqu’à la musique contemporaine façon Philip Glass.
Mais Jäger Blaster, c’est avant tout la réunion de trois étudiants en musicologie faisant leurs classes au Conservatoire de la capitale comtoise, zicos aguerris chacun au sein de projets différents, et qui un jour en discutant se disent :

« Yo, t’as écouté le dernier album de Monster Magnet* ? Une tuerie.
─ C’est clair, il déchire !
─ OK les mecs, c’est vrai. Mais entre nous, le nouvel E.P. de Mars Red Sky** envoie clairement plus. Je nous vois bien faire un truc du même genre, mais à notre sauce quoi.
─ Pas con… Bon ben, on voit ça à la prochaine répèt’ ! »

Ignorant les modes, ne suivant que ses envies dans le but premier de se faire plaisir en créant la musique qui lui plaît, le trio s’enferme une à deux fois par semaine dans un local de répétition squatté à tour de rôle par la moitié des combos rock de Besançon, pour travailler ses automatismes et élaborer ses premières compositions.
Voilà grosso modo comment Jäger Blaster a vu le jour, pour arriver à l’élaboration de leur premier E.P. éponyme qui fait l’objet de cette chronique.

Du haut de ses 9 min 30, c’est à Technicolor que revient la lourde tâche d’ouvrir le bal. Une intro ambiante façon rock progressif, à mi-chemin entre Frank Zappa et Devin Townsend, et sur laquelle viennent se greffer de subtiles notes de clarinette avant que les riffs lourds ne tombent comme des couperets pour ne plus lâcher la rythmique jusqu’à la fin. Celle-ci donne d’ailleurs le ton général du disque. Gras, mais empli d’un groove très typé Gojira et rehaussé sur ce premier morceau de chœurs et harmonies vocales bien senties exécutées par le bassiste.
Véritable hommage à Kyuss et au style de jeu popularisé par Josh Homme, Blues For The Deaf prend la suite en attaquant par un riff faisant immédiatement penser à une version ralentie de Green Machine, titre présent sur le second album des rois du desert rock. Pour schématiser : Blues For The Red Sun (de Kyuss) + Songs For The Deaf (de QOTSA) = Blues For The Deaf (de Jäger Blaster) et voilà comment on adresse un joli clin d’œil en signe de gratitude envers le maître. Vous suivez toujours ? Bien ! Cette parenthèse comparative refermée, nous avons affaire ici à un titre très convaincant, dont la sonorité lourde et rythmée deviendra la base du son du groupe par la suite.
A Song est elle aussi une composition dans le plus pur style stoner. Sur les parties les plus rapides, le batteur Maxime Gilbert y développe une rythmique jouant sur les contretemps que n’aurait pas reniée Brant Bjork. De loin le titre le plus direct et heavy de l’opus.
Avec Stoned (encore un titre hommage au style), le trio réussit le petit exploit de créer un véritable single stoner. Tout y est : riff mémorisable, parties de chant accrocheuses, break planant et vaporeux hyper bien senti avant une reprise pachydermique pour te finir bien comme il faut, et voilà 6 minutes parfaites qui t’exploseront la tronche à chaque fois dans les règles de l’art. Et le pire c’est que si tu es amateur de ce style tu réenclencheras la lecture aussitôt tellement c’est bon. Une composition qui n’a d’ailleurs plus quitté leurs setlists live depuis.
L’E.P. s’achève sur The End. Ça ne s’invente pas, même si The Doors l’avaient déjà fait en 1967 (et après eux sûrement toute une ribambelle de groupes que nous ne citerons pas ici). Composition étrange, à l’atmosphère baignant entre le post rock et des relents de doom sabbathiens, totalement instrumentale dans sa forme à l’exception d’un sample cinématographique à l’ambiance très décalée (je vous laisse le loisir de découvrir son contenu à l’écoute du disque). Elle vient clore ce premier essai de façon très inattendue et matérialise les influences contemporaines que le combo est capable d’intégrer à sa musique.

Entre hommage appuyé au stoner et jaillissements hétérogènes d’idées personnelles, ce premier E.P. de Jäger Blaster est avant tout le reflet d’un groupe qui se cherche encore. De bonnes, voire même d’excellentes choses, mais qui mieux ordonnées et avec un véritable fil directeur auraient assurément gagné en efficacité. Si je devais le mettre en parallèle avec un disque du même style, je citerais Wretch, le premier album de Kyuss. Tout simplement pour la jeunesse des membres à l’époque, le côté encore un peu brouillon mais traversé par intermittence de petits éclairs de génie, et aussi parce que tout comme pour le combo de Palm Desert la suite allait s’avérer encore meilleure…
En résumé un opus de jeunesse, pas particulièrement accessible au premier abord, mais qui a eu le mérite de mettre sur les bons rails une formation qui compte à l’heure actuelle au sein de la scène metal franc-comtoise.

Morceau préféré : Stoned.


* Last Patrol, paru en 2013.
** Be My Guide (E.P.), paru également la même année.

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   WATCHMAN

 
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- Jeff (chant, guitare)
- Nicolas (basse, clarinette sur piste 1)
- Maxime (batterie)


1. Technicolor
2. Blues For The Deaf
3. A Song
4. Stoned
5. The End



             



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