Le retour du CELTIC SOCIAL CLUB marque une nouvelle césure dans son histoire, avec le départ de Jimme O’Neill, l’ancien membre des SILENCERS qui laisse sa place à Dan Donnelly. L’Irlandais remplace donc l’Ecossais ; il a joué avec WATERCRESS, un groupe acoustique de Belfast, sa ville natale dans les années 90, avant de tenter une carrière solo et travailler pour des collectifs tels que JOY ZIPPER, OYSTERBAND…

Si le grain de folie vocale n’est pas aussi marqué que pour O’Neill, on remarque une certaine proximité dans les timbres, d’autant plus plaisante que Donnelly préfère user de notes graves, selon les morceaux. On parle de chant naturel bien sûr, car à côté de cela, le groupe se fait une joie de travailler les effets vocaux de diverses sortes à travers From Babylon to Avalon, un troisième album hautement coloré à son tour.

La suite "Black is the Colour"/"Black Lives" est révélatrice de ces choix, enchaînant un blues inventif où la voix de Donnelly se trouve déformée à loisir, après un début negro-spiritual traditionnel où apparaît une chorale pour la reprise d’un standard parmi les standards. La musique change peut-être, on le ressent, avec moins de reggae (deux morceaux sont concernés) mais pas moins festive, et surtout, pas moins bonne !

Les uilleann pipes de Ronan Le Bars sont l’instrument conducteur et dominant, souvent couplées avec le violon de Pierre Stéphan pour des compositions assez grandioses, à l’image de "Pauper’s Funeral" et son énergie chaleureuse, parfaite pour les concerts. La rythmique étouffée et l’harmonica donnent un ton dance "maison" plutôt bien taillé pour ce chant guerrier. "Ok Let’s Go" est un autre bel exemple de communication joyeuse avec le public, grâce à son orientation antillaise rafraîchissante et inspirée.

Entre le calypso-rock et le reggae des débuts, on pense toujours et comme avant aux CLASH, ce qui tombe à point pour le morceau dédié au regretté Joe Strummer, dont on entend même la voix directement. Une ballade folk reggae de caractère, garnie de solos divers : uilleann pipes, guitare slide, harmonica… "Sunshine", dans un ton pop plus aérien, ouvre l’album avec une profondeur tout à fait appréciable, banjo, chant grave, arpèges de 12 cordes électrique pour des frissons garantis.

Entre le punk celtique de "Dead End" et une "Black Lives" tout ce qu’il y a de plus gaélique, sans oublier l’instrumental "Buffalo" et l’épique "Santiago", superbe également, il y a toujours une volonté de la part du CELTIC SOCIAL CLUB de prouver son aisance dans divers genres. Un cocktail musical préparé au gré de l’inspiration, qui change parfois d’ingrédients, de membres, mais dont la recette demeure franchement bonne, autant que goûteuse. Merci, une fois encore, à ces talentueux musiciens qui ne mâchent pas leur potentiel créatif.

Un vrai plaisir que ce From Babylon to Avalon, arrivé judicieusement en cette fin d’avril, pour accompagner la belle saison, en attendant les festivals !